Tennis. Roland-Garros - Sofia Kenin : "Mon état d'esprit n'est plus le même"
Par Paul MOUGIN le 04/10/2020 à 09:00
Première qualifiée de la journée, Sofia Kenin a déroulé contre son adversaire du jour en 74 minutes (6-2, 6-0). Seulement 2 petits jeux laissés en route par l'Américaine et surtout 12 jeux remportés consécutivement. A partir de 2-0 en sa faveur, Irina Maria Bari n'a plus été capable de remporter le moindre jeu. Un match qui devrait donner de la confiance à la tête de série n°4 de ce Roland-Garros même si tout n'a pas été parfait puisqu'elle a tout de même concédé 11 balles de break. En huitièmes de finale, elle pourrait retrouver Fiona Ferro, si toutefois la Tricolore se défait de la Roumaine Patricia Maria Tig.
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A la suite d'un match très serré jeudi contre Ana Bogdan, Kenin est heureuse de ne pas avoir laissé le suspense s'installer cette fois. "Ce n'était peut-être pas aussi difficile. J'étais peut-être plus fatiguée. Je voulais bien commencer mon match et puis, à la fin, j'ai commencé à faire des amortis juste pour m'amuser. Je me suis dit : pourquoi pas ? Et elle a changé de braquet à un moment. C'était chouette de pouvoir engranger 12 jeux de suite quand même."
La troisième est la bonne 👌
— France tv sport (@francetvsport) October 3, 2020
Sofia Kenin s'impose face à Irina Bara, 6-2, 6-0 ! Menée 2-0, l'Américaine a enchaîné 12 jeux de suite pour s'imposer face à la Roumaine #RG20
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Tu es sortie sur une telle bonne lancée après l'Open d'Australie et puis boum !, il y a eu la pandémie. Est-ce que cela t'a coûté en termes d'élan compétitif ou commercialement ? Peux-tu parler de cela ? On a l'impression que c'était il y a 10 ans maintenant alors que c'était seulement il y a 10 mois ?
Oui, j'étais complètement dévastée par ce qu'il s'est passé, bien sûr, dans le monde entier. Quant à moi, effectivement, c'était dur parce que je m'attendais à avoir le circuit américain, à déployer mon meilleur tennis et tout s’est arrêté brusquement. Cela a beaucoup changé. Il a fallu que je prenne du recul par rapport à tout cela. C'est forcément décevant, mais je n'ai pas eu le choix. Le timing n'était forcément pas le mieux et c'est la première fois que cela pouvait arriver à quelqu'un après le fait de remporter un Grand Chelem, mais il a fallu quand même que je compose avec cela, que je prenne du temps, que je comprenne ce qui était en train d'arriver, que je retrouve ma motivation. Puis, depuis la reprise, j'ai eu des bons matchs. J'ai notamment joué un match d’exhibition et c'était bon de sortir de la maison aussi, et Roland-Garros !
Finalement, cet arrêt brusque après cette grande percée, quel a été l'avantage de tout cela ? Est-ce qu'il y a eu un bon côté ?
J'ai beaucoup travaillé sur ma forme physique. J'ai donc essayé de prendre le côté positif quoi qu'il arrive. C'est cela le point positif, et puis le fait d'être à la maison c'est différent. D'habitude, je suis toujours sur la route et je me plains toujours de ne pas être à la maison, là j'ai pu être à la maison pendant quelque temps. A ce moment-là, je me plaignais parce que je voulais retourner et reprendre la route.
Alors, tu es arrivée en huitièmes pour la plupart des Grands Chelems Il y a très peu de joueuses qui font la même chose. Cette année, il semblerait que tu as une vraie constance dans les Grands Chelems, alors que les autres joueuses ont plutôt un parcours en dents de scie. Ton niveau au niveau des Grands Chelems, comment le perçois-tu ?
