Tennis. Roland-Garros (D) - Mladenovic : n°1 et le titre avec Babos
Par Aude MAZ le 09/06/2019 à 16:36
C'est une quinzaine qui se termine parfaitement pour Kristina Mladenovic. Pour la deuxième fois de sa carrière, la Tricolore a remporté le tournoi de Roland-Garros en double grâce à sa victoire aux cotés de Timea Babos, contre la paire chinoise Yin-Yin Duan et Saisai Zheng 6-2, 6-3. Après son titre en 2016 avec Caroline Garcia, la Tricolore goûte de nouveau au succès à Paris, pour la première fois avec Timea Babos, et surtout, elle sera numéro 1 mondiale en double lundi prochain. Difficile de faire mieux !
Vidéo - Les confidences Mladenovic après son sacre à Roland-Garros !
✔🆠@AustralianOpen 2018
— Roland-Garros (@rolandgarros) 9 juin 2019
✔🆠@rolandgarros 2019@TimeaBabos et @KikiMladenovic remportent leur second Grand Chelem ! Elles s'imposent en finale du double Dames 6-2, 6-3 face à la paire chinoise Yingying Duan et Saisai Zheng.https://t.co/7Ci2LXFaLo | #RG19 pic.twitter.com/ciMtsOrTg0
Une consécration pour la Française qui a toujours tenu à s'aligner en simple et en double dans les tournois. Si cela fait un moment que sa carrière en double est bien lancée, en simple cela demeure encore en dents de scie. Cependant, depuis son association avec l'ancien coach de Naomie Osaka, Sascha Baijin, la jeune femme semble retrouver de belles couleurs, même si cela ne s'est pas traduit à Roland Garros en simple, la faute à une Petra Martic impressionnante. Les deux amies détiennent maintenant deux titres du Grand-Chelem, le premier acquis en Australie en 2018. Pour finir sa journée en beauté, il faudrait que le compagnon de Kristina Mladenovic, Dominic Thiem remporte son premier Roland-Garros contre Rafael Nadal ce dimanche. En conférence la Française et la Hongroise étaient forcément ravie et extrêmement fière, surtout après leur échec en finale à L'Open d'Australie. Néanmoins elle rappelle que sa priorité est et restera le simple.
#RG19 Deuxième sacre pour Kristina Mladenovic en double dames à Roland-Garros !
— France tv sport (@francetvsport) 9 juin 2019
Après l'avoir emporté avec Caroline Garcia en 2016, elle gagne le titre avec son amie et joueuse hongroise Timea Babos face à la paire Duan / Zheng (6/2 6/3) ! @KikiMladenovic #RG19 #RolandGarros pic.twitter.com/N4PZvhoKS1
Kristina, troisième titre en Grand Chelem. Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
Kristina MLADENOVIC.- Chaque titre est spécial, mémorable, il y a beaucoup d'émotions. Celui-ci est un plus pour moi, parce que c'est celui que je classerai en haut de la liste, parce que c'est le deuxième à Roland-Garros, et cette fois-ci je le partage avec Timea. Je crois que maintenant la terre entière sait combien je l'apprécie et je la trouve fantastique. Je n'ai pas de mots pour d'écrire les choses. Si vous me demandez avec qui et où je souhaiterais partager un trophée, ce serait ici et avec elle.
Même question pour vous Timea, qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
Timea BABOS.- Je dirais même réponse. De toute évidence, c'est ce pourquoi nous avons travaillé dur. Comme vous le savez, on n'est pas forcément des spécialistes du double, mais il se trouve qu'on est bonnes en double. On se complète très bien. Je suis très heureuse d'avoir pu vivre ce moment tout à fait spécial, de le vivre dans le pays de Kiki, chez elle.
Kristina MLADENOVIC.- Chez moi.
Timea BABOS.- C'est une émotion énorme à partager. Chaque finale est fantastique. On a fait beaucoup de finales ensemble. Les deux dernières n’ont pas terminé comme on le voulait et cela a été assez dur. Aujourd'hui, on a vraiment trouvé comment gagner ce titre ensemble, et j'en suis très heureuse. Il faut que les Français sachent que je parle un peu français.
Kristina, vous avez appris le Hongrois ?
Kristina MLADENOVIC.- Oui, je sais plein de choses.
