Tennis. Roland-Garros - Collins affronte Sofia Kenin : "Encore une bataille"

Danielle Collins est l'une des invités surprises de ce Roland-Garros 2020. 57e mondiale, l'Américaine très discrète depuis la reprise, réalise un tournoi remarquable et s'est hissée ce mardi en quarts de finale grâce à sa victoire contre Ons Jabeur 6-4, 4-6, 6-4. A 26 ans, Collins disputera son deuxième quart en Grand Chelem. Une belle récompense pour une joueuse qui a, comme beaucoup, connu des moments de galère dans sa jeunesse. Pour une place en demies de ce Roland-Garros, Danielle Collins défie sa compatriote Sofia Kenin ce mercredi. Un quart 100% US !

Vidéo - Danielle Collins, en quarts de finale de Roland-Garros

 

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En conférence de presse, Danielle Collins est revenue sur ses moments compliqués en début de carrière. Avec peu de d'argent et l'obligation de se déplacer pour jouer au tennis, l'Américaine a dû s'accrocher pour vivre ses rêves. "Je pense que ce sont les expériences qui vous donnent la force d'aller sur le court et de jouer de manière intense. Dans les moments de pression, quand on est dans des beaux hôtels, on est reconnaissant de se trouver dans cette situation. Quand vous êtes dans une jolie voiture de luxe que les sponsors mettent à votre disposition, c'est un bon sentiment parce que je sais ce que c'est que de devoir prendre un bus pour aller à l'événement, d'avoir 50 dollars en banque et de se demander si on pourra aller à l'endroit où on doit aller. Ce sont des expériences qui nous rendent plus fort. Bien sûr, je ne suis pas la seule joueuse de tennis à avoir cette expérience. La plupart d'entre elles ont eu cette expérience et l'ont utilisé pour alimenter leur faim de victoire", a-t-elle raconté. Se souvenir de ces instants et forcément une bonne manière de garder les pieds sur terre. Pour une place en demies, Collins défie sa compatriote Sofia Kenin ce mercredi. 

�'�🇺�' C'est fait ! Collins s'offre Jabeur au terme d'une bagarre acharnée sur le Chatrier !
L'Américaine est la dernière qualifiée pour les quarts et affrontera Kenin ! 🔥#RG20

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— France tv sport (@francetvsport) October 6, 2020

 

Bonjour Danielle. Je sais qu’hier après-midi vous vous êtes échauffée dans le froid et la pluie pour espérer démarrer le match. Ce matin il faisait un peu froid. J'ai eu l'impression que vous aviez un peu le nez bouché, vous vous mouchiez. Avez-vous un rhume ou comment vous sentez-vous physiquement ?

Pour être honnête, non pas du tout. Il fait froid à l'extérieur. J'ai le nez qui coule, mais cela n'a rien à voir avec le fait d'avoir un rhume ou de ce qu'il s'est passé hier. Oui, effectivement, la journée a duré longtemps. On a été sur le court longtemps. J'espérais jouer, et puis compte tenu du temps qui est un peu imprévisible à cette époque de l'année, la journée a duré beaucoup plus longtemps que l'on aurait souhaité. Je ne crois pas que les organisateurs du tournoi auraient pu faire quoi que ce soit d'autre. Bien sûr, cela aurait été plus facile avec un tournoi en intérieur, mais je suis ravie de jouer sur terre battue à l'heure actuelle. Les gens du tournoi ont fait ce qu'ils pouvaient pour nous faire jouer mais ils n'ont pas pu à cause du temps qu'il faisait. Je ne sais pas comment, parce que je me mouche, vous en déduisez tout cela. Je ne pense pas que ce soit une très bonne question pour être honnête.

 

Danielle, nous avons vu avec Jen Brady, nous l'avons vu aller en Allemagne. Elle a une équipe allemande et cela fonctionne très bien. Vous travaillez avec Nicola Almagro à l'heure actuelle. Vous pouvez parler un peu de cela, du point de vue compétition, du point de vue intensité des matches ?

Très bonne question. Nico a eu un impact fantastique sur mon tennis, déjà parce qu’il comprend ce par quoi je passe sur le court compte tenu du fait qu'il a été dans cette position à de nombreuses reprises. Il a eu une longue carrière couronnée de succès sur le circuit. On parle beaucoup. Il peut utiliser son expérience pour faire de moi une meilleure joueuse. Même si nous travaillons ensemble que depuis peu, je pense vraiment qu'il a un impact positif sur mon jeu et cela fait une grande différence quand vous avez un coach qui a été dans la position dans laquelle vous vous retrouvez sur le court. Il est rare de trouver quelqu'un de son calibre en tant que joueur, qui entraîne. Peut-être n'est-ce pas si rare que cela, mais, en tout cas, il est difficile de trouver un coach de cet acabit quelques semaines avant les tournois et notamment avant Roland-Garros. J'ai eu beaucoup de chance de l'avoir et j'espère que nous pourrons continuer ensemble.

