Tennis. ITW - Tiffany William raconte sa nouvelle vie en France
Par Clémence LACOUR le 19/06/2016 à 10:25
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A l'aube du début de Wimbledon, Tennis Actu a rencontré à la Madone du Mas à Nîmes une jeune joueuse britannique, Tiffany Carina William, inscrite à l'ITF de Montpellier, qui a pour ambition, un jour, de rejoindre au classement ses collègues Johanna Konta ou Heather Watson. Elle nous a parlé de son parcours et de ses débuts sur le circuit ITF.
Tiffany, pouvez-vous vous présenter un peu à nos lecteurs ?
Eh bien, je viens de Londres, où j'ai commencé le tennis vers 8 ans. Je viens de terminer mes études aux Etats-Unis. Je peux me consacrer pleinement au tennis maintenant et j'ai choisi de débuter sur le circuit. J'ai joué les qualifications d'un tournoi sur gazon en Angleterre, ici à Montpellier, et je vais ensuite aller à Périgueux. Ce n'était pas facile sur gazon car je n'avais jamais joué sur cette surface. A cause de Wimbledon, tout le monde pense que nous les Anglais, on passe notre vie à jouer sur gazon alors que pas du tout. Il n'y a cette surface que dans les clubs privés, un peu huppés. Nous, les juniors, on joue sur dur, comme tout le monde. Et comme il pleut beaucoup, soit on joue pas, soit on joue dedans. Le but, pour le moment, c'est moins le résultat que la prise de confiance, même si, bien sûr, j'aimerais bien être n°1 mondiale. Je m'entraîne avec Yves Latreille à Brive. En France, le temps est plus clément pour jouer au tennis. C'est un peu difficile quand même car je ne connais personne et je ne parle pas français. Au moins, je me consacre uniquement au tennis.
Vous êtes passée par les universités américaines, vous avez maintenant 21 ans. Est-ce que ce n'est pas tard pour débuter, alors qu'on voit de nombreuses joueuses arriver très tôt sur le circuit ?
Je ne pense pas qu'il y ait d'âge pour débuter. C'est vrai que je me dis que peut-être si j'avais commencé plus tôt, j'aurais des titres, comme d'autres filles, et que ça fait rêver ce que fait Garbine Muguruza, qui a 22 ans. Mais chacune a son parcours. Aux Etats-Unis, j'ai appris beaucoup de choses, j'ai eu un diplôme, et j'ai dû devenir indépendante très tôt.
Pouvez-vous nous parler un peu du tennis en Angleterre ? Il y a Andy Murray, et des joueuses aussi, mais moins fortes peut-être.
Nous avons un joueur phare avec Andy Murray. Johanna Konta (19 WTA) est très forte aussi, et Heather Watson également. Judy Murray fait aussi beaucoup pour faire découvrir le tennis, notamment en Ecosse. Je n'ai jamais eu l'occasion de les rencontrer ni de faire des clinics avec eux. Par contre, j'ai fait des stages avec des entraîneurs qui font partie de l'équipe de Judy Murray. Pour ma part, j'ai choisi la filière américaine après avoir eu quelques soucis avec ma fédération. Je trouve qu'ils s'occupent trop tôt des résultats des enfants, sans prendre assez en compte leur progression.
Vous débutez juste sur le circuit ITF, je suppose c'est un peu compliqué, même s'il y semble y avoir moins d'affaires de matchs truqués ou de dopage que sur les circuits masculins.
C'est vrai que c'est difficile. Je n'ai pas de points WTA pour le moment, donc pas de sponsors. Ici à Nîmes, c'est une dame nommée Géraldine Pendino qui s'occupe de me trouver des sparrings et un préparateur physique. J'ai fait des séances avec l'ancien préparateur physique de Virginie Razzano. A la salle de muscu, j'ai souffert avec lui ! (Rires) Il y a juste mes parents et quelqu'un en plus qui m'aident en Angleterre. Il a une entreprise spécialisée dans le cordage. Il fabrique ces petits embouts spécifiques qu'il y a sur la raquette pour éviter que les cordes ne frottent sur le cadre et une nouvelle façon de corder. Il y a moins de triche peut-être que sur les ITF masculins. On va dire que c'est dû à la mentalité des garçons ? (rires) Et puis, on est moins nombreuses à jouer aussi. Sinon, en Croatie, je voulais jouer un tournoi, et un type m'a proposé de lui donner quelque chose comme 2000 euros pour entrer directement dans le tableau. J'aurais eu direct des points comme ça. Mais il faut savoir dire non d'emblée. Pour ce qui est du dopage, je n'ai jamais eu de contrôle. Je ne veux rien prendre de toute façon. Je n'ai pas envie de faire subir ce genre de trucs à mon corps pour du tennis. On signe une charte de bonne conduite quand on s'inscrit, et il y a le témoignage de deux gars, qui racontent qu'ils ont été bannis à vie du circuit pour avoir truqué des matchs. C'est dissuasif. Bon, la vie sur le circuit, c'est compliqué aussi car entre les filles, c'est pas franchement l'entente cordiale. Les filles, on est souvent un peu chipies. C'est pas facile de trouver des filles pour jouer, par exemple, alors que les hommes acceptent volontiers de jouer avec nous et de faire le sparring.
Propos recueillis à La Madone du Mas, à Nîmes par Clémence Lacour