Tennis. ITW - Jo Tsonga : "Le Masters de Londres, mon objectif"
Par Clémence LACOUR le 18/10/2015 à 19:44
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Jo-Wilfried Tsonga n'a pas perdu de temps cette semaine à Shanghaï. Entre deux avions, il a réussi à décrocher ce qui aurait paru être la lune il y a encore peu de temps : une finale d'un Masters 1000, et un possible ticket pour le Masters de Londres. De quoi faire décoller son optimisme sur la suite de sa saison et celle qui est à venir, malgré sa défaite face à Novak Djokovic.
Jo, même s'ils ne sont pas nombreux à avoir battu Novak Djokovic cette année, j'imagine qu'il y a de la déception quand même ?
C'est certain, il y a de la déception. J'aurais préféré lui donner encore plus de fil à retordre, maintenant, c'était compliqué. Il jouait vraiment très très bien. Mais aujourd'hui, je ne pouvais pas donner beaucoup plus. J'ai donné ce que j'avais à donner. Dans le premier set, ça a défilé assez vite. Il retourne vraiment tout. Dès le début, le rythme n'est pas évident à tenir. Dans le second set, j'ai beaucoup mieux servi. Ca m'a permis de le faire douter un tout petit peu mais finalement, je m'incline sur un break à 4-4. C'est dommage, car avec un peu plus d'énergie, j'aurais pu l'embêter un petit peu plus mais ce n'était pas facile aujourd'hui.
Un petit regret sur ce jeu à 4 partout ? Nous vous avons vu parler à l'arbitre : est-ce que vous auriez voulu challenger ?
Eh bien je ne sais pas trop. Je ne sais pas si elle est bonne ou si elle est faute. Je ne sais pas trop car j'ai regardé le match hier, et lorsque je lui demandais : "C'est sûr ?", il me répondait : "Oui oui, c'est sûr." et en regardant les images, j'ai vu qu'il avait tort à chaque fois. (rires) Du coup, hier, ça aurait pu me coûter vraiment très cher. Aujourd'hui, j'étais donc un peu hésitant. C'est de ma faute. Aujourd'hui, j'aurais dû challenger, au moins j'aurais été sûr au lieu de rester sur cette interrogation : peut-être qu'elle était bonne ?
Mais le plus dur face à lui, c'est de tenir ce combat du fond du court ? Dans le deuxième, vous vous êtes accroché pour rester au contact mais avez-vous l'impression qu'il faut faire vraiment beaucoup d'efforts pour seulement rester au contact ?
Non, j'avais moins d'énergie aujourd'hui, alors j'essayais de bien bouger pour être dedans, de m'activer pour ne pas être trop lymphatique et être mou. Ce n'était pas évident : je n'avais pas beaucoup d'énergie au service, et lui, c'est quand même le meilleur retourneur du monde. Si je n'ai pas la vitesse ni un bon pourcentage de premières balles, la balle revient tout le temps longue. Lui, il joue extrêmement plat et extrêmement long. C'est difficile de le déborder.
Même si vous avez fait mieux aujourd'hui que la plupart de ses adversaire, puisque 6-2 6-4, c'est mieux que la plupart de ses adversaires, n'y a-t-il pas tout de même un sentiment d'impuissance? Vous servez à 200 km/h et vous vous prenez des retours incroyables...
Mais justement, servir à 200, ça ne suffit pas. L'autre jour, j'étais entre 215 et 220 sur le radar ici. Je pense qua ça vaut un bon 235 ailleurs car le radar ici, il n'est pas très facile. Mes armes, ici, c'est de le perturber en gagnant mon sercvice et, sur ses jeux de service à lui, de changer le rythme, de jouer un peu au bluff, parce qu'en cadence, il est plus fort que moi, et que ça ne sert à rien que je lutte avec lui dans ce secteur de jeu.
Au retour, vous n'avez pas réussi à prendre beaucoup de points. On le juge un peu mal, le service de Novak Djokovic, on le sous estime un peu ? Car il est tout de même très efficace.
Eh bien, déjà, il est très grand. Certes, il est longiligne, mais il est quand même grand, donc le service tombe d'assez haut et il va vite. Il est tout en timing, un peu comme Roger Federer. Ils ont des services qui vont vite, et ils savent servir partout. Ils touchent pas mal de zones, et en plus, ils ont un bon pourcentage. Ce sont des joueurs qu'il n'est pas facile de retourner.
