Tennis. Interview - Gabriel Debru : "Le travail m'a permis de remonter la pente..."
Gabriel Debru n'a que 18 ans mais est déjà installé sur le circuit secondaire. Vainqueur de son premier Challenger en juillet du côté de Troyes, il a ensuite confirmé à Côme en Italie, lui permettant de s'installer dans le Top 300. Sous les ordres, entre autres, de Ricardo Piatti, ancien mentor de Jannik Sinner, le Français a passé un cap malgré un début de saison difficile. Pour Tennis Actu, il s'est confié sur cette saison particulière, où il a dû apprendre à changer quelques aspects de son jeu, ce qui a nécessité du temps. Ce mardi soir, il affrontera Lucas Pouille au premier tour du Challenger de Mouilleron-le-Captif en Vendée. Un derby qui s'annonce explosif.
Vidéo - Gabriel Debru au micro de Tennis Actu avant l'Open de Vendée
"Être heureux sur le terrain, c'était compliqué en début d'année"
Tu es dans l'année de tes 19 ans. Il y a eu des hauts et des bas cette saison. Comment te sens-tu ?
Ça a plutôt commencé par les bas, puis les hauts (rires). Non, je me sens plutôt bien. C'est une saison relativement longue avec beaucoup de tournois. Il faut bien gérer les moments pour s'entraîner, ceux pour se reposer et d'autres pour les tournois. J'apprends encore sur cela. Je viens de faire deux très bonnes semaines de préparation sur dur. Je me suis bien senti. Ça m'a permis de prendre du temps pour travailler physiquement aussi, car en tournoi, on s'entretient physiquement mais on ne progresse pas forcément. Je me sens bien et heureux.
As-tu senti une évolution dans ton jeu entre le début de saison et maintenant ?
Oui, on sent la différence. Ça se ressent par le plaisir du jeu. Être heureux sur le terrain, c'était compliqué en début d'année. Parfois, on perd ses sensations et même l'envie de jouer. On ne se sent pas bien, on est à l'autre bout du monde. Ce n'est pas évident. Il faut trouver la motivation. Le travail, c'est ce qui m'a permis de remonter la pente et bien me sentir depuis juin. Sur la confiance, on voit qu'à Roland-Garros je perds 7-6 au dernier set, un tie-break c'est rien du tout dans un match... parfois ça se joue à rien mais ça a tourné un moment. Je me suis ensuite senti de mieux en mieux. Le fait d'avoir gagné mon premier Challenger, cinq matchs de suite, ça met dans une dynamique de confiance où tu vas oser faire des choix que tu ne faisais pas avant. La semaine d'après Troyes, j'ai gagné Uriag, je pouvais jouer sans me poser de questions.
"Je ne suis pas reconnu pour mes pétages de plomb..."
En Pologne, une vidéo a tourné où tu t'es énervé après un break subi en fin de match. As-tu un fort caractère ?
Pas forcément. Je ne suis pas reconnu pour mes pétages de plomb sur le circuit. Ça arrive d'avoir des moments comme cela, quand on perd 3 points d'affilée au filet, et qu'on est défait. Je pense que c'est cela pour tout le monde, même si certains arrivent à le garder pour eux. Je menais 4-1 donc c'était frustrant. Je ne suis pas quelqu'un de nerveux, mais joyeux et fun. J'aime bien rigoler avec mes amis, ne pas me prendre la tête, faire les choses que j'aime faire. Ça permet de bien me sentir sur le terrain et m'amuser. Pas forcément à 4-4 0-40 quand je rate trois volées, mais la plupart du temps, je m'amuse énormément.
Gabriel Debru a perdu ses nerfs en Pologne : "Je me dis d’aller au filet mais ça sert à quoi ? J’ai une volée en bois ! […] Je suis censé être frais mentalement mais j’ai envie de tout casser !" #Debru #GabrielDebru pic.twitter.com/Co2YuegIFk
— TennisActu (@TennisActu) September 13, 2024
"Je pensais que le tennis se jouait comme on voulait, avec la passion et le talent mais non"
Tu es avec Ricardo Piatti depuis le début de la saison. As-tu modifié la manière de t'entraîner, certains aspects de jeu ?
