Tennis. ITW - Roger Federer : "20 titres, un rêve, pourquoi pas ?"
Par Thibault KARMALY le 28/02/2017 à 11:49
De retour sur le circuit cette semaine à Dubaï, Roger Federer n'a pas traîné pour son match de rentrée en éliminant Benoît Paire (6-1, 6-3). Et si le Suisse avait pris le temps de répondre aux journalistes présents dans l'émirat en conférence de presse, l'homme aux 18 titres du Grand Chelem a également accordé un entretien à L'Équipe. Et dans cette interview très intéressante, le "Maestro" a notamment évoqué son rapport au travail, lui qui est souvent considéré comme un "génie" autant par les observateurs que par ses paires. "Sans travail, on n’arrive pas très loin, dans tous les domaines", a d'abord déclaré Roger Federer pour L'Équipe. "Le talent amène à la porte mais cette porte, il faut la passer soi-même. Je vois le talent sous différents aspects. Il y a par exemple, le talent de pouvoir travailler avec de la rigueur à huit, douze ou seize ans. Moi je n’avais pas ça. J’avais le talent pour comprendre très rapidement ce qu’on m’expliquait et l’appliquer techniquement et tactiquement. Mais m'investir dans le travail, ça m’a pris du temps."
Vidéo - ATP - Dubaï : Roger Federer bat Benoît Paire au 1er tour
Et Roger Federer de revenir sur son début de carrière, période-clé durant laquelle l'homme s'est forgé. En s'entraînant durement, et notamment sous la houlette de son entraîneur physique, le Français Pierre Paganini, le septuple vainqueur de Wimbledon est devenu une "machine" de travail, et a "compris pourquoi" tout ce travail était fait. "Il y a eu différentes étapes. Parfois, je pensais avoir compris mais je n’avais pas encore pigé. Je dirais que les choses sont devenues plutôt claires à vingt-deux ans. J’ai compris pourquoi je faisais de la musculation, des sauts, des sprints, de l’endurance, des intermittents, de combien de temps j’avais besoin avant et après le tournoi, quelle surface je préférais ... Au début, toutes ces choses-là ne sont que de la théorie", a ainsi déclaré le Bâlois dans L'Équipe.
"On est pris dans le cirque du circuit,
mais il faut se donner le temps"
Invité à décrire ses entraînements, ses méthodes, et notamment le travail physique et mental effectué ces six derniers mois, Roger Federer s'est prêté au jeu. "Quand je travaille, c’est très intense. Aujourd’hui, à mon âge, c’est davantage dans la qualité que dans la quantité. Quand tu es jeune, tu dois faire une certaine quantité pour pouvoir être mentalement présent sur un terrain pendant quatre heures. Aujourd’hui, je sais que je peux le faire car je l’ai prouvé plein de fois en match et à l’entraînement. La quantité peut amener plus facilement des blessures à mon âge. J’ai beaucoup changé par rapport à mes vingt ou vingt-cinq ans. Quand on a quinze ans, il faut avoir un objectif sur cinq ans. À vingt-cinq ans, on se demande comment se maintenir et progresser. On est pris dans le cirque du circuit mais il faut se donner le temps. Je pense que c’est ça que j’ai bien fait. J’ai toujours pris, une ou deux fois par an, un mois ou plus pour ma récupération et vraiment travailler très dur, loin de tout le monde."
En outre, si beaucoup de fans souhaitent voir Roger Federer remporter d'autres titres majeurs, et aimeraient notamment le voir atteindre la barre symbolique des 20 titres du Grand Chelem, lui choisit (encore) l'humilité. "Laissez-moi apprécier celui-làÌ€", lâche d'abord le Suisse à L'Équipe. "Je sais que Roland-Garros, ça sera difficile parce qu’il faudrait travailler très dur lors de la saison sur terre pour être parfaitement prêt pour le 'French', et encore c’est sans garantie. Je dois donc me poser la question : 'Combien de tournois je suis prêt aÌ€ jouer sur terre pour Roland-Garros ?' Wimbledon et l’US Open, j’ai toujours une chance si je joue bien et que je suis en bonne santeÌ avec la rapiditéÌ des courts. Vingt titres, c’est un rêve, pourquoi pas ? Mais ma meilleure chance est clairement aÌ€ Wimbledon."
"À ceux qui pensaient qu’après l’Australian, je partirai
sur mon cheval au coucher de soleil, ce n’est pas le cas"
Enfin, Roger Federer est revenu sur son engagement en faveur du tournoi de Bâle (ATP 500) jusqu'en 2019, un choix qui repousse évidemment sa fin de carrière d'une saison supplémentaire et qui laisse entrevoir la possibilité de le voir terminer aux Jeux olympiques de Tokyo, en 2020. "Mais ca permet au tournoi comme aÌ€ moi de planifier. Je veux que le tournoi ait du succès et que les gens sachent qu’ils peuvent me voir laÌ€-bas. C’est comme pour Halle ou les Grands Chelems. J’essaie d’annoncer assez tôt les tournois dans lesquels je vais jouer pour que les fans puissent me voir. Ça répond aussi aÌ€ ceux qui pensaient qu’après l’Australian, je partirai sur mon cheval au coucher de soleil, ce n’est pas le cas (rires)."