Vous qui l'avez affronté 20 fois, où pensez-vous qu'il ait le plus progressé, de façon incroyable, au cours de ces années, parce qu'il est quasiment intouchable ?
Je pense qu'il a progressé en coup droit, vraiment. Il est capable de changer de rythme, ce qu'il faisait un peu moins bien avant. Il est aussi très sûr au niveau de sa volée. Ca ne le dérange pas d'enchaîner vers l'avant et de venir conclure les points au filet, alors qu'avant, il était un peu plus hésitant avant de monter.
Cette place de neuvième à la Race, que signifie-t-elle pour vous ? Il n'y a pas si longtemps, c'était inespéré d'être en course pour le Masters, et là, tout à coup, ça ne devient pas impossible.
Je ne sais pas où j'en suis exactement, mais c'est génial. Je suis vraiment content. Tout ce que je peux, je prends. J'avoue que venant d'où je viens, c'est une très bonne semaine dans un processus positif où je vais continuer à jouer, à gagner des matchs, à préparer la saison prochaine. Si je vais au Masters, tant mieux. Je serai d'autant plus heureux que cette saison n'a pas été évidente. Après, je vais bien me préparer pour attaquer l'année prochaine. Toutes les semaines qui viennent, ce n'est que du positif. Je suis super content d'aller jouer à Bercy, je suis super content d'aller à Vienne. S'il y a un Masters, je serai très heureux, évidemment, au même titre que je serai très heureux d'aller en vacances pour souffler un peu, au même titre que je serai très heureux de reprendre l'entraînement derrière. Vraiment, je me régale bien.
Là, vous êtes sans doute un peu fatigué. Allez-vous la jouer à fond la course au Masters ?
Ah ! Mais je pense que ça vaut le coup de jouer à fond pour aller au Masters ! Le Masters, c'est aussi la possibilité pour moi de prendre des points, d'aller grapiller des points, et, si je joue très très bien d'ici au Masters et pendant le Masters, de grapiller une ou deux places encore pour me permettre d'être une tête de série lors de l'Australian Open. Ca vaut vraiment la peine pour moi de rester dedans et de me battre jusqu'au bout pour bien jouer, tout simplement.
Vous arrivez en bonne forme au moment où les tournois se jouent en indoor, votre surface préférée, comme à Bercy...
Oh ! Je pense que si j'avais été en forme comme ça, où que ce soit, ça se passerait bien. C'est sûr que c'est une période que j'aime bien, dans laquelle je joue des tournois que j'apprécie. C'est sûr que je ne peux pas rêver mieux.
Quand vous êtes en bonne santé comme ça, est-ce que vous capitalisez ?
Mais à mort ! Quand je suis bien, je capitalise ! J'espère avoir évolué dans ma façon de gérer le doute et que cette fois-ci il n'y aura pas de gros coups d'arrêt afin d'enchaîner les semaines et les mois de compétition en étant tranquille.
Et votre préparation hivernale ?
J'en ai fait des préparations : des préparations hivernales, des préparations d'été... Mais l'hiver, ça permet de couper un peu ce rythme avec les compétitions, de la course aux résultats, de la course à la forme, la course tout le temps. La course pour attrapper les avions : je me vois piquer des sprints derrière les Boeing pour avoir les avions... Là, je décolle ce soir. Cette période-là, elle va me faire du bien pour me ressourcer comme il faut, et ça me permettra de faire de bonnes semaines l'année prochaine.
C'est pour ça aussi que c'est impressionnant de voir Novak Djokovic enchaîner comme ça...
Oui, mais du coup, lui, il organise ses semaines différemment, sachant qu'il a quand même de la marge, il faut le dire. Moi, je suis quand même dans la course aux points. Il y a forcément des choix à faire dans les programmations. Je pense être sur la dernière partie de ma carrière, si l'on peut dire. Aujourd'hui, il y a des choix à faire pour essayer d'être justement très performant. Il me faut jouer moins, ne pas se blesser, et ne pas avoir peur de se dire, quand il y a un mauvais résultat : "Ok, il y a un mauvais résultat, mais c'est pas grave.". Il ne faut pas que j'enchaîne dans ces cas-là un tournois tout de suite pour me rassurer. Mais je crois que j'ai passé ce cap-là. Je vais essayer, au niveau de la préparation, de faire quelque chose de bien carré pour pouvoir tenir toute la saison et être compétitif. Mes objectifs sont basés sur les grands chelems, la Coupe Davis, les Master series, et quelques 500.
Propos recueillis par Carole Bouchard à Shanghai pour Tennis Actu