Ça se passe hyper bien. J'ai une structure de coachs, il n'y a pas que Ricardo Piatti, le coach principal. Luca Vanni et Gianluigi Quinzi sont aussi là, puis Leandro M. A. Mosconi et Dalibor Sirola préparateurs physiques. J'ai changé presque toute ma technique en coup droit, c'était très compliqué en début d'année. Quand on te change ton coup droit, tu n'as pas confiance en ce coup. A l'entraînement, c'est robotisé mais on peut perdre confiance en son coup en match. Petit à petit, je me suis habitué, en faisant des sets d'entraînement. J'ai aussi changé mon service, ainsi que mes qualités physiques. J'ai pu jouer deux matchs en une journée, tout en me sentant bien.
En Italie, ce n'est pas la même version du tennis. Je l'ai compris cette année. Je pensais que le tennis se jouait comme on voulait, avec la passion et le talent mais non, il y a bien plus de tactique qu'on ne le pense. Je pensais moins sur le terrain, mais la tactique a une importance incroyable sur les choix que l'on fait sur le terrain. C'est hyper intéressant.
Tu comprends donc pourquoi le tennis italien est de plus en plus representé dans le Top 50, 20...
Oui. Quand je vois les joueurs s'entraîner à l'académie, à côté de Monaco, c'est impressionnant de voir la densité et la rigueur de travail. La méthode Piatti ne représente pas tous les Italiens mais c'est une méthode franchement bonne, et que j'adore.
Back on hard 🔜 @OpenVendee �'�🼠pic.twitter.com/NjQfSV0FuC
— Debru Gabriel (@gabriel_debru) September 27, 2024
"Quand on voit jouer Richard Gasquet ou Lucas Pouille, c'est imposant"
Tu vas jouer Lucas Pouille à Mouilleron, Richard Gasquet est présent aussi. Demandes-tu des conseils à ces joueurs ?
C'est assez compliqué en tournoi car on est dans notre bulle. Mais ces joueurs ont tellement d'expérience qu'à l'entraînement, on prend les conseils, bien évidemment. Quand on joue un tournoi, on veut le gagner donc on ne va pas leur parler. Chacun fait son propre chemin et sa propre expérience. Certains nous aident et accompagnent mais en tournoi, chacun a ses chances de gagner donc on ne se donne pas d'indications.
À 18 ans, ça ne t'impressionne déjà plus de cotôyer de grands joueurs ?
Si. Quand on voit jouer Richard Gasquet ou Lucas Pouille qui ont été top 10, c'est imposant. Mais il faut s'y faire pour se créer un chemin parmi ces noms. Il faut apprendre d'eux en les regardant. C'est toujours imposant mais je m'y suis habitué depuis 1-2 ans. L'objectif maintenant est de les jouer et de les gagner, pour faire les meilleurs résultats.
"Le but des Challengers est de jouer des matchs référence, pas gagner de l'argent"
A Côme, tu devais jouer Kei Nishikori mais il a déclaré forfait. Etais-tu content de passer sans jouer ou frustré de ne pas l'affronter ?
Mon coach Ricardo était défait, même si je suis passé. Les Challengers sont faits pour nous faire évoluer, pas pour nous faire gagner de l'argent. Le but est de jouer des matchs référence, qui vont nous servir. A la fois, j'étais content d'être en demi-finale, et à la fois, non car j'aurais aimé jouer un joueur comme ça, me confronter, voir mon niveau, en sachant qu'on a fait des sets d'entraînement accrochés les jours précédents. Ça aurait fait un bon match. Quand on voit les résultats qu'il a maintenant, il a beau avoir arrêté un an ou plus, il joue toujours très bien au tennis.