Tennis. Roland-Garros (Q) - Geoffrey Blancaneaux au 3e tour ?
Par Tennis Actu le 19/05/2016 à 14:14
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Cette fois, en faisant la route depuis Soisy-sur-Seine, Michel Blancaneaux essaiera de ne pas rater le début de match de son fiston et son 2e tour des qualifications à Roland-Garros ce jeudi. Son fils vainqueur lundi dernier du japonais Moriya au premier tour des qualifications, après avoir sauvé deux balles de match. Le jeune francilien, 802e mondial, va affronter l’expérimenté slovaque Andrej Martin. Ancien international d’aviron, le papa est bavard. Il a la certitude que la carrière de Geoffrey, 17 ans, suivi par l’entraîneur fédéral Cédric Raynaud, va prendre une nouvelle trajectoire ascendante. En espérant rejoindre tout là-haut un certain Roger Federer…
Alors Michel, il y a une petite larme après cet exploit de Geoffrey face à Moriya ?
Un peu plus même. On a vécu cela avec ma femme, qui avait pris sa journée de repos. C’était un événement assez particulier. Attendu. A ne pas louper. Car le Japonais était l’un des dix joueurs à prendre. Il a réussi à nous faire un scénario incroyable avec deux balles de match sauvées. J’étais entouré par son club du CS Marne (Val-de-Marne). Tout le monde espérait que ça allait basculer. C’était d’autant plus particulier que l’arbitre était James Keothavong, un Anglais badgé or. Geoffrey s’était entraîné avec sa sœur.
A quel âge vous l’avez mis au tennis ?
Ce n’est pas moi ! Ma femme l’a inscrit au club de Soisy-sur-Seine (Essonne) et à l’époque, Geoffrey ramassait les balles pour son frère, né en 1996. A dix ans, Maximilien était numéro un français. Il fait 210 matches et il en a perdu sept. Mais il a eu une ostéochondrite, une maladie des cartilages du genou. Je dis heureusement car il a trouvé une autre voie, le golf, dans un collège américain au Texas. Il joue 0.
Vous parlez ouvertement de projet pour Geoffrey. C’est beaucoup de sacrifices ?
Je n’utiliserais pas ce mot. C’est vrai que je l’ai beaucoup suivi. Grâce à l’INSEP, je suis bien soulagé désormais. Mais Geoffrey est demandeur et la Fédération a bien compris l’intérêt d’avoir des parents associés. Je ne perturbe pas les entraînements. Je donne simplement ce que font les Nadal ou autres : l’affection d’un père. Aujourd’hui, je pense qu’on a trouvé un trinôme efficace. Quand Geoffrey a besoin de moi, il le fait savoir par sa mère, car les garçons, ce sont des coqs (rires). C’est une énorme chance de vivre en commun avec son enfant sa passion. Je suis issu de l’aviron et de la voile et je prends autant de plaisir à emmener mes enfants au golf, au tennis qu’au tour de Belle-Ile.
Il avait remporté l’Open 10-12 de Boulogne…
Oui, à cette époque, il était tout petit, les gens me disaient : ‘’Il n’a aucune chance’’. Lors de sa première année de l’INSEP, Geoffrey a pris 17 centimètres. Là, il est à 1,80 m. Aux Petits As, quand il avait joué Michael Mmoh, c’était David et Goliath ! Il y avait un décalage physiologique mais pas de ridiculité. Geoffrey a toujours été accrocheur. Mais sans jamais casser de raquette. C’est une question d’éducation.
Cette wild-card, vous la sentiez venir ?
Geoffrey a gagné Beaulieu chez les juniors fin avril. Ca a dû contribuer. Mais l’attribution des wild-cards, c’est un schéma très particulier. Tous les staffs notent les enfants. Il y a une méthode de calcul. Un classement sort qui est ensuite proposé à la DTN. Puis au comité du tournoi.
Quels sont les objectifs du projet ?
Roger Federer est né le 8/8/1981 et Geoffrey le 8/8/1998. Soit le ‘’triple 8’’. Je lui mets une petite pression : rentrer dans le Top 100 avant le 8/8/2018. Et comme remporter un Grand Chelem en 2028, ça ferait petit joueur, on a trouvé une astuce. 3 x 8 font 24. Donc, l’objectif, c’est de gagner un Chelem avant 24 ans. Geoffroy le dit ouvertement, l’assume et ça peut l’aider. Il croit énormément en cette histoire de 3 fois 8.
Et si cela ne se réalise pas ?
Ce sera peut-être 2019! On sera numéro un, c’est clair. J’ai vu des gens qui m’ont rassuré. Comme Nick Bollettieri, à qui je n’ai pourtant jamais donné un euro.
7 000 Euros, c’est le plus gros chèque que Geoffrey ait jamais remporté ?
(il réfléchit) Oui, bien sûr. Mais je ne vois pas cela comme un retour sur investissement. On a passé une très grosse étape. Mais, vous savez, on n’a jamais débouché une bouteille de Champagne après notre titre de champion de France 12 ans. Mais bon, on est fils de rhumier…
Propos recueillis par E. S. pour la rédaction de Tennis Actu