Tennis. Roland-Garros - Moutet, "vidé" : "Faut pas être devin pour le deviner"
Par Alexandre HERCHEUX le 28/09/2020 à 20:00
Corentin Moutet s'est bien battu, mais après 6h05 de combat, il s'est finalement incliné 0-6, 7-6 (7), 7-6(3), 2-6, 18-16 au premier tour de Roland-Garros contre Lorenzo Giustino. Une défaite qui fait forcément très mal, surtout qu'il s'agit désormais du 2e match le plus long de l'histoire après le célèbre Clément-Santoro de 2004.
Vidéo - Roland-Garros 2020 - Corentin Moutet a perdu son marathon !
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En conférence de presse, le Tricolore a reconnu être déçu mais sans "aucune honte" d'avoir perdu ce beau combat contre Giustino remarquable de combativité. "Sur quoi précisément cela s'est joué, je ne sais pas trop. Il m'a posé beaucoup de problèmes avec son jeu. Il a très bien joué, c'est un très bon joueur. Même s'il sort des qualifs, ce n'est pas du tout péjoratif pour lui. Je pense que c'est un bon joueur. Il a déjà gagné 4 matchs ici. Franchement, je n'ai aucune honte d'avoir perdu contre ce joueur, à part la déception d'avoir perdu, comme cela aurait été le cas contre n'importe quel joueur. Bravo à lui. On a joué beaucoup, on a joué très longtemps. Bravo à lui, tout simplement", a-t-il élégamment expliqué après la rencontre.
Lorenzo Giustino s'impose !
— France tv sport (@francetvsport) September 28, 2020
Après 6 heures et 5 minutes de jeu, l'Italien vient à bout du Français, qui aura pourtant servi 3 fois pour le match. Giustino l'emporte finalement 0/6, 7/6, 7/6, 2/6, 18/16. C'est le deuxième match le plus long de l'histoire à #RolandGarros ! pic.twitter.com/uQeWbcrB3Z
Un match très difficile. Est-ce que tu peux résumer ce qui s'est passé ? Quel est ton ressenti ?
Mon ressenti, je ne sais pas, le match a été très long. Je ne ressens rien actuellement dans mon corps, je me sens vidé.
Le match a duré un peu plus de 6 heures. Est-ce que tu regardais le chronomètre de temps en temps ? Est-ce que tu te sentais de tenir plus, de jouer une heure de plus s'il le fallait ? C'est le deuxième match le plus long de l’histoire à Roland-Garros. Je ne sais pas si tu le savais. On ne te l'a sûrement pas dit. Est-ce que tu te sentais de continuer le plus longtemps possible encore ?
Honnêtement, j'aurais préféré que cela dure un peu moins longtemps. Cela voudrait dire que j'aurais gagné mes jeux de service pour finir le match. Après, oui, j'étais prêt à continuer pendant plusieurs heures. Je ne sais pas si physiquement, j'aurais tenu. Je pense qu’on était tous les deux fatigués. Ce sont des conditions très sollicitantes physiquement. Déjà, de jouer un match normal avec ces conditions, ce n'est pas facile. Quand on joue plus de 6 heures, c'est sûr que c'était compliqué à la fin. S'il fallait jouer pour gagner encore une heure, j'aurais joué volontiers une heure.
Sur quoi cela se joue, du coup, à la fin, sur les derniers jeux ? Il y a un peu de chance d'un côté ? Un peu de petits bras ? Cela se joue sur quoi ?
Sur quoi cela se joue ? Cela se joue sur pas grand-chose. Je pense que cela se joue sur des détails. Je ne sais même pas sur quoi cela se joue. Honnêtement, j'ai fini le match il y a 10 minutes. Sur quoi cela se joue ? Sur des fautes directes que j'ai faites, sur des coups gagnants qu'il a faits, sur plein de choses. J'ai eu des occasions, je ne les ai pas saisies. Pourtant, j'en ai eu pas mal. Voilà, j'ai perdu le match parce qu'il y a forcément eu des points qu'il a gagnés et que j'aurais dû gagner. Sur quoi précisément cela s'est joué, je ne sais pas trop. Il m'a posé beaucoup de problèmes avec son jeu. Il a très bien joué, c'est un très bon joueur. Même s'il sort des qualifs, ce n'est pas du tout péjoratif pour lui. Je pense que c'est un bon joueur. Il a déjà gagné 4 matchs ici. Franchement, je n'ai aucune honte d'avoir perdu contre ce joueur, à part la déception d'avoir perdu, comme cela aurait été le cas contre n'importe quel joueur. Bravo à lui. On a joué beaucoup, on a joué très longtemps. Bravo à lui, tout simplement. Est-ce qu’il a été plus courageux, qu'est-ce qu'il a fait de plus que moi, je ne sais pas. En tout cas, il a gagné, il a tenu physiquement, et dans la tête. Donc, bravo à lui, tout simplement.
Je suis désolé, je remue un peu le couteau dans la plaie. Je suis désolé. C'est encore plus dur de perdre en 6 heures qu'en 2 ou 3 heures ? Ou cela n'a rien à voir ?
C'est plus dur physiquement, déjà. C'est sûr que cette nuit, je vais le sentir. Je ne vais pas pouvoir faire de grandes folies cette nuit. Mais physiquement, dans la tête, c'est sûr que cela fait plus de mal, parce que j'ai passé beaucoup de temps sur le terrain. Et quoi d'autre ? Cela fait toujours mal de perdre, surtout en Grand Chelem à Paris. Il y avait quand même des spectateurs. C’était vraiment cool, ils sont venus me voir, m'encourager, malgré le public restreint. Merci à eux. Ils sont venus m'encourager. Franchement, il y avait tout pour que je gagne ce match. Enfin, tout le monde a tout fait pour que je gagne ce match. Je n'ai pas réussi à gagner. C'est sûr que ça fait mal. Après, si j'avais perdu en 2 heures, je l'aurais peut-être plus senti venir. Cela aurait sûrement fait un peu moins mal. Mais je pense qu'il ne faut pas être devin pour le deviner.
Cela fait quelques jours, je pense, maintenant, que tu es séparé de tes proches.
Quelques mois.
Quelques mois ! Justement, j'imagine que cette période était très dure. Est-ce que tu vas pouvoir aller les retrouver ? Est-ce que c'est le seul petit point positif, peut-être, je ne sais pas ?
C'est compliqué, parce qu'on a peur. Moi, j'ai peur d'être positif parce que si je suis positif, cela voudrait dire que je ne peux plus pratiquer mon métier. Donc, c'est vrai que l'on est poussé un peu à rester tout seul, que ce soit en dehors des tournois, pendant les tournois, c'est un peu compliqué, surtout quand j'habite à 3 minutes d'ici, c'est compliqué de devoir rester à l'hôtel, loin de ses proches. C'est compliqué. Après, c'est pareil pour tout le monde. Je ne dis pas que je suis plus malheureux qu'un autre. Je dis juste que c’est compliqué de ne pas voir sa famille, de ne pas partager cela avec eux. J’ai l’habitude, chaque année, de le partager avec mes proches. Ce n'était pas possible cette année, c'est dommage, mais bon, c'est pour le bien de tous, et c'est nécessaire. Il y a des choses qui sont plus importantes que notre bien-être, en tant que joueurs de tennis. Il faut faire avec. Mais c'est sûr que ce n'est pas facile. Déjà que sur le circuit, on est amené à être beaucoup seul, à ne pas voir beaucoup ses proches, là encore plus, on les voit encore moins. C'est vrai que c'est compliqué.