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Tennis. ITW - Germain Roesch, son projet : "La FFT doit mieux servir les clubs"

Par Tennis Actu le 24/09/2024 à 18:08. Mis à jour le 29/09/2024 à 07:22.
ITW
Photo : @TennisActu / TennisActu.net / @FFT

Germain Roesch sera-t-il le nouveau président de la Fédération Française de Tennis le 14 décembre 2024, date de l'assemblée générale élective ? L'actuel président de la ligue Île-de-France, officiellement candidat depuis le 19 juin, compte bien convaincre les présidents de clubs, de ligues et les comités de croire au projet qu'il incarne : "Les clubs ! Au cœur de notre engagement". Ce mardi, Germain Roesch a accordé un long entretien à Tennis Actu, à la mairie de Saint-Maur-des-Fossés, où il est adjoint depuis 2020. 

Vidéo - Germain Roesch, candidat pour être président de la FFT...

Souriant, détendu mais aussi déterminé, le natif de Colmar, âgé de 65 ans, soutenu par Jérémy Chardy et Nathalie Tauziat, a pu présenter dans son bureau son programme mais aussi se dévoiler et évoquer ses désaccords avec Gilles Moretton, actuel président de la FFT, qu'il avait pourtant soutenu avant de rejoindre les "déçus". "Nous avons un besoin urgent que tout le monde parle en bien de la FFT et que cette fédération soit une fédération de clubs". ENTRETIEN. 

 

Il s'appelle Germain Roesch et veut prendre la place de Gilles Moretton à la tête de la présidence de la FFT

Tout le monde ne vous connaît pas encore. Qui est Germain Roesch ?

Vous avez raison, je souffre d’un manque de notoriété. Je suis provincial, Alsacien. Je suis né à Colmar où j’ai grandi jusqu’à mes 20 ans. J’ai bougé ensuite en région parisienne pour des raisons professionnelles. Je suis depuis 42 ans dans le Val-de-Marne. J’ai 65 ans. Je suis marié, j’ai deux enfants. Mes enfants m’ont fait connaître le tennis car je viens du sport co’ (Ndlr collectif). J’ai pratiqué le basket en catégorie de jeunes. Je jouais au niveau régional. J’ai touché aussi au cyclisme. J’étais champion d’Alsace sur piste et j’ai pu faire le championnat de France.

 

Pourquoi être candidat à la fédération française de tennis et pas à celle de cyclisme ?

Ça remonte à tellement longtemps, j’ai une plus grande connaissance du milieu du tennis désormais. Je continue à suivre le cyclisme bien sûr. J’ai connu le tennis grâce à mes enfants. Ma femme joue également. Moi, j’ai un niveau qui est celui de beaucoup de pratiquants. Je prends du plaisir mais je n’ai jamais eu le temps de m’intégrer à la compétition. Deux ans après avoir découvert un club, je me suis intéressé à la vie associative en intégrant le comité directeur, j’en suis devenu le vice-président puis le président. Je n’ai pas la prétention de connaître le tennis sous toutes ses facettes mais le club, oui ! J’ai découvert les instances fédérales en devenant trésorier de la Ligue Val-de-Marne. J’ai ensuite pris la présidence du comité du Val-de-Marne. J’ai désormais la chance et le privilège d’être président de la Ligue Ile-de-France. Je suis Francilien. La spécificité, c’est que l’on a de très gros clubs mais aussi des petits clubs sous les 100 licenciés. On a toutes les typologies de club. Je ne suis pas Parisien. L’Ile-de-France, ce sont les huit départements.

 

Vous étiez un soutien du président actuel. Pour quelles raisons avez-vous été déçu par Gilles Moretton ? A quel moment lui avez-vous tourné le dos ?

Ce n’est pas Germain Roesch qui décide d’aller à la conquête de la présidence de la Fédération Française de tennis. Il y a aujourd’hui des centaines de présidents de clubs, de ligues et de comités qui ont rejoint le mouvement. Il y a aussi des salariés de clubs, d’anciens joueurs et d’anciennes joueuses. Le mouvement est né il y a neuf à dix mois. C’est avant tout une démarche collective. Le collectif « Les clubs, au cœur de notre engagement » m’a demandé d’incarner le collectif pour aller à la conquête de la FFT.

 

"Nous sommes en très bonne position pour prétendre à la victoire nationale"

Comment avez-vous été convaincu ?

C’est avant tout une aventure humaine. J’avais demandé à réunir deux conditions : avoir la bonne équipe, des individus qui cochent certaines cases pour que le collectif lui-même coche des cases nécessaires, et ensuite avoir une vraie chance de gagner. Nous sommes en très bonne position pour gagner un certain nombre de comités régionaux, de ligues régionales, et de pouvoir prétendre à la victoire nationale.

 

Pouvez-vous résumer en trois points votre programme ?

