Tennis. Roland-Garros - Rafael Nadal a savouré son 12e Roland-Garros
Par Alexandre HERCHEUX le 11/06/2019 à 06:46
Incroyable Rafael Nadal. Opposé à Dominic Thiem pour ce qui était le remake de l'année passée, l'Espagnol s'est adjugé son douzième trophée des Mousquetaires en s'imposant 6-3, 5-7, 6-1, 6-1. En face, Dominic Thiem n'a pas démérité en prenant cette année un set à son adversaire. Mais rien à faire, Nadal est dans son jardin à Roland-Garros et continue encore plus de marquer l'histoire avec ce 18e grand chelem remporté et pourtant, l'Espagnol aurait pu être absent cette année.
Vidéo - Rafael Nadal savoure son... 12e Trophée de Roland-Garros !
En effet, en conférence de presse, le taureau de Manacor a fait part de ses doutes à Barcelone, en début de saison sur terre battue, et a reconnu avoir hésité à faire un break pour récupérer. Un break qui l'aurait peut-être éloigné de Paris : "Après le premier tour de Barcelone, j'ai réussi à rester seul dans une pièce pendant quelques heures pour réfléchir à tout ce qu'il se passait et à ce que je devais faire. Il me fallait prendre des décisions sur quelques problèmes : soit je décidais de m'arrêter pendant un temps pour que mon corps puisse récupérer, soit je changeais d'attitude radicalement et de mentalité pour jouer les semaines qui suivaient." Finalement, son approche plus positive lui a permis de triompher pour la 12e fois. Assez incroyable d'imaginer que le roi aurait pu être absent alors qu'il est aujourd'hui titré et qu'il a tout écrasé sur son passage.
Durant deux sets, le doute était permis. Mais, dès le début du troisième set, le Majorquin a éteint les espoirs de l'Autrichien et de ses supporters. Redevenu conquérant et destructeur, Nadal a écrasé son adversaire dans les deux dernières manches pour remporter son 12e titre Porte d'Auteuil. "Cela a été le match le plus difficile, le plus long et c'est le match qui a été le plus difficile, c'est clair. Je pense que c'est le match d'aujourd'hui. A aucun moment je ne me suis dit : voilà, ça y’est, j'ai réussi à avoir le douzième trophée. Pas du tout."
Avec 18 titres du grand chelem, Rafa n'est plus qu'à 2 longueurs de Roger Federer. Plus si loin d'autant que le Suisse ne remportera peut-être plus de Majeur. De quoi imaginer un Rafa désireux de recoller à son meilleur ennemi mais pourtant... L'Espagnol ne considère pas cela comme un objectif et a reconnu ne pas y avoir pensé après son 18e succès : "Oui, bien sûr, on se motive mutuellement. J'ai perdu plus de 15 Grands Chelems dans ma carrière. Pour être honnête, je ne me plains jamais vraiment. Je n'essaie jamais de penser à rattraper Roger. Très honnêtement, je ne suis pas très préoccupé par cela. On peut bien sûr décider que l'on va être frustré tout le temps parce que votre voisin a une plus grande maison que vous ou une plus grosse télévision, ou un plus joli jardin. Ce n'est pas comme cela que je vois la vie. J'essaie simplement de faire les choses comme je le sens et je me sens très chanceux de tout ce qu’il m'est arrivé. Si en fin de carrière j'arrive à gagner encore quelques Grands Chelems et à me rapprocher du palmarès de Roger, tant mieux. Ce serait incroyable." Si Rafa brille à Wimbledon, Roger Federer sentira le Majorquin dans son cou. De quoi écrire encore un peu plus l'histoire tous les deux.
Félicitations. Maintenant qu'il y a 12 victoires et que dans les deux dernières heures on vous a posé toutes les questions, y a-t-il une question que vous aimeriez que l’on vous pose et qui ne vous ait pas été posée ?
Non, je n'ai pas encore répondu à des questions quasiment. Je pense que les questions seront les mêmes que d'habitude, mais je serai ravi d'y répondre.
Comment avez-vous pu monter au filet 27 fois et faire 23 points alors que ce n'est pas quelque chose que l'on attend habituellement ?
En général, quand je monte au filet, c'est que je suis en bonne position et que je peux faire une bonne volée pour finir le point. C'était important parfois dans la partie d'aujourd'hui. Il était important de ne pas perdre le contrôle du court contre lui, car il est très difficile de jouer en arrière, parce qu'il est très puissant. Il est difficile de retourner quand je suis très en arrière sur le court. Donc j'ai pu gérer la situation. Le premier set a été très dur : forte intensité, des points fantastiques. C'était impossible de tenir ce rythme pendant tout le match. Le deuxième set, on gagnait notre service à l'aise, chacun. Puis il a joué un bon jeu, j'ai joué un mauvais jeu à 6/5. Ensuite, je suis allé aux toilettes, j'ai pu réfléchir à ce qu'il se passait et revenir avec d'autres idées de jeu.
Félicitations pour ce 12ème titre ici, à Roland-Garros. C'est juste une réalisation exceptionnelle en Grand Chelem. Vous avez eu des années difficiles en termes de santé. Vous avez dû vous retirer de certains tournois ou déclarer forfait parfois. Cela rend-il cette victoire de Roland-Garros encore plus satisfaisante ?