Effectivement, l'Open d’Australie était le meilleur. A moins que je gagne Roland-Garros, à ce moment-là, ce sera le deuxième meilleur bien sûr mais j'ai le sentiment qu'il fallait que j'enchaîne les tournois, j'étais dur avec moi. L'état d'esprit n'est plus le même depuis que j'ai gagné l'Open d'Australie. Un match est un match et je suis ravie de remporter la victoire à chaque fois. Je veux déployer mon meilleur tennis à chaque fois mais j'ai surtout le sentiment que je veux aller plus loin dans le tableau principal, notamment en quarts de finale et continuer.
C'est intéressant que tu dises cela, parce que beaucoup de joueuses, après avoir remporté un Grand Chelem, se disent : il faudrait faire la même chose, peu importe ce qui se passe. Toi, tu sembles avoir un état d'esprit différent. Le fait d'aller à l'US Open, d'aller à Roland-Garros en quoi est-ce différent pour toi ?
Je suis déjà tête de série, je ne vais pas jouer contre les têtes de série au premier match. Chaque match est un match et il faut se préparer physiquement mentalement et quand je sais que je ne joue pas contre une tête de série, déjà, cela me permet de retrouver mes automatismes. Ensuite, on joue contre des têtes de série et là, à ce moment-là, c'est là que cela devient plus intense. En Grand Chelem, tout le monde peut jouer et gagner à n'importe quel match.
As-tu le sentiment que la dynamique a changé quand tu fais des conférences maintenant par rapport à Melbourne, quand tu étais avec d'autres journalistes ? En quoi cela a changé ?
Cela n'a pas beaucoup changé, mon attitude ne change pas en conférence de presse, mais ce n'est pas très agréable, je préférais à Melbourne, quand tout le monde était présent dans la pièce. J'étais surprise par la fréquentation importante de journalistes. A chaque fois que je remportais des matchs, il y avait de plus en plus de journalistes qui répondaient à l'appel et j'espère que ce sera encore le cas plus tard.
Sur ce point, quand tu as joué à l'US Open et maintenant tu joues à Paris, les gradins sont vides, on a juste quelques joueurs ici et là, notamment le staff. Est-ce plus facile d'oublier que tu joues un Grand Chelem ? Qu'est-ce-qui fait, selon toi, que tu te rappelles que tu joues un Grand Chelem?
Je le sais, croyez-moi ! Qu'il y ait du public ou non. Quand il y a du public, ils sont vraiment dans le match et je puise mon énergie dans le public mais quand vous êtes dans un Grand Chelem, vous êtes dans un Grand Chelem, si vous l'oubliez, à ce moment-là, c'est fou parce qu'on peut le voir quand même ; il y a des jours de repos, il y a des victoires, il y a les sensations et si vous perdez à ce moment-là, les sensations sont plutôt difficiles.
Tu vas jouer ou contre Fiona Ferro ou contre Patricia Tig, quelles sensations as-tu ? Comment abordes-tu ce match contre l'une ou l'autre ?
Je n'ai jamais été contre Patricia mais je sais qu'elle a eu un très beau parcours jusqu'ici. D'ailleurs, je la regardais avant, j'ai vu un ou deux jeux, c'est tout, et ce n'est pas suffisant, mais j'ai joué contre elle à Charleston en qualifications, je crois que j'ai gagné 6-1, 6-2 mais c'était un match serré. C'est une bonne joueuse. C'est une bonne terrienne, elle a un bon coup droit, un bon service. Elle avait vraiment des coups gagnants et puis elle utilisait aussi le public et donc il faut que je fasse attention. Ensuite, j'essaierai de voir si je peux dérouler un plan de jeu particulier.
Félicitations, Simona Halep a dit qu'elle serait contente si Roland-Garros avait lieu deux fois par an. Y a-t-il des tournois de cette sorte pour toi ?
L'Open d'Australie à moins que je remporte Roland-Garros mais l'Open d'Australie, ça c'est sûr !