Le premier, notre soutien au club. L’objectif est dès janvier de lancer un audit sur le plan national de l'état des infrastructures des clubs en métropole et outre-mer. Quand je parle d’audit, c’est comprendre l’état des terrains, des courts, des pistes de padel, du beach-tennis, et aussi un audit des espaces de vie. Le club a un rôle social à jouer. L’espace de vie permet aux gens de se retrouver, de se rencontrer. C’est aussi essentiel pour un club. Cela nous permettra d’établir une cartographie de priorités en termes d’investissement et ensuite faire un plan d’investissement. C’est essentiel. Aujourd’hui, on définit une enveloppe et ensuite elle est répartie pour les ligues et ensuite les ligues font du mieux possible. On souhaite faire l’inverse. Partir des besoins du club, définir les travaux à faire, et ensuite établir le budget. Roland-Garros génère de plus en plus de liquidités qui nous permettront d’atteindre nos objectifs pour les clubs.

 

"Remettons en cause la manière de former les jeunes filles et les jeunes garçons"

Aujourd’hui, les clubs sont lésés selon vous ?

Non, ce n’est pas qu’ils sont lésés. Aujourd’hui, on définit un montant et ensuite tout descend vers les ligues puis les clubs. On parle aussi de moyens supplémentaires à mettre à disposition des comités départementaux. Aujourd’hui, 95% des installations utilisées par les clubs sont des installations municipales, détenues par des collectivités locales ou territoriales. Donc, soutien aux clubs, moyens financiers supplémentaires pour les comités départementaux avec des compétences et expertises mises à disposition.

Le deuxième point : les résultats ne sont pas là. On a eu quelques belles réalisations à Wimbledon. Mais, dans les autres tournois, on n’a quasiment pas vu les joueurs français. On a vu les JO, des disciplines qui étaient peu médiatisées et qui ont progressé. Le BMX par exemple. Les licenciés ont été augmentés par 2,5 après le podium français. Le tennis de table, avec les frères Lebrun, on voit la queue dans les clubs. La vitrine permettra aux clubs d’avoir plus de pratiquants. On ne dit pas que nous avons la recette pour former le futur gagnant de Roland-Garros. Mais, remettons en cause la manière de former les jeunes filles et les jeunes garçons.

 

"Ivan Ljubicic… Le signal qu’on envoie aux entraîneurs français, c’est : « vous n’avez pas le niveau »"

Avec vous, Ivan Ljubicic ne serait plus en place ?

Alors… C’est un autre thème. Ivan Ljubicic a montré qu’il a été un grand joueur et un grand entraîneur. Avant de parler d’Ivan Ljubicic, aujourd’hui, nous avons un chemin qui amène les jeunes vers le haut-niveau, ce sont les pôles nationaux. On ne veut pas supprimer les pôles nationaux. Mais, à partir du moment où c’est un projet familial, si ce projet peut durer, grandir, évoluer et que le jeune est en zone de confort mais aussi se sent capable de progresser, laissons-le ou laissons-là dans ce projet. Plutôt que de dire, « tu es dans le Top 3 ou Top 4 national, on va t’arracher de cette structure alors que tu pourrais continuer à grandir. Il faut raisonner par rapport au joueur mais aussi à l’entraîneur. On va dire « tu as fait du super boulot avec le jeune depuis sept ou huit ans, mais la suite tu ne sauras pas la faire ».

Ce qu’on souhaite mettre en place, c’est un collectif national avec des entraîneurs de clubs, de comités, de ligues, de la DTN, qui pour la plupart d’entre eux passent de moins en moins de temps sur le terrain. Ils sont dans la gestion et l’administratif et ne demandent pas mieux que de retrouver le terrain. On peut imaginer avoir des entraîneurs libéraux, d’académies. La DTN se mettra comme pilote mais tout en acceptant de redistribuer la manne financière, y compris vers les clubs. Si un club met à disposition un entraîneur, le club perd de l’argent. Le coach fait aussi fi d’un certain nombre de revenus. Il faudra indemniser l’entraîneur mais aussi le club qui participe à la progression de la jeune joueuse et du jeune joueur. On souhaite créer un comité d’anciens joueurs pour conseiller et analyser la progression des projets. Typiquement, Ivan Ljubicic pourrait faire partie de ce comité. On peut avoir des joueurs étrangers qui veulent participer à ce collectif. Il ne faut pas oublier d’anciens champions d’autres sports. Pourquoi s’en priver ?

Ensuite, concernant Ivan Ljubicic… je ne suis ni là ni qualifié pour le juger. En revanche, mettez-vous à la place des entraîneurs français. Le signal qu’on envoie aux entraîneurs français, c’est « vous n’avez pas le niveau ». C’est un très mauvais signal. Pourquoi Jérémy Chardy nous a rejoints ? Il a participé à l’élaboration du projet pour la préparation au haut-niveau. Jérémy n’est pas passé par les pôles nationaux. Il a grandi dans un club, dans un comité, une ligue puis une académie privée. Les académies ne sont pas des concurrentes mais potentiellement des partenaires dans le cadre des projets. Quand Jérémy a intégré l’académie, il était Top 30. Il est un apport considérable, comme Nathalie Tauziat. Elle est d’une autre génération, donc complémentaire. Nathalie a été numéro 3 en simple et en double. Elle a de nombreux titres, une finale de Wimbledon. Elle est en charge de projets depuis de longues années au Canada. Elle apporte son expérience à l’étranger.

