Tennis. Roland-Garros - Novak Djokovic inquiète : "Je ne sais pas si je pourrai jouer"
Inépuisable Novak Djokovic. Après avoir été au bout de la nuit pour faire tomber l'Italien Lorenzo Musetti samedi, le Serbe est à nouveau passé par toutes les émotions ce lundi, en huitièmes de finale de Roland-Garros, avant de l'emporter, devant Francisco Cerundolo (n°23). Au bord du gouffre, le numéro 1 mondial, touché au genou, a finalement fait plier l'Argentin, 6-1, 5-7, 3-6, 7-5, 6-3 et 4h40 de jeu. Il aura droit à un remake de la finale 2023, mercredi, face à Casper Ruud (n°7). En espérant que l'état du Court Philippe-Chatrier s'améliore d'ici là, Djokovic se plaignant du manque de terre battue sur le terrain, raison pour laquelle il s'est blessé selon lui. Le court a souffert suite aux conditions météorologiques difficiles des derniers jours particulièrement humides sur la capitale.
Vidéo - Novak Djokovic après sa qualification pour les quarts
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"Je ne me sentais pas assez bien pour courir. À un point où je me suis demandé si je devais continuer ou pas"
Comment te sens tu ? On sait que tu avais un patch au genou avant d'arriver à Roland Garros au match.
Cela fait deux semaines environ, que j'ai une légère gêne au genou droit, si je puis dire. Mais ce n'était pas vraiment une blessure préoccupante. J'ai joué plusieurs tournois avec. Il n'y a pas eu de problème avant aujourd'hui. Bien entendu, le fait d'avoir fini tard il y a deux jours n'a pas aidé, ni le sommeil, ni le biorythme, ni la récupération. Mais je me sentais très bien en arrivant au match, aussi bien que l'on pouvait se sentir, étant donné les circonstances. J'ai très bien joué le premier set. Au troisième jeu du deuxième set, j'ai glissé. C'est une des nombreuses fois où j'ai glissé, où je suis tombé aujourd'hui. Cela a affecté mon genou. J'ai commencé à sentir une douleur.
J'ai demandé le traitement du kiné, une interruption médicale, pour essayer de résoudre le problème. Cela m'a perturbé dans mon jeu, je dois le dire, pendant deux sets, deux manches, deux manches et demie. Je ne voulais pas des échanges trop longs. À chaque fois qu'il faisait des amorties soudaines ou changeait de direction, je ne me sentais pas assez bien pour courir. À un point où je me suis demandé si je devais continuer ou pas. Puis j'ai eu le traitement médical.
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"Je ne sais pas ce qu'il se passera demain ou après-demain, si je serai en mesure d'aller jouer sur le terrain"
Après le troisième set, j'ai demandé un autre médicament. C'était la dose maximale, qui prend à peu près 30, 35 minutes, pour faire effet. Ce qui m'amenait à la fin du quatrième set, où les choses ont commencé à aller mieux pour moi, et effectivement, j'ai commencé à me sentir moins restreint dans mes mouvements. L'ensemble du cinquième set, je dirais, je n'ai pas ressenti de douleur, ce qui est une bonne chose. Mais l'effet des médicaments ne va peut-être pas durer très longtemps. On va faire un peu de tests, d'autres tests, d'autres check up demain. Nous en avons déjà fait avec le médecin, juste après le match. J'ai des nouvelles positives, mais quelques inquiétudes. Nous verrons demain. Je ne peux pas vous en dire davantage pour l'instant.
Je suis content d'avoir pu jouer le cinquième set, et les trois ou quatre jeux, les trois ou quatre échanges du quatrième set. On verra ce qu'il se passe demain. J'ai eu des moments dans ma carrière où j'ai eu des déchirures musculaires, ou d'autres problèmes. Néanmoins, j'ai joué pendant des tournois. Je ne suis pas le seul. Beaucoup de joueurs jouent avec différentes blessures. Ils prennent des anti-inflammatoires. Il y a aussi l'adrénaline qui vous aide à aller de l'avant, dans le tournoi. Parfois, c'est pour un match ou deux, parfois, c'est sur l'ensemble du tournoi. La bonne chose, dans un Grand Chelem, c'est que vous avez un jour intermédiaire, qui permet de mieux guérir, je dirais. À vrai dire, je ne sais pas ce qu'il se passera demain ou après-demain, si je serai en mesure d'aller jouer sur le terrain. On verra.
