Tennis. Roland-Garros - Un combat de plaidoiries au TGI de Paris
Par Clémence LACOUR le 05/11/2016 à 14:37
Vidéo - L'extension de Roland-Garros approuvée par le gouvernement
Alors que les décisions sur le fond dans l'affaire de l'extension de Roland-Garros devraient être rendues le 10 novembre, les travaux, qui avaient été suspendus le 3 novembre par un arrêt du TGI, ont repris depuis le 18. Le gouvernement avait autorisé les travaux en juin, mais la bataille judiciaire fait rage depuis l'origine (2011) et dure encore, entre les opposants, attachés au patrimoine historique que représentent les serres d'Auteuil et conduits par la famille Formigé, l'un des créateurs du site, et la FFT, qui souhaite agrandir Roland-Garros afin de péreniser le Grand Chelem pour le rayonnement sportif de Paris. Le Point a pu suivre les débats au Tribunal de Grande Instance de Paris, avec pour objets scéniques dessins de l'architecte du projet et plans des serres d'origine.
La Famille Formigé plaide le respect des Serres et du jardin historique
Si la FFT ne prévoit que de supprimer des serres techniques et des "serres chaudes", qui abritaient des espèces tropicales déplacées, sans intérêt selon la FFT et datant des années 1950 afin de consrtuire le stade smi-couvert de 5000 places, les opposants, eux, s'inquiètent de la place symbolique que tiendront désormais les serres d'Auteuil. Elles ne seront plus, selon eux, que l'arrière plan du stade, ce qui dénaturera le site actuel : "Cela va devenir les jardins du stade"" s'indigne l'avocat de la famille Formigé. Un stade qui prendra alors toute la place : "Il va devenir l'élément central du jardin", "écraser les perspectives" et "dénaturer un jardin original à l'ordonnancement rythmé". Et Me Zagury de montrer, plans de 1898 à l'appui, que ces serres récentes étaient prévues dès l'origine. "Le nouveau bâtiment va être plus grand, plus important que le Palmarium, la serre principale. C'est comme si on mettait un mur à trois mètres de votre fenêtre" ajoute-t-il, analogie à l'appui.
La FFT et la Mairie de Paris plaident le respect de l'esprit de modernité
La FFT, indignée, explique qu'il s'agit là de mauvaise foi : "La hauteur maximale du stade est de 8 mètres, alors que le Palmarium est à 16 mètres", conteste Me Julien Guinot-Deléry, "Le nouveau court a été conçu semi-enterré, entièrement bordé de serres, pour s'intégrer dans la plus grande harmonie au jardin". Il détaille ensuite tous les travaux de rénovation prévus, afin que le projet de Roland-Garros s'intègre au mieux à celui de Jean-Camille Formigé, ce que confirme l'avocat de la Mairie de Paris : "Si on soutient ce projet, c'est qu'on est convaincu qu'il ne porte pas atteinte à l'oeuvre de Formigé", d'autant, que, selon lui, les héritiers ne démontrent pas l'originalité du jardin, jetant aux orties l'argument de dénaturation du site : "Vous parlez d'ordonnancement, de rythme: une barre HLM peut être rythmée, en quoi est-elle originale?". La FFT renchérit alors, plaidant que la modernité de son projet serait en adéquation avec la modernité de Formigé, qui, rappelle Le Point, fut un ami de Gustave Eiffel et rappelle cette citation du bâtisseur des serres : "Vouloir tout conserver, sans discussion et sans choix, c'est du fétichisme".