Tennis. Roland-Garros - Guy Forget : "Je ne suis pas inquiet"
Par Valentin MAUDUIT le 28/04/2016 à 15:37
Vidéo - Le stade du futur et son nouvel écrin
Guy Forget, le nouveau directeur du tournoi depuis le départ de Gilbert Ysern, a accordé une interview au Point. L'ancien capitaine de Coupe Davis revient notamment sur sa nomination. "C'est une proposition qui peut difficilement se refuser. Gérer un tournoi comme celui-là quand on a grandi comme moi à la Fédération, quand on fait partie de la famille du tennis, c'est une suite logique et un honneur. Je dirige le tournoi de Bercy, je ne suis donc pas dépaysé. Je suis très excité de prolonger ma mission au sein du tennis français." Le célèbre gaucher ne compte pas révolutionner le Grand Chelem parisien, comme il a pu changer l'ambiance générale du tournoi de Bercy, en ajoutant un peu de "rock" en le rendant plus "underground". "On ne change pas une politique qui gagne. Quand on a la chance de prendre les rênes du plus beau tournoi du monde avec 450 000 visiteurs par an, on essaie de le faire évoluer, de l'améliorer et de gommer les quelques imperfections. Mais ce serait prendre un énorme risque de vouloir changer les grandes lignes. Nous procédons par petites touches. Cette année, un nouveau restaurant sera inauguré et, l'accueil des médias repensé. Aucune population ne doit être négligée".
L'ancien joueur se livre aussi sur un dossier épineux : les sièges VIP vides pendant les matchs. "Nous faisons passer le message aux partenaires, même si nous ne pouvons pas forcer les gens à rester sur leur siège toute la journée. Dans le village des partenaires, ils viennent faire du business, et c'est aussi un aspect essentiel du tournoi. Nous les sensibilisons, nous demandons aux cuisiniers de ne plus servir des plats 30 minutes avant les rencontres de l'après-midi. Cela prend du temps de changer les mentalités, mais nous ne devons pas nier notre identité, et les hospitalités en font partie." Malgré son profil d'ancien joueur, Forget ne souhaite pas se cantonner sur le plan sportif du tournoi. "Être directeur de Roland-Garros, c'est s'occuper de tout. De la relation des joueurs aux travaux de modernisation du stade, en passant par la rencontre des partenaires. On forme une équipe. Je vais gérer avec Jérémy Botton (directeur général de la FFT) toutes ces problématiques. Qui plus est, les relations avec nos sponsors m'intéressent. Nous les rencontrons, les écoutons et jouons au tennis avec eux. C'est important de garder un lien avec nos partenaires, car nous avons besoin d'eux dans tous nos projets, notamment l'évolution du stade".
Le contexte est tout de même compliqué dans le tennis français avec la fin de mandat pour Jean Gachassin, qui se trouve dans une passe délicate, et la suspension des travaux sur le site. Mais l'ex-numéro 4 mondial n'a pas et ne se met pas de pression. "Le tournoi de Roland-Garros se porte très bien. Le tennis est l'un des sports phares. Notre modèle économique est sain : tout ce qui est gagné est réinvesti dans le tennis. Les problèmes que vous évoquez sont liés à la politique. Nous sommes en période électorale. D'où certaines tensions. Ce n'est pas quelque chose qui me passionne. Jean Gachassin m'a demandé de venir pour que ce tournoi reste tout en haut. J'ai le privilège d'avoir de très bonnes relations avec les candidats qui se sont déclarés, donc, quel que soit celui qui sera élu, je défendrai toujours le tennis, le tournoi, la Fédération et l'image de notre sport." L'homme de 51 ans a aussi tenu à réagir sur l'affaire des billets revendus par les joueurs. "On sait que d'anciens champions ont accès à certaines places. Ils peuvent inviter leurs amis. Une toute petite minorité a voulu faire une plus-value. Nous avons fait un rappel à l'ordre et la surveillance sera accrue cette année. Ceux qui se sont livrés à ce genre de chose ne sont pas très malins. Il ne faudrait pas que l'image des anciens joueurs de la Coupe Davis soit abîmée par cette affaire." Shanghaï et Madrid voudraient franchir un cap en devenant pourquoi pas le cinquième Grand Chelem.
Guy Forget ne s'en fait pas pour son tournoi. "Je ne suis pas inquiet. Il faut rester serein et objectif. La force de notre sport réside dans les quatre tournois du Grand Chelem. Quel que soit l'argent que vous mettez sur la table, vous ne pouvez pas acheter l'histoire. L'ATP avait essayé de faire un cinquième Grand Chelem en Floride, j'y avais participé, ça n'a pas pris. Cependant, il est important de nous moderniser, de nous agrandir pour accueillir les joueurs, le public et les médias. Mais, je le répète, le plus important reste l'histoire. Et je peux vous assurer que Novak Djokovic viendrait gratuitement, il veut tellement remporter le tournoi !" Pour conclure, le directeur annonce un grand cru pour l'édition 2016 de Roland-Garros . "Je ne survends pas mon tournoi en disant que ça va être exceptionnel ! Djokovic veut le gagner. L'année dernière, il s'est fait surprendre par un époustouflant Wawrinka. Il va revenir hyper motivé. Mais sur sa route, il y aura un Nadal qui revient très en forme et a gagné en confiance, un Federer plus frais que jamais et pourquoi pas Gaël Monfils qui peut nourrir de nouvelles ambitions. Et chez les femmes, Serena Williams peut égaler le record de Steffi Graf. Sans compter les surprises... Cela va être passionnant !" Guy Forget semble s'épanouir dans ses nouvelles fonctions et compte bien faire évoluer la deuxième levée du Grand Chelem.