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Le Serbe s'impose face à Francisco Cerundolo à l'issue d'un match titanesque (6-1, 5-7, 3-6, 7-5, 6-3) ! Il disputera son quinzième quart de finale consécutif porte d'Auteuil. 🚀
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"Le terrain est devenu glissant, je me suis blessé le genou aujourd'hui à cause de cela"
Quels ont été les problèmes avec le terrain, et qu'as-tu ressenti dès le début du match ?
Les circonstances, et la situation météorologique de cette année, étaient particulières. Il y a eu beaucoup de pluie, d'humidité, des conditions lourdes et boueuses sur les courts, qui affectent les courts. L'humidité impacte la surface, c'est une surface vivante ! Aussi vivante que le gazon, mais sur le gazon, on ne peut pas faire grand-chose. Sur un court en dur, on sait ce que c'est. Mais la terre battue, on peut avoir un effet dessus, en travaillant le sol. Et pour ce qui est de la qualité des terrains en terre battue, Roland Garros est le meilleur du monde, cela ne fait aucun doute. Je connais les gens qui travaillent cette terre battue depuis des années. J'ai de très bonnes relations avec eux. J'ai parlé avec l'un d'entre eux, quelques heures avant mon match, à propos du balayage du court, tous les deux ou trois changements de côté.
Heureusement, aujourd'hui, le soleil s'est montré. Mais je dirais que le temps des jours passés a affecté le court, et a affecté les couches supérieures de la terre battue. Je ne sais pas ce qu'ils ont fait exactement. Je crois qu'ils ont enlevé une partie de la terre battue. Donc, il y avait très peu, quasiment pas de terre battue, en surface. Et à cause des conditions plus sèches, plus chaudes, qui ont affecté le terrain, il est devenu très glissant. Je me suis blessé le genou aujourd'hui à cause de cela, parce que j'ai glissé, j'ai beaucoup glissé. Tout le monde glisse sur la terre battue, c'est sûr. Mais j'ai glissé trop souvent. C'est inhabituel.
"Est ce qu'on aurait pu l'éviter ? Peut-être. Avec, peut-être, un traitement plus fréquent des courts pendant les sets"
Bien sûr, moi, j'ai un déplacement agressif, j'ai des changements de direction rapides et dynamiques. Mais je suis tombé sur la terre battue, sur le gazon, de nombreuses fois dans ma vie. Mais là, c'était trop, trop de fois aujourd'hui. J'ai discuté avec l'arbitre de chaise, en disant : « Est ce qu'il serait possible de balayer le terrain, peut-être pas à chaque changement, mais peut être quand on change de côté, toutes les deux ou trois fois ? Et peut-être pas attendre la fin d'un set ». Elle a dit qu'elle allait vérifier, elle a parlé au superviseur des personnes qui s'occupent des terrains. La réponse a été non. J'ai demandé des explications de la part du superviseur. Je ne blâme personne, ni un individu, ni un groupe de personnes, pour cela. J'essaie de comprendre le processus, et de voir en quoi cela endommagerait le terrain de le balayer, puisque nous, on le fait avec nos pieds, et avant de lancer la balle, souvent, on nettoie avec notre chaussure, ou on fait rebondir la balle. Je ne vois pas en quoi balayer pourrait endommager le court. Au moins, cela aiderait, si on pouvait ramener un peu plus de terre battue sur le court, pour réduire légèrement le risque de glisser. Parce que, quand vous vous déplacez pendant les échanges, vous déplacez la terre battue. Il y a des endroits où il n'y a plus de surface. Vous n'êtes plus que sur une base dure.
