Tennis. Paris 2024 - Rafael Nadal s'est confié : "Je commençais à pleurer un peu..."
Cela fait presque quatre mois que Rafael Nadal a mis un terme à sa somptueuse carrière. A l'âge de 38 ans, le Majorquin a disputé son dernier match en Coupe Davis en novembre dernier, poussé vers la sortie par les blessures à répétition. Aujourd'hui, l'homme aux 22 titres du Grand Chelem peut se concentrer sur son rôle de parent et profiter de son temps libre. Début mars, il a notamment été aperçu sur un court de padel dans son académie. Bientôt viendra le temps des hommages pour Rafa, à commencer par Roland-Garros. "Il y aura un grand grand moment pour Rafael Nadal," a révélé Gilles Moretton. Mais avant ça, Nadal est passé dans le podcast d'Andy Roddick, "Served with Andy Roddick". Un long entretien de plus d'une heure dans lequel il a pu revenir sur sa carrière, sa rivalité avec Novak Djokovic et Roger Federer, le futur du tennis ou encore le passage de relais de la flamme olympique aux JO.
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"Les dernières années ont été difficiles, j’ai vécu des moments douloureux mentalement"
Pour commencer, Rafa est revenu sur sa fin de carrière. Après un superbe début d'année 2022, les blessures ont commencé à s'enchaîner. "Les dernières années ont été difficiles, j’ai vécu des moments douloureux mentalement. Au final, je dirais surtout que cela a été une montagne d’émotions. Pour tout mettre en perspective, en 2022, j’ai gagné les deux premiers Grands Chelems de la saison, puis je me suis blessé aux abdominaux en quarts de finale de Wimbledon. Quelques jours avant l’US Open cette même année, j’ai rechuté. Ensuite, je suis devenu papa, ce qui a changé ma manière de voir les choses pour la fin de saison. Je me suis dit : ’Ok, je vais me préparer pour bien débuter l’année 2023.’ Pour mon deuxième tournoi de la saison à l’Open d’Australie contre Mackenzie McDonald, j’ai eu une grosse blessure à la hanche, et pour moi, tout le vrai processus de rééducation a commencé à ce moment-là."
"Après les Jeux Olympiques, je suis rentré chez moi et je me suis dit que c’était terminé"
"Après avoir parlé à plusieurs spécialistes, j’ai décidé de me faire opérer. C’était une opération importante, mais les médecins m’avaient dit que je pourrai ensuite reprendre la compétition. J’ai accepté le challenge. À ce moment-là, il y avait des doutes mais j’ai décidé de me battre. J’avais 37 ans, je me suis dit : 'C’est peut-être le moment de faire cette opération, et on verra.’ Quand je suis revenu sur les courts pour m’entraîner, je me sentais bien, mais je sentais que je ne pouvais plus appuyer comme avant, j’étais limité dans mes mouvements. Je me suis donné une période d’adaptation pour voir comment tout allait évoluer. En termes de tennis, je me sentais compétitif, je n’avais pas l’impression d’avoir perdu en puissance de frappe. Tous ces mois ont été difficiles, mais je me suis battu. Je me sentais capable de revenir en compétition, mais je n’étais pas capable de bouger sur le court aussi bien qu’avant. Après les Jeux Olympiques, je suis rentré chez moi et je me suis dit que c’était terminé. Cela n’avait plus aucun sens de jouer, je ne me sentais pas en position de revenir à mon meilleur niveau avec tous ces problèmes physiques."
