Tennis. ITW - Nicolas Mahut : "David Goffin ? C'est le géomètre"
Par Thibault KARMALY le 02/11/2016 à 16:25
Vidéo - BNPPM 2016 - Mahut : "Goffin ? On l'appelle le géomètre"
Eliminé au deuxième tour du BNP Paribas Masters de Paris-Bercy, Nicolas Mahut a subi les coups de David Goffin (25 ans, n°12 mondial). De passage en salle de presse à l'issue de la rencontre, le Français - qui reste engagé en double au côté de Pierre-Hugues Herbert - s'est exprimé sur son adversaire du jour et ami : "On ne l'appelle pas le géomètre pour rien", a-t-il lancé pour résumer son ressenti sur la rencontre. Qualifié en double pour les ATP Finals de Londres (du 13 au 20 novembre), Nicolas Mahut "espère" que le Belge y sera également, ce dernier étant toujours en lice pour se qualifier en simple.
Il y a beaucoup de frustration après ce match. C'est le service qui vous a plombé complètement ?
Oui, je n'ai pas vu les stats mais je dois être à 40 % ou 45 %. J'ai fait le match que je voulais faire, mais j'ai rarement servi aussi mal. J'ai fait un jeu que je n'avais jamais fait dans ma carrière. Une volée à un mètre du filet et trois doubles, donc c’est forcément compliqué après. C'est difficile d'analyser parce que j'ai bien joué, j'ai fait ce que je voulais faire. Mais mon service était catastrophique et contre un joueur de ce niveau qui retourne aussi bien, tu te fais sanctionner. Je me suis fait breaker deux fois au premier et deux fois au deuxième. C'est au moins une fois de trop par set.
On a toujours envie de dire que ça sent la fin de saison quand il y a de matches comme celui-là où vous perdez le timing et où vous faites des fautes plus grosses que vous. C’est la raison du jour ou c’est juste un jour sans et ça arrive ?
Non parce que quand c'est un jour sans, c'est tout le jeu où tu passes à côté. J'ai bien mieux joué qu'hier. Le match était très bon. C'est juste que j'ai hyper mal servi. Oui, les balles je ne les contrôle pas du tout. Vous savez ce que je pense de ces balles. Aujourd'hui, ce n'est pas du tout la raison et ce n'est pas du tout une excuse, c'est juste moi qui ai perdu un peu le rythme. Aussi, peut-être que de savoir que c'est un bon serveur, je me suis crispé. À un moment donné, au deuxième, je voulais simplement faire des premières secondes à 160, je n'étais même pas dedans. C'est dommage de finir comme ça. Mais encore une fois, l'ensemble du match était bon, de bonne facture, mais il était compliqué de gagner, surtout que c'est normalement mon arme.
En général, quand on approche des 35 ans, on commence à glisser au classement, c'est le contraire pour vous : vous êtes dans vos meilleures années. Cela veut-il dire que 2017, il y a encore forte priorité sur le simple ?
Lopez a 35 ans et est encore dans les 20. J'ai peut-être compris des choses assez tardivement. Tant qu’il n'y a pas de blessures physiques, il n'y a pas de raison que je ne continue pas de progresser. Comme tu l'as dit, je suis déjà concentré sur 2017. L'objectif principal sera de gagner la Coupe Davis. Il faut que je sois meilleur joueur en simple et en double. Tous les joueurs français ont cet objectif très clair. L'an prochain, cela va être en numéro 1 de gagner la Coupe Davis.
44 % au deuxième set et 48 sur le match… Un mot sur son jeu à lui (Goffin). Il y a aussi des hauts et des bas, mais dans les moments chauds, il n'a pas craqué. C'est toujours le Goffin que vous avez connu ou il a progressé ?
Je l'ai vu bien évoluer et progresser cette année. On ne l'appelle pas géomètre pour rien : du fond, toujours précis, les lignes. Généralement, quand un joueur fait deux ou trois lignes, on se dit qu’il a de la réussite, lui, il le fait tout le temps, tout le match, un passing très précis. Il a progressé au service, première balle et aussi beaucoup sa deuxième balle qui va plus vite. Après, il est forcément extrêmement rapide= et précis. Cela fait de lui un joueur redoutable. Il mérite sa place, pas du tout usurpée. J'espère qu'il arrivera à se qualifier aux Masters.
Hier, vous disiez qu’il avait été compliqué de repartir après Zadar ? Si je parle uniquement du double, est-ce que vous avez l'impression que depuis Wimbledon, c'est plus compliqué pour vous alors que vous avez fait six mois d’anthologie et que depuis Wimbledon, c’est quoi ? C'est l'usure ? C’est que les paires adverses se sont adaptées à votre style de jeu, est-ce que vous n'avez pas cette impression-là ?