Je sais que certains membres de mon équipe sont en train de discuter avec les gens de Roland-Garros pour essayer de comprendre. J'essaie de comprendre pourquoi ce serait si compliqué de le faire, et pourquoi on nous oppose toujours une réponse négative. On ne peut pas dire que ce sont des conditions habituelles. On ne peut pas les traiter comme telles. Il y a eu de la pluie, il y a eu du mauvais temps pendant des jours, même des semaines, et cela a affecté le court. Je suis certain que les gens qui s'occupent des terrains ont énormément à faire, je ne dis pas qu'ils le font mal. Je sais qu'ils font de leur mieux. Mais j'essaie de comprendre. Si un joueur ressent quelque chose, pourquoi… Qu'est-ce qu'on doit attendre pour que cela ne se reproduise plus ? Aujourd'hui je suis tombé, j'ai survécu. J'ai gagné. Mais est ce que je pourrai jouer le prochain match ? Je ne sais pas, je ne connais pas la gravité de ma blessure. Est ce qu'on aurait pu l'éviter ? Peut-être. Avec, peut-être, un traitement plus fréquent des courts pendant les sets.
Most Grand Slam wins, all-time:
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370 - Djokovic 🥇
369 - Federer
314 - Nadal
233 - Connors
224 - Agassi
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"Après 45 minutes, les anti-inflammatoires ont fait de l'effet"
Peux-tu nous dire à quel moment exactement tu t'es dit qu'il faudrait peut-être arrêter, et pendant combien de temps as-tu pensé à cela, et pourquoi as-tu continué ?
Tout de suite. Quand j'ai eu ce moment où je me suis blessé, le kiné est venu, j'ai eu une interruption médicale. Le jeu d'après, j'ai vu que les soins ne m'avaient pas vraiment aidé, même si le kiné avait fait de son mieux. À ce moment, je me suis dit : on ne peut pas résoudre les choses. On peut essayer d'arranger les choses, au mieux, pour permettre que je continue à jouer. C'est ce qu'a fait Alejandro, mon kiné. Mais j'ai bien vu que je n'étais plus à 100 %, je n'arrivais plus à avoir des changements de direction comme je le souhaitais, de courir beaucoup, sur des amorties qu'il faisait. Il l'a vu, il a fait beaucoup d'amorties. La plupart d'entre elles, je les ai regardées sans bouger.
Je sais que, pour lui, ce n'est pas facile non plus de jouer contre quelqu'un qui ne se déplace pas bien pendant deux sets, puis qui recommence à bien jouer et à bien bouger après. Je sais que ce n'est pas une situation idéale, pour lui. Mais pour moi, ce qui s'est passé, c'est ce que je vous ai dit tout à l'heure, et je peux le répéter. Si j'ai poursuivi, c'est parce que je voulais voir si les anti-inflammatoires supplémentaires que j'allais prendre, allaient me permettre de réduire cette contrainte. Et c'est ce qui s'est passé. Après le troisième set, j'ai demandé au médecin de me donner quelque chose de plus, il m'a dit : « voilà, je ne peux pas te donner plus que cela, mais je te donne cela ». Cela a suffi. Après 45 minutes, cela a fait de l'effet. Cela m'a permis de jouer au mieux la fin du match.
"Cela faisait deux semaines que cela me gênait un peu"
Une autre question sur le genou. Est ce qu'il y a un traumatisme qui t'a atteint ces dernières semaines ? Ou c'est simplement le fait que tu as 37 ans ?
Merci de me le rappeler ! (Rires.) En fait… C'est probablement l'usure. Mais c'est vrai que cela faisait deux semaines que cela me gênait un peu. Mais je n'avais pas l'impression d'être impacté sur le court. Dès que je m'échauffais, cela allait bien, je pouvais courir, faire des grands écarts. Cela n'était pas un problème, une fois que j'étais en train de jouer. À froid, je sentais cette gêne. Donc aujourd'hui, encore une fois… C'est vrai que l'on a fait particulièrement attention ces derniers jours avec le kiné, à mon genou, avec la crainte que quelque chose se produise. Cela a sûrement aidé. Mais je ne sais pas, aujourd'hui, ce sont des choses qui arrivent. Tu es sur le court, tu glisses, tu fais un faux mouvement, tu te fais mal, et puis c'est probablement une partie plus faible de mon corps qui avait déjà un historique de quelques semaines, et qui a réagi. C'est tout ce que je peux dire pour l'instant.