 

Nicolas a gagné 13 titres sur terre battue. Que pensez-vous qu'il puisse vous apporter ?

Je pense que c'est d'abord le côté mental. Nous avons travaillé sur ma force mentale sur le court et le fait d'utiliser cela comme une arme.

 

Danielle, quand on regarde les matches, il est évident de voir que vous jouez avec beaucoup d'intensité, avec un vrai désir de gagner. Ce que vous avez fait aujourd'hui, dans quelle mesure est-ce votre capacité en tennis, et dans quelle mesure est-ce votre attitude ?

Oui. Je pense que quand je gagne les matches c’est que j'ai effectivement de bonnes compétences de tennis, mais j'ai l'attitude, je me pousse, je sors mon énergie positive, ce qui m’aide à jouer au mieux et cela m’aide notamment dans les moments difficiles quand on pourrait être négatif facilement ; ou je pourrais avoir des baisses de régime ici ou là. Il est bon de rester positif, de dire come on  et cela m’aide.

 

Je voudrais votre avis sur ce tournoi qui a réservé pas mal de surprises, notamment des qualifiés qui arrivent jusqu'ici.

Oui, si on réfléchit à tous les Grand Chelems pendant l'année, on voit des joueuses qui ne sont pas classées qui vont très loin, des gens qui passent par les qualifications, qui jouent bien et qui vont loin. Peut-être est-ce un peu difficile pour les grandes joueuses parce qu'elles ressentent la pression et puis les gens qui ne sont pas classés ou qui passent par les qualifications ressentent peut-être moins de pression et peuvent jouer plus librement. Je ne sais pas. Mais cela a été très intéressant de voir les résultats de cette année. Il y a eu des matches assez amusants. J'ai beaucoup aimé voire les matches de Trevisan sur le court. J'aime bien la regarder jouer et je l'ai rencontré à l'hôtel. C'est vrai qu’elle est une de mes préférées à voir jouer.

 

Danielle, vous vous êtes concentrée sur le tennis donc vous n'êtes peut-être pas au courant. On a introduit beaucoup plus de restrictions à Paris aujourd'hui. On a fermé les gymnases, les bars. Est-ce que-vous pensez que vous allez faire encore plus attention dans votre environnement protégé de l'hôtel, ou il y a quand même des gens qui viennent de l'extérieur ?

Je crois qu'une des meilleures choses du sport c'est que les gens regardent le sport. Ça leur permet de s'intéresser à quelque chose qui n'est pas lié au Covid, ni à la politique. Je ne ferai pas de commentaire, ni sur la bulle, ni sur les protocoles pour le Covid, ni sur ce qu’il se passe à Paris. Je crois qu'il y a beaucoup d'éléments positifs pour les joueurs, le fait d'être en train de jouer, c'est bon pour le public aussi. J'aime mieux me concentrer là-dessus que sur ces questions prosaïques.

 

Danielle, pourquoi pensez-vous que ce soit prosaïque de parler de cela ? Il y a des éléments politiques, c'est vrai, mais ce sont des éléments qui affectent tout le monde.

Ce qui me dérange c'est qu'on pose la question encore et encore aux joueurs et que, bien entendu, nous sommes dans une situation de pandémie. On est ici pour jouer au tennis. Je pense que vous devriez parler tennis. J'ai joué en 3 sets. Il y a eu des tournants dans le match et personne ne m'a posé des questions.

 

Certains joueurs disent que c'est ennuyeux que l'on vous parle que de tennis. En fait, ce qu'il se passe autour du tournoi cela affecte ce que vous pouvez faire, ne pouvez pas faire, pouvez aller, ou ne pouvez pas aller. Dans quelle mesure est-ce que cela vous affecte pendant le tournoi ?