Continuer sur le même rythme était difficile. On avait tellement bien joué. On a aussi beaucoup moins joué. On est arrivé à Cincinnati épuisés. Après la claque des Jeux, c'était difficile. On a fait un quart de finale. On a joué le tournoi sans y être vraiment. On a fait ensuite l'Us Open. Oui, c’est une déception mais on fait demi-finale. Les Jeux Olympiques, c'était une vraie déception, une vraie claque. Anvers, on a fait finale. On a déjà moins joué. On n'a pas gagné de tournoi. Forcément, c'est moins bien que la première partie de saison. C'est évident. Je ne sais pas si cela a un lien avec la défaite à Zadar ou pas. Il y a eu un peu de fatigue. A l'Us Open, on a fait une demi et on s'en sort très bien parce qu’on était tous les deux diminué, on aurait pu perdre bien avant. On va voir sur cette fin de saison si on arrive de nouveau à être performants ici et aux Masters.
Pour revenir sur la Coupe Davis, vous dites que l'année prochaine c'était la priorité de tout le monde. Gaël disait que cela allait être compliqué d'aller au Japon juste après l'Australie. Est-ce que le calendrier de dingue est vraiment compatible ? Le Japon juste après l'Australie… Est-ce que planifier ces déplacements, c'est faire une croix sur le mois de février ?
Je ne sais pas ce que les autres ont dit. On doit se réunir en fin de semaine pour mettre les choses au clair. Je crois que c'est vraiment une priorité, et quand cela l'est, on doit faire notre calendrier par rapport à cette compétition. Le premier tour n'est pas forcément le meilleur déplacement qu'on avait déjà contre une équipe qui est forte. Mais c'est aussi dans la difficulté qu'on voit si on est une équipe forte et soudée. Il faudra rester en Australie, enchaîner, ce sera malheureusement compliqué pour le tournoi de Montpellier qui suit la Coupe Davis pour les sélectionnés, on le sait déjà. Après, il y a un deuxième tour. Le calendrier a changé : le deuxième tour se trouve après Miami ; donc là encore, ce sera un programme à bien adapter parce qu’Indian Wells, Miami le deuxième tour… Mais quand c'est un objectif fort et une priorité, on s'adapte en fonction.
Vous étiez déjà aux Masters l'année dernière. Cela ne s'était pas super bien passé. Qu'est-ce que vous en avez retiré ? En quoi vous allez arriver plus fort cette année que l’an dernier ?
C'était une première expérience avec un format particulier. On est arrivés avec dans des conditions extra sportives un peu particulières. On a joué dans un climat en France après les attentats qui était compliqué. Forcément, la tête au tennis et à la compétition, on était un peu perturbés. On est arrivés, c'était une fête et deux jours après… On ne va pas revenir sur ce qui s'est passé. C'était compliqué. On se fait une joie d’y aller malgré tout, on l’a coché dès le début d'année, on a envie de bien faire, mais encore une fois, je reste très prudent sur les objectifs, cela ne nous a pas porté chance ces derniers temps. On va bien se préparer et d’arriver le plus fort possible. Si on joue bien, on est très durs à battre. Donc il faut que l'on se concentre là-dessus, qu’on arrive en forme et qu’on joue notre meilleur tennis pour avoir de bonnes surprises à la fin.
Je parlais aux Brian qui disaient que toi et Pierre-Hugues, vous étiez la meilleure chose qui pouvait arriver pour l’évolution du double et pour prendre leur suite. Est-ce que vous avez cette impression de transition pas seulement pour le jeu mais aussi pour ce que vous dégagez, vos personnalités ? Est-ce que vous sentez dans les vestiaires cette transition qui se fait dans la discipline ?
Je vais déjà leur donner un petit billet... (Rires.). Parce que c’est sympa d’avoir dit ça ! Déjà, eux, les Brian avec ce qu'ils représentent pour le double, dire ça, c'est un fort compliment. Je me suis beaucoup inspiré d’eux, de leur manière de jouer et de s'entraîner. C'est vraiment pas à moi de répondre à cette question. Je n'arrive pas tellement à le mesurer. Je connais notre relation avec Pierre Hugues, c'est une de nos forces. Tant mieux si on arrive à renvoyer quelque chose de positif. Que les gens aient envie de nous voir jouer, c’est génial pour nous et pour tout le monde. De là à dire qu’on prend la relève, il faut rester mesuré parce qu’ils ont plus de 100 titres. Ils ont 11 années numéro 1, 16 Grands Chelems et plus de 100 titres. On va rester tranquille là-dessus. On va continuer de travailler. Si on arrive à gagner un Master, finir l'année numéro 1 sera déjà bien. Je vais aller les voir et les remercier.