Cette année a été difficile, mais l'an dernier aussi. Ce n'est pas uniquement cette année. J'ai pu jouer dans neuf événements et je n'ai pu terminer que sept d'entre eux. L'an dernier, à Wimbledon, c'était serré. À l’US OPEN, j'ai dû me retirer. J'ai dû ensuite avoir une intervention sur le pied en début de saison. Bien entendu, j'ai eu des problèmes par exemple à Indian Wells, à Acapulco. J'ai eu beaucoup de problèmes au cours des 18 derniers mois, cela rend ces dernières semaines encore plus spéciales.
Carlos Moya nous disait combien ces derniers mois ont été difficiles pour vous. Dans quelle mesure cela a été difficile de revenir au plus haut de votre forme mentalement ?
C'est difficile quand on a des problèmes qui se succèdent. Après Indian Wells, je peux vous dire que j'étais mal mentalement, physiquement aussi. Mentalement, j'étais en baisse, j'avais perdu un peu de mon énergie, parce que j'avais eu trop de problèmes l'un à la suite de l'autre. Quand vous avez un problème, c'est comme quand vous recevez des coups d'un côté et de l'autre et que vous finissez groggy en vous demandant ce qu'il va vous arriver ensuite. Pour moi, ce qui était important dans ces moments, c'est mon équipe, ma famille, d'être entouré par les bonnes personnes, cela aide énormément. Et puis, à Monte-Carlo et au début de Barcelone, c'était difficile pour moi. Je ne prenais pas de plaisir en fait. J'étais trop préoccupé par ma santé. Et pour être honnête, j'étais trop négatif. Ensuite, après le premier tour de Barcelone, j'ai réussi à rester seul dans une pièce pendant quelques heures pour réfléchir à tout ce qu'il se passait et à ce que je devais faire. Il me fallait prendre des décisions sur quelques problèmes : soit je décidais de m'arrêter pendant un temps pour que mon corps puisse récupérer, soit je changeais d'attitude radicalement et de mentalité pour jouer les semaines qui suivaient. En fait, je pense que j'ai réussi après cette réflexion poussée à changer les choses, à me battre à nouveau pour toutes les petites améliorations l'une après l'autre. Je crois que ce premier match contre Marin à Barcelone a marqué un début d'amélioration. Après, j'ai continué à m'améliorer jusqu'à aujourd'hui. J'ai mieux joué à Madrid et encore mieux à Rome. Ensuite, je suis ici. Ce sont petites choses qui se sont améliorées jour après jour par les bonnes tactiques, par la bonne passion. C'était la seule manière pour moi de revenir au niveau où je suis aujourd'hui. Le fait d'avoir ce trophée avec moi signifie énormément. C'est une satisfaction personnelle aussi d'avoir pu changer cette dynamique.
Bravo pour aujourd'hui. Après l'Australie, Novak était un peu comme vous aujourd'hui. Il a dit : « Maintenant, il faut que je change ». Dans votre carrière, vous n'avez jamais été à deux Grands Chelems de Roger depuis que vous avez commencé. Qu'est-ce que vous pensez du fait que vous n'avez plus que deux trophées d'écart avec lui, après tous vos problèmes de blessures ? Ensuite, dans quelle mesure le fait d'être si proche de lui vous motive ? Vous vous motivez l'un l'autre ?
Oui, bien sûr, on se motive mutuellement. J'ai perdu plus de 15 Grands Chelems dans ma carrière. Pour être honnête, je ne me plains jamais vraiment. Je n'essaie jamais de penser à rattraper Roger. Très honnêtement, je ne suis pas très préoccupé par cela. On peut bien sûr décider que l'on va être frustré tout le temps parce que votre voisin a une plus grande maison que vous ou une plus grosse télévision, ou un plus joli jardin. Ce n'est pas comme cela que je vois la vie. J'essaie simplement de faire les choses comme je le sens et je me sens très chanceux de tout ce qu’il m'est arrivé. Si en fin de carrière j'arrive à gagner encore quelques Grands Chelems et à me rapprocher du palmarès de Roger, tant mieux. Ce serait incroyable. Pour l'instant, les choses qui m'arrivent sont incroyables. Avant que vous me posiez la question, c'était la dernière chose qui me venait à l'esprit. Ce qui compte est d'être sur le court et de bien jouer. Ce qui se passera à l'avenir, on verra. Je ferai de mon mieux pour continuer à aimer le tennis, à me donner la possibilité de jouer au plus haut niveau.
Rafa, je peux vous poser une question sur Wimbledon ? Est-ce que vous pensez que vous allez jouer d'autres tournois avant Wimbledon ? Vous avez fait un très bon tournoi à Wimbledon l'an dernier. Pouvez-vous comparer votre forme maintenant, juste avant Wimbledon à ce qu’elle était il y a 12 mois ?
J'ai fait un très bon tournoi l'an dernier. Je n'étais pas loin de gagner le titre, comme on le sait. Tout le monde sait que j'aime jouer sur le gazon. Comme tout le monde le sait aussi, je ne peux pas jouer autant de semaines de suite qu'il y a dix ans. Je dois organiser mon programme. Les deux dernières années, quand j'ai joué Wimbledon, je me suis senti tout proche, même si j'ai eu le problème du match avec Muller. J'étais quand même en quarts de finale. L'an dernier, j’étais aussi à un point de la finale. Donc je ne jouerai pas avant Wimbledon. D'après mon expérience, il vaut mieux être bien préparé avec des bons entraînements, peut-être faire quelques matchs avant. Je me suis senti très compétitif les deux dernières années. Pourquoi changer cette manière de faire, ce qui me donne le plus de chances de gagner et d'être en bonne santé ?