Vous savez, je suis concentrée sur le fait d'être sur le court, de me battre. Bien sûr qu'il y a une pandémie, il y a des restrictions, les activités que l'on peut faire sur site ou à l'hôtel sont restreintes, bien entendu. On ne peut pas quitter la bulle, mais je reste concentrée sur mon quotidien. Hier, on a passé 8 à 10 heures sur le court en attendant de pouvoir jouer. Cela peut arriver à d'autres tournois. Cela m’est arrivée il y a quelques années en Australie, par exemple. Il faut se concentrer sur les matches, sur se faire traiter, masser, ou faire tout ce qu'il faut faire pour pouvoir aller jouer. J'aimerais parler davantage de ce que j'ai fait. Voilà ce que je voulais vous dire.

 

Bonjour Danielle. Peut-être que l'idée, c'est que le tennis c'est un sport merveilleux et international, mais cette année il est vraiment très imbriqué avec cette pandémie qui affecte le monde entier, raison pour laquelle les médias se préoccupent de cette question. Ma question remonte plus avant, quand vous étiez jeune et que vous êtes allée en bus de Tampa à Miami. Vous avez dit que cette expérience de votre jeunesse vous avait vraiment donné du peps. Pouvez-vous nous rappeler cette époque, quand vous étiez une jeune joueuse débutante ?

Oui, je pense que ce sont les  expériences qui vous donnent la force d'aller sur le court et de jouer de manière intense. Dans les moments de pression, quand on est dans des beaux hôtels, on est reconnaissant de se trouver dans cette situation. Quand vous êtes dans une jolie voiture de luxe que les sponsors mettent à votre disposition, c'est un bon sentiment parce que je sais ce que c'est que de devoir prendre un bus pour aller à l'événement, d'avoir 50 dollars en banque et de se demander si on pourra aller à l'endroit où on doit aller. Ce sont des expériences qui nous rendent plus fort. Bien sûr, je ne suis pas la seule joueuse de tennis à avoir cette expérience. La plupart d'entre elles ont eu cette expérience et l'ont utilisé pour alimenter leur fin de victoire.

 

Quelle a été votre expérience pendant le confinement et la coupure du circuit ? Je crois que vous avez fait quelques matches de démonstration en Floride ?

Oui. Nous avons la chance en Floride d'avoir beau temps quasiment toute l'année. J'ai passé pas mal de temps là-bas. Je me suis entraînée tous les jours. J'ai passé beaucoup de temps au gymnase, à travailler sur ma forme physique. J'ai pu jouer les manifestations UTR en Floride du sud en début de pandémie, je crois que c'était vers le mois d'avril ou mai, je ne sais plus. Je perds un peu la trace du calendrier. J'ai passé un peu de temps en Virginie aussi à me préparer pour l'US Open pendant qu’il y avait des travaux chez moi, en Floride.

 

Sur le court, vous avez dit combien il était difficile de retourner ses amortis et qu'il semblait arriver de tous côtés. Est-ce frustrant quand vous n'arrivez pas à vous préparer parce que vous ne savez pas d'où va venir le coup ?

Oui, c'est une joueuse difficile. Elle arrive à utiliser ses coups dans les moments charnières, notamment j'étais 3-0 au 2e set et j'avais fait quelques bons coups. Elle a pu les renvoyer sous forme d'amorties. Or, il y a peu de joueuses qui arrivent à tenir le rythme et à avoir le touché qu'il faut pour renvoyer une amortie efficace. Je ne les attendais pas toujours et comme vous l'avez dit, parfois j'étais prise à contre-pied et je crois que j'avais rencontré cette situation contre Niculescu au premier tour, et cela m’a aidé.

 

Danielle, vous êtes allée à l'université aux Etats-Unis. Vous connaissez bien le système USTA. Est-ce que là-bas les jeunes joueuses ont recours à des psychologues du sport et est-ce que vous, vous avez eu recours à un tel psychologue ?

Je ne suis pas certaine de ce que fait l'USTA du point de vue de l'accès aux psychologues du sport. J'aime bien utiliser mon propre psychologue du sport. Quand j'étais à l'université j'étais ravie de pouvoir recourir à un psychologue du sport à chaque fois que j'en avais besoin. Il travaillait avec l'équipe, il était fantastique. J'ai travaillé avec lui pendant 3 ans. Il a eu un fort impact sur mon jeu parce que, vous savez, le tennis c'est en grande partie un sport mental tout autant que physique. Je travaille encore avec un psychologue du sport à l'heure actuelle.

 

Avant que vous ne partiez, quelques commentaires sur votre prochain match contre Kenin ?

Nous avons fait pas mal de bons matches par le passé. Elle a eu pas mal de succès cette année. Elle a joué un très bon tennis ici. Je sais que ce sera encore une bataille et un match plaisant.