Timea BABOS.- Elle parle assez de langues, c'est moi qui dois rattraper. (Rires)
Kristina MLADENOVIC.- Je sais qu'en Europe, le Hongrois, les gens ont l'impression d'entendre parler chinois.
Félicitations. Vous avez déjà répondu à cette question en anglais. En quoi ce titre est-il spécial ?
Kristina MLADENOVIC.- Chaque titre du Grand Chelem est fabuleux. Je n'ai pas de mots pour décrire. C'est à chaque fois un énorme titre, une aventure ; les semaines de Grand Chelem sont hyper longues. J'ai vraiment le privilège d'en avoir vécu énormément déjà. C'est quelque chose dont je suis très fière évidemment. Cette victoire aujourd'hui, on va dire c'est un troisième grand triomphe pour moi à Roland-Garros. Quand j'étais petite, je venais à Roland-Garros avec mes parents. J'avais vécu une bonne émotion en remportant le simple en Junior. Ma première grande finale chez les pros, c'était en mixte, finale perdue. Et le succès avec Caroline en 2016. Aujourd'hui, c'est très spécial. Je pense que vous voyez la complicité que nous avons, c'est vraiment mon amie d'enfance, ma meilleure amie. Une fois de plus à Roland-Garros, pour une française, c'est juste incroyable. Comme tous les Grands Chelems sont très spéciaux. C'est quelque chose, voilà, on en veut autant que possible. Quand on joue à la maison, c'est une adrénaline, c'est une pression encore plus, parce qu'on a envie de bien faire. Il y a toute une box pleine, avec la famille, les amis. C'est hyper rare. Ils ne nous voient jamais jouer, juste à la télé. C'est l’opportunité rêvée pour partager toutes ces émotions. C'est incroyable et inoubliable.
Félicitations. C'est une très belle histoire sportive et d'amitié. En quoi vous êtes semblables et différentes, s'il y a des différences entre vous de personnalité ou même dans le court ?
Kristina MLADENOVIC.- Je pense que les points communs sont surtout du côté sportif et carrière, travail. On est deux acharnées du travail. On est toutes les deux ambitieuses, on a la même philosophie concernant notre relation en double. Cela va peut-être paraître un peu choquant, mais on ne s'entraîne jamais en double. On veut vraiment développer, progresser dans nos jeux de simple. C'est notre philosophie. Quand on se retrouve, on estime que ce sera le meilleur des moyens pour être très performantes. On est d'accord sur quasiment tout du coup. Nos jeux se complètent extrêmement bien sur le court. Au fur et à mesure des années et des expériences, on connaît les faiblesses de chacune dans le jeu, mais aussi un peu dans la gestion. À travers nos grands succès, nos grandes défaites, on a su apprendre et " se protéger " ou cacher ces petites choses-là, utiliser nos forces. Cela fait la différence à force sur les grands événements pour répondre présentes. En dehors du terrain, par contre, on est très différentes, que ce soit nourriture, shopping, un peu de tout. Ce sont les deux opposées.
Kristina, félicitations. Tu parlais de cette quinzaine chargée émotionnellement. Tu aurais sûrement aimé aller plus loin en simple. Où places-tu les émotions que tu vis depuis trois jours à la fois en double avec Timea et dans le box de Dominic ?
Kristina MLADENOVIC.- Je suis vraiment une accroc au sport et à ces émotions. Des gens m'ont dit : « T'es folle, tu restes 5 heures à regarder Dominic. Tu te lèves à chaque point. Tu as une finale ou une demi-finale à jouer demain ». On vit pour des moments comme ceux-là, j'ai énormément de chance. Je les vis à fond, je ne veux pas avoir de regrets. Cela me donne une adrénaline encore plus forte pour revenir le lendemain. Après un match fabuleux d’une demi-heure, venir et vouloir faire la « même chose » aujourd'hui. Je pense que le plus dur reste à venir pour moi aujourd'hui en termes d'émotions. Sinon pour revenir sur cette quinzaine, c'est toujours très spécial surtout quand on termine avec un trophée, peu importe lequel au final. Comme je l'ai dit, ma priorité, c'est ma carrière en simple. Il est vrai que je me sentais très bien avant ce tournoi. Malheureusement, j'ai été arrêtée par une adversaire redoutable, qui a d'ailleurs prouvé derrière qu'elle était dangereuse et qui aurait pu aller très loin. C'était déjà un très beau parcours. Voilà, c'est le sport, une histoire de tableau, de timing, encore une fois. Cela n'empêchera pas, par rapport au double, de me remettre au travail, d'essayer mes chances encore et encore, de revenir plus forte. Je l'ai déjà vécu une fois, aller en deuxième semaine, un peu en dernier carré en simple. Je compte bien ne pas m'arrêter là et essayer avec toutes ces expériences acquises en double et tous les gens que j'ai tout autour de moi qui ont de l'expérience, d'aller au bout des grands tournois en simple.
