Tennis. Roland-Garros - Saga des qualifications : Andrei Medvedev, notre n°4 !
Par Jules HÉRODE le 22/05/2020 à 13:00
En cette deuxième quinzaine de mai, il règne - crise sanitaire oblige - une atmosphère bizarre autour du stade Roland-Garros. Une impression de vide absolu. Habituellement, le quartier est bouclé, l'effervescence est palpable, les vrais amateurs de tennis sont au bord des courts annexes. C'est une semaine magique. On peut voir de près des joueurs qui jouent souvent leur peau pour toucher le Graal : l'accès au grand tableau d'un Grand Chelem. On revoit des anciens, on découvre des jeunes loups affamés. Tennis Actu s'est amusé à effectuer le Top 5 des qualifiés les plus prestigieux du French. L'occasion de revivre des épopées inespérées. Un classement forcément subjectif mais au final, il n'y aura guère de surprises si vous maîtrisez vos qualifs... Après le parcours du lucky loser David Goffin en 2012, l'épopée d'Andrei Medvedev en 1992.
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La formidable épopée d’Andreï Medvedev à Roland-Garros
En 1991, Andrei Medvedev remporte le tournoi juniors de Roland-Garros face à Thomas Enqvist. Un joli titre qui augure d’une balle carrière mais l’Ukrainien ne pensait sûrement pas frapper un gros coup l’année suivante, chez les grands… Mais il a grandi vite. Une demi-finale à Genève, en septembre, lui permet de se hisser au 250e rang mondial. Après une défaite en fin d’année au Challenger indoor de Munich face à… Thomas Enqvist, il disparait des radars. Il ne réapparait qu’au printemps. Il atteint les quarts à Munich et se pointe aux qualifs de Roland-Garros avec le dossard 176. L’insouciance de ses 17 ans lui permet de franchir ses trois tours de chauffe.
Le voilà dans le grand tableau. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il va « kiffer » son premier Grand Chelem. Pourtant, le sort ne lui a pas été favorable en lui offrant Jakob Hlasek, tête de série n°16. Le Suisse avait fait très mal aux Bleus de Yannick Noah en coupe Davis en mars à Nîmes mais derrière, il avait tiré la langue. Il arrivait de Düsseldorf où il avait perdu ses trois matches en coupe du Monde. S’il pensait avoir de la marge face à un jeune insolent, il déchante vite. Andrei Medvedev signe un succès éclair (7-6, 6-3, 6-4).
Stoppé par Jim Courier
La légende de l’Ukrainien est en marche. Au deuxième tour, il hérite de Kevin Curren. Célèbre pour avoir atteint la finale de Wimbledon en 1985, le Sud-Africain n’excelle pas sur terre battue. Et Medvedev saisit merveilleusement sa chance au terme de quatre sets (6-4, 4-6, 6-1, 6-3). A l’époque, les tableaux ne comportaient que 16 têtes de série et le troisième tour est encore jouable pour l’Ukrainien. Il s’agit de Todd Woodbridge. L’Australien, 51e mondial, avait éliminé Arnaud Boetsch et Derrick Rostagno. Pas de quoi impressionner le jeune joueur de l’Est. En trois sets secs, l’affaire est réglée. Un môme de 17 ans est en deuxième semaine de Roland-Garros et les médias commencent à s’intéresser à lui. D’autant qu’il va s’attaquer au tenant du titre : Jim Courier. Méfiant, sûr de ses forces, le rouquin américain botte les fesses d’Andrei Medvedev (6-1, 6-4, 6-2).
Mais la machine est lancée : Medvedev décroche son premier titre trois semaines plus tard sur la terre battue de Genève. Le mur du 100 est franchi et on se dit que ce grand gabarit a le potentiel pour décrocher le Graal Porte d’Auteuil. Il faudra attendre le cru 99. Entre temps, l’Ukrainien s’est heurté à une sacrée concurrence : Sergi Bruguera en demies en 1993. En 1994, il gagne Monte-Carlo et Hambourg mais bloque encore sur le catalan Sergi, en quart cette fois. Il est pourtant 4e mondial… En 1995, il regagne Hambourg mais un certain Thomas Muster le stoppe en huitième à Paris.
La glissade est amorcée. En 1996, il dégringole au 33e rang et connaît un sacré coup d’arrêt au premier tour du French Open face à Bodan Ulihrach. Sorti momentanément du Top 40, il s’accroche. Il gagne de nouveau Hambourg en 97 face à Felix Mantilla mais tombe face à l’« inconnu » Gustavo Kuerten en huitième de finale à Roland-Garros. 7-5 au cinquième set : la pilule est dure à avaler…
1999 : Andre Agassi et un short à rayures
L’année suivante, il plonge à l’ATP. Il est cueilli d’entrée Porte d’Auteuil par Andrea Gaudenzi. Son printemps 1999 se limite à une apparition à Monte-Carlo. Il est tout juste dans le cut pour Roland-Garros et il pointe au 100e rang mondial quand les Internationaux de France débutent. Andrei Medvedev a le cheveu ras, joue avec des fringues dépareillées – un célèbre short à rayures - mais un exploit face à Pete Sampras – alors n°2 mondial – lui ouvre un boulevard. En quart, il prend une savoureuse revanche sur « Guga ». Le Brésilien Fernando Meligeni lui donne du fil à retordre mais il tient sa finale après 2h59. Celle-ci, disputée face à Andre Agassi, restera dans les annales. A la rue pendant deux sets, l’Américain sauve des balles de break décisives et Medvedev laisse passer la chance de sa vie. Il n’en aura pas d’autre...