 

"Quand on veut prendre la présidence de la FFT, il faut s’entourer de gens qui ont la crédibilité et la légitimité nécessaires"

Ce serait quand même une vraie révolution votre projet ?

Oui, c’est un gros chantier. Quand on veut prendre la présidence de la FFT, il faut s’entourer de gens qui ont la crédibilité et la légitimité nécessaires. J’ai toujours fonctionné comme ça. J’ai fonctionné comme ça en tant que dirigeant d’entreprises françaises ou étrangères. On a eu du succès car j’avais des personnes qui étaient excellentes dans leur domaine respectif. J’avais les experts autour de moi et c’est comme ça qu’il faut fonctionner à la FFT, même si ce n’est pas une entreprise. Pour la FFT, il faut une équipe mais aussi un président avec une stratégie, une vision, et la mettre en musique. Il faut que cette stratégie soit challengée et acceptée par tout le monde. Tout le monde doit être dans le même bateau. Il faut les bonnes personnes aux bons endroits et qu’ils acceptent les objectifs fixés et qu’ils se sentent à l’aise.

 

Tout cela pour avoir des résultats, même si la France est très représentée dans le Top 100.

Oui… dans une interview de Mats Wilander sur le tennis américain, il explique que le projet de base est celui familial. Aux USA, ils ont un centre d’entraînement en Floride qui est un centre de rassemblement car la quasi-totalité des projets sont individualisés. Quand on parle du tennis français, nous avons une dizaine de joueurs dans le Top 100, c’est plus difficile chez les femmes, mais regardez où sont placés les Américains et les Italiens… Le souci est aussi ailleurs. La FFT n’a pas tous les ingrédients pour amener un joueur vers un sacre en Grand Chelem. En revanche, elle doit tout mettre en œuvre pour l’accompagner le plus longtemps possible.

 

Quel est le troisième point de votre projet ?

Les bénévoles. Si, demain, les bénévoles diminuent en nombre, on a un risque que le tennis passe de l’associatif au privé. Est-ce que c’est ce que nous voulons ? Je ne pense pas. Il faut tout mettre en œuvre pour préserver ce modèle associatif et que les bénévoles soient reconnus et valorisés. Nous voulons créer un projet de loi avec d’autres fédérations visant à faire reconnaître les bénévoles et valoriser leur engagement sous différentes formes. Droit à une formation supplémentaire, retraite complémentaire, défiscalisations… C’est un projet en cours. Ils ont pris conscience de l’importance de ce projet. Ce point-là ne pourra pas être mis en place tout de suite. C’est un projet d’une mandature.

 

"Je suis déçu de Gilles Moretton, mais je ne l’attaquerai pas"

Vous avez dit que la présidence de Gilles Moretton vous avait déçu. Pourquoi ?

Je suis déçu de la façon dont a été déployé le programme. Le fonctionnement est éloigné de ce qui était promis. Je suis déçu de la personne, mais je ne l’attaquerai pas. Aujourd’hui, je préférerais qu’on parle de la FFT grâce aux résultats et de ce qui est mis en œuvre plutôt que les articles que nous lisons tous depuis quelque temps. Nous avons un besoin urgent que tout le monde parle bien de la FFT et que cette fédération soit une fédération de clubs. Ce n'est pas aux clubs d’être unis pour la fédération mais c’est à la fédération de servir au mieux les clubs.

 

"La FFT a besoin d’un leader mais aussi d’un patron"

Vous n’êtes pas favori. Comment inverser la tendance et convaincre les présidents de clubs, dirigeants de ligues et de comités ? Comment convaincre que vous êtes la bonne personne pour gérer la FFT ?

Ma réponse n’est pas individuelle mais collective. Aujourd’hui, je suis vraiment fier et je me sens privilégié d’être entouré par des femmes et des hommes qui cumulent de l’expérience mais aussi des compétences et de l’expertise. Je pense que nous sommes équipés et outillés pour prendre la présidence de la Fédération Français de Tennis et surtout de la transformer en profondeur avec des salariés motivés, fiers, avec des objectifs, et qui viendront chaque jour avec l’envie de mieux servir les clubs. D’autre part, je me définis comme un dirigeant, quelqu’un qui sait mobiliser des ressources, rassembler des hommes et des femmes autour d’un projet. La FFT a besoin d’un leader mais aussi d’un patron. Ma définition d’un leader, c’est quelqu’un qu’on a envie de suivre, ma définition du patron, c’est quelqu’un avec qui on a envie de travailler.



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