Cette place de n°1 mondiale en double, qu'est-ce qu'elle représente pour vous ?
Kristina MLADENOVIC.- C'est un truc de fou. Je n'arrive pas vraiment à réaliser pour être honnête, c'est dur de décrire. C'est quelque chose qui restera à vie, qui figurera à côté de mon nom, de mon palmarès en carrière, qu’elle aura été mon meilleur classement. C'est quelque chose de grand. Je ne réalise pas, les gens m'en parlent beaucoup, surtout parce que je n'étais pas à la quête de ce titre. Comme je l'ai souligné, cette année, on a joué cinq tournois. On ne joue pas toutes les semaines, on n'est pas à la course aux points, au classement. C'est vraiment une richesse et la chance d'avoir autant de succès en termes de constance de résultats en double, alors que ce n'était pas un objectif. C'est juste grandiose d'accomplir cette chose là aussi. C'est forcément quelque chose dont je suis et dont je serai très fière à la fin.
Bonjour, félicitations pour ce nouveau titre. C'est le deuxième ici. Qu'est-ce que cela vous fait d'ajouter votre nom à cette coupe qui se nomme Simonne-Mathieu ? Connaissez-vous Simonne-Mathieu ? Qu'est-ce qu'elle représente pour vous ?
Kristina MLADENOVIC.- Je vais être honnête avec vous, je ne connaissais pas au début. Ancienne joueuse française. C'est juste un honneur. D'ailleurs, je vois mon nom en 2016 avec Caroline. Savoir qu'il y figurera deux fois, c'est très émouvant, c'est spécial. On regardait avec Timea, il n'y a pas un seul nom que l'on ne connaît pas sur cette liste. Je peux vous les citer, il y a Navratilova au moins 100 fois, les Williams… Il n'y a que d'anciennes championnes, les gens de notre sport ou d'anciennes n°1 mondiales de double, Errani, Vinci, Makarova… Ce n'est pas un hasard. C'est très prestigieux. C'est touchant.
Tu n'as pas joué le mixte ici, c'est prévu que tu le rejoues cette année ? Un mot sur Barty. Hier, elle a reçu beaucoup de messages d'autres joueurs ou joueuses sur les réseaux sociaux. Qu'est-ce que tu penses d'elle en tant que personne et joueuse ?
Kristina MLADENOVIC.- C'est une joueuse très complète, j'aime beaucoup son jeu : beaucoup de variations, un super touché, une très bonne volée. D'ailleurs, je tiens à souligner qu'on a failli les jouer en quarts de finale avec Azarenka. Elles ont perdu contre Stosur et Zhang. Remarquable. Je trouve qu’il y a une nouvelle période où toutes les meilleures joueuses de simples s’alignent en double. On a joué aussi Mertens Sabalenka en demi-finale. J'adore son jeu, très complet, énormément de variations. Je l'ai jouée à Rome, j'avais une très belle victoire. Pour moi, elle signifie encore plus quand je vois son état de forme et que derrière, elle est vainqueure de Roland Garros, cela me donne encore plus de motivation en me disant que le niveau est très proche. Sur son jeu, je n'ai que des belles choses à dire. Elle réfléchit énormément sur le terrain. J'aime bien ce côté-là, j'aime beaucoup son jeu. Elle mérite. Elle a géré ses matches les uns après les autres comme ils étaient, plus durs des fois mais un très beau jeu. Le mixte, j'ai mis de côté, parce que c'est assez difficile. J'ai envie de me concentrer sur le simple. Le double vient en complément. Ce serait trop les trois. Il y aura peut-être une surprise cette année, on verra. Je ne peux pas vous en dire plus.