Tennis. ITW - Pauline Parmentier vexée du traitement des médias
Par Bastien RAMBERT le 19/04/2016 à 19:54
Vidéo - Fed Cup 2016 #FRANED : La France en finale !
Remplaçante contre les Pays-Bas, Pauline Parmentier (30 ans, 101e) a stressé comme tout le Groupe France avant la libération et la qualification pour la finale de Fed Cup, à domicile contre la République Tchèque les 12 et 13 novembre. Pour TennisActu, la Nordiste revient sur ce week-end très intense avant de s'épancher sur un sujet qui l'attriste : le traitement médiatique du tennis féminin dans l'Hexagone.
Pauline, c’est la première finale en Fed Cup pour la France depuis 2005. Quelles émotions remontent en premier, deux jours après la victoire contre les Pays-Bas au bout du suspense ?
Il y a beaucoup de fatigue même si je n’ai pas été sur le terrain. C’était pas mal de stress. On a été menées dans chaque journée. On était à chaque fois dos au mur. On s’est fait un peu peur malgré le statut de favorites. Ce n’est pas passé loin donc on est très soulagées d’avoir saisi le truc, d’être en finale de la Fed Cup.
Racontez-nous votre week-end à Trélazé. Que ressent-on sur le banc ? C’est forcément un stress différent que celui des matchs…
C’est un peu frustrant car on se sent impuissante mais après il y a un très bon état d’esprit. On est toutes concernées, on ne se sent pas sur la touche même si l’on n’est pas sur le terrain. On est toutes traitées de la même façon car on sait que cela peut tourner très rapidement. Je pense que le fait de rester au taquet sur le banc motive les joueuses qui sont sur le terrain.
Vous êtes un peu la grande sœur de cette équipe de France…
Je vois un peu les choses comme ça. J’essaye d’aider les filles comme je peux, d’apporter mon expérience. Je suis là depuis 2008. J’ai connu les années galères. C’est fabuleux aujourd’hui. Je parle aux filles en leur rappelant d’où on vient. Cette équipe revient de loin après que la génération 79 (Mauresmo, Dechy, Loit) se soit arrêtée.
Si vous deviez définir cette équipe de France en un mot, lequel vous viendrait à l’esprit ?
On est hyper soudées. On est une bande de potes. Il y a beaucoup de respect dans cette équipe, que ce soit le staff, la capitaine, les joueuses. Tout le monde a sa place. Je ne sais pas le mot que je pourrais placer, ce n’est pas évident (sourire).
La finale contre la République Tchèque, c’est encore bien loin (12-13 novembre). Est-ce compliqué de se dire qu’il faudra attendre quasiment sept mois avant le grand évènement ?
C'est un peu frustrant. Les deux rencontres (premier tour à Marseille contre les Pays-Bas en février ; demie à Trélazé contre les Pays-Bas en avril) se sont enchaînées assez rapidement. Il y a un énorme trou entre la demie et la finale. On s’est dit à la fin dimanche : "la prochaine étape est au mois de novembre, c’est tellement loin !" Il faut garder ce lien fort pour arriver le plus soudé possible. C’est frustrant d’avoir autant de temps. Il peut se passer tellement de choses. Après, on ne peut pas changer le calendrier donc patience.
Alizé Cornet et Kristina Mladenovic étaient en colère contre l’Equipe, qui n’a pas mis les Bleues à la Une. Quel est votre avis là-dessus ?
Je ne sais pas si on méritait la Une mais une petite phrase dessus, ça oui. On prend souvent des remarques comme quoi avec le tennis féminin, il n'y a rien à se mettre sous la dent. De toute façon on sait qu’on est traitées différemment que le tennis masculin. C’est un peu frustrant. C’était en France, on a eu de bons retours de l’extérieur. Cela montrait une belle image du tennis féminin. Dommage que l’Equipe ou autres n’aient pas surfé sur cela pour nous mettre en valeur. Il y a une double page ce mardi dans l’Equipe mais bon. On accepte les critiques mais il faut jouer le jeu quand on réussit. C’est comme les filles (Mladenovic-Garcia) qui gagnent Charleston en double : pas une ligne alors que Tsonga et Gasquet qui perdent à Monte-Carlo : une demi-page. Notre performance méritait un peu plus.
Comment jugez-vous le traitement médiatique du tennis féminin en France ?
Il faut être lucide : le tennis masculin prend plus que le tennis féminin. Moi ce qui me gêne c’est qu’il n’y a rien même quand il se passe un truc. On se hisse en finale, on fait la conférence après la victoire : il y a quatre questions qui se battent en duel. On le ressent. Sur les Grands Chelems aussi, cela se voit dans les papiers. Le grand public comprend ce qu’on veut lui faire comprendre. Aujourd’hui il y a trois filles dans le Top 50 (Mladenovic, Garcia, Cornet). S’il faut que des Top 10 ou des numéros 1… Il va se passer quelques années. Ceux qui étaient devant leur TV dimanche, ils ont sûrement aimé ce que l’on a fait. Il faudra mettre la finale en avant sinon on a le temps d’oublier. Okay le tennis féminin ne fait peut-être pas rêver mais Djokovic qui gagne toutes les semaines… S’il faut avoir des polémiques pour parler du tennis féminin, c’est triste.
Propos recueillis par Bastien Rambert, pour Tennis Actu