"Contre Federer, c'était plus un match d'échecs que face à Djokovic"
Forcément, Nadal a été amené à parler de sa rivalité avec Federer et Djokovic. "A mon avis, la raison pour laquelle la rivalité avec Roger était un peu plus attrayante pour les fans que Novak contre moi... Même si j'ai joué plus de fois avec Novak, et que nous avons joué exactement le même nombre de matches importants, si ce n'est plus... avec Roger, la stratégie était plus claire. J'essayais de faire une chose. Il essayait de faire l'autre chose. D'une certaine manière, j'essayais de tuer son revers tout le temps. Même si j'avais la possibilité de jouer le coup le long de la ligne, je me disais : 'Bon, quand je dois jouer le coup le long de la ligne, c'est seulement pour deux raisons'. La première raison, c'est que je vise la victoire. L'autre raison, c'est que je dois l'éloigner de ce côté pour créer plus d'espace. Il essayait d'éviter cela. Il essayait de jouer de manière plus agressive. Chaque fois qu'il frappait un coup droit, j'avais l'impression de reculer. Pour moi, son coup droit est... oui, le meilleur contre lequel j'ai joué. C'est un peu plus un match d'échecs. Tout le monde sait ce qui va se passer. Tout le monde connaît la stratégie à adopter. Quand il jouait très bien, il m'a battu. Quand je jouais très bien, je l'ai battu."
"Contre Novak, c'était un peu comme... ok, nous pouvons avoir une stratégie, mais j'ai besoin de très bien jouer. Je dois jouer très bien tout le temps. Nous ne jouons pas le même style, bien sûr. Mais ce n'est pas une stratégie claire. Contre Roger, je vais l'attaquer sur son revers. Contre Novak, je n'ai pas ce sentiment. Le sentiment est que je dois jouer très bien pendant longtemps et savoir que je dois ajuster les choses. Je ne peux pas jouer trop souvent contre son revers. Surtout les balles hautes, parce qu'il prend la balle plus vite et vous met dans une position très difficile. J'ai commencé à utiliser le slice plus souvent contre lui. Parfois, cela m'a bien réussi. Contre Novak, c'était parfois bien de jouer au milieu. Ne lui donnez pas beaucoup d'angles. En termes de contrôle de balle, je pense qu'il est le meilleur que j'aie jamais joué et que j'aie jamais vu."
"Alcaraz, Sinner, Swiatek... une nouvelle génération de grands joueurs"
Avec Federer et Nadal à la retraite et Djokovic sur le déclin, le tennis doit se renouveler. "Carlos est formidable. C'est un bon gars qui a une très bonne famille derrière lui, avec des valeurs positives. Humble. Ce sont des gens bien. C'est vrai. C'est pourquoi je pense que Carlos est comme il est. Parce qu'en fin de compte, les valeurs que vous recevez à la maison, la façon dont vous êtes éduqué, c'est la façon dont vous vous montrez. Je vois la même chose chez Iga. Jannik est un autre bon gars. Il n'est pas très frimeur. Il est concentré sur ce qu'il fait. Bien sûr, il a traversé une période très difficile l'année dernière. C'est incroyable la façon dont il a réussi à rester concentré sur ce qu'il fait. C'est une nouvelle génération de grands joueurs de tennis. Je pense qu'ils vont continuer à aider ce beau sport à se développer et à attirer les fans."
"Avant de porter la flamme, j’ai commencé à pleurer un peu"
Lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, le Majorquin a vécu un grand moment. Au Trocadéro, il a reçu la flamme olympique des mains de Zinédine Zidane. Il s'était ensuite dirigé vers un bateau où se trouvait trois autres légendes, Carl Lewis, Nadia Comaneci et Serena Williams. Dans ce podcast, Rafa a révélé qu'il a appris qu'il porterait la flamme seulement quelques minutes avant. "J’ai reçu un appel du président du comité olympique pour me dire qu’il voulait que je fasse partie de la cérémonie. J’ai dit, oui, cela serait un honneur, mais je ne savais pas ce que j’allais faire cinq minutes avant. C’était super secret. Je ne savais pas ce qui allait arriver. Il voulait garder totalement le secret. J’ai attendu à un endroit 30 minutes avant. Puis on a marché pour y aller et ils ont commencé à m’expliquer. Quand on voit les images, je montais sur la scène pour prendre la torche. Et à ce moment, je devais attendre deux minutes en bas. Quand j’ai réalisé le moment, je me suis mis à pleurer un peu. Quand je me suis mis à pleurer, je me suis dit, ferme-la ! Arrête, ce n’est pas le moment de pleurer, c’est le moment de profiter. Donc j’ai essayé de ne pas être trop émotif. C’était incroyable." Un moment inoubliable.
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