Tennis. ITW - Maxime Teixeira : "Ne rien gagner c'est difficile"
Par Yannick GIAMMONA le 09/05/2016 à 07:59
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Le Français Maxime Teixeira (370e, 27 ans), originaire de Charente-Maritime, a débuté le tennis à l'âge de 5 ans. 154ème mondial à son meilleur en mars 2012, il est professionnel depuis 2010. Il a notamment remporté le tournoi Challenger de St Brieuc en 2011 et s'est hissé jusqu'au second tour à Roland-Garros la même année, où il avait affronté Roger Federer. Cette année, il n'a que très peu joué, très embêté par une blessure tenace en bas du dos. Ce samedi, il participait au premier tour des qualifications du Challenger de Bordeaux. Malheureusement, après plusieurs semaines de récupération, son dos l'a encore lâché. Il a dû se résoudre à la défaite face à son compatriote Gianni Mina (466e, 24 ans) en deux sets 6-3, 6-2. Il a tout de même accepté de répondre aux questions de TennisActu juste après la balle de match, concernant son parcours cette saison et son quotidien de tennisman.
Maxime, on vous a vu vous blesser au dos pendant ce match de qualification, pouvez-vous nous donner la nature exacte de cette blessure ?
C'est la quatrième fois de l'année où j'ai le côté droit du dos qui bloque. C'est-à-dire que c'est un début de lumbago. Je m'en suis fait un énorme en janvier en Thaïlande où j'ai fini aux urgences, je ne pouvais plus bouger du tout. Et là c'est le quatrième tournoi de l'année où ça bloque, et à la fin je ne peux plus servir, et plus le match avance et moins j'ai de rotation. Du coup, c'est de pire en pire.
Mais avant le match, vous vous sentiez bien, vous n'aviez aucune douleur ?
Non, tout allait bien. Je n'ai pas joué depuis cinq semaines exprès, j'ai fait deux semaines de rééducation dans une clinique adaptée. Tout allait bien, j'ai repris le tennis que jeudi, j'ai repris très tard, mais il n'y avait pas de problème. Même si je ne jouais pas bien, honnêtement là-dessus il n'y avait pas de problème. J'étais plutôt content. Mais là perdre ce n'est pas très grave, c'est surtout de me refaire mal qui m'embête.
Comment abordiez-vous ce match contre Gianni Mina, et ce tournoi de Bordeaux ? Vous pensiez mieux jouer que ça ?
Oui. Après, comme je disais, j'ai pas joué sur terre battue depuis le mois de septembre dernier. C'était mon premier match de l'année sur terre battue extérieure, donc ce n'est pas facile. Surtout que Gianni joue quand même bien là dessus, il a fait deux ou trois tournois. Moi j'arrive, j'ai repris le tennis jeudi, je savais pas si je pouvais venir au départ et je viens quand même. C'était plus pour me faire plaisir et venir jouer, prendre quelques marques plutôt que faire un gros résultat. Mais là je perds un tournoi et je perds peut-être aussi un dos, c'est un peu embêtant.
Quel était votre programme pour la suite de la saison, qui risque donc de changer à cause de cette blessure ?
Normalement je devais avoir une wild card en double ici, mais ce n'est pas sûr que je puisse encore jouer. Ensuite, je devais sûrement aller en Italie faire des qualifications de Challenger, ou Nice ou Genève (tournois ATP 250) si je pouvais y accéder. Mais là j'ai l'impression que ça va être un coup d'arrêt, qu'il va falloir encore faire quelque chose pour le dos. Donc je suis un peu contrarié.
Pouvez-vous aussi nous parler de la vie d'un joueur de tennis qui est classé au-delà de la 300ème place mondiale, comment vivez-vous sur le plan financier, quel est votre quotidien ?
Là par exemple c'est compliqué. Je suis venu, si j'ai pas d'invitation en double, je repars en ayant perdu 400€ en deux jours. Je gagne zéro point, zéro argent, rien du tout. Si on est en qualification d'un Challenger on ne prend rien tant qu'on n'est pas dans le tableau final. Moi qui était environ 150ème mondial et qui était souvent dans les tableaux, quand on passe par les qualifications et que l'on gagne plus rien, c'est difficile. A nos classements, on n'a pas d'argent ailleurs, les marques ne nous donnent pas d'argent, juste des raquettes et des affaires (sauf si on est très jeune). Pour ma part je n'ai pas du tout les moyens de me payer un entraîneur tennis. J'ai un ami très sympa qui est préparateur physique, qui m'aide beaucoup et qui est toujours là alors que je ne lui ai pas donné un centime encore. Heureusement qu'il est là. A part les matchs par équipe en hiver et les tournois français, il faut aller en Future et gagner beaucoup de matchs, et encore on ne gagne pas beaucoup d'argent.
Du coup, comment vous entraînez-vous quand vous venez sur un tournoi comme le Challenger de Bordeaux ?
Je me débrouille. On se parle avec les autres joueurs, on se met en recherche sur le planning, et on voit qui peut jouer. C'est plus de la débrouille qu'autre chose. Il y a des joueurs qui viennent avec des entraîneurs, mais moi ce n'est pas possible. Il faut payer les frais, déjà que ça nous coûte de l'argent juste pour nous, ce serait le double avec un entraîneur.
Pour finir, que pensez-vous des affaires de matchs truqués dont on entend parler dans le milieu du tennis ?
Dans les grands tournois je ne sais pas, mais je sais que dans les Challengers, on entend dire que des matchs sont truqués. Je pense qu'il y a des gens, dont certains Russes a priori, qui auraient vendu des matchs. Surtout en début de carrière, pour la financer au départ. Apparemment ça marcherait plutôt comme ça de leur côté. Mais il ne faut pas se mentir, ça existe. Il y a toujours des choses bizarres, quand il y a des grosses sommes qui sont pariées, il y a quand même des doutes. Si ça sort, c'est qu'il y a quelque chose.
Propos recueillis à Bordeaux par Yannick Giammona pour Tennis Actu.