Tennis. Roland-Garros - La révolution des wild-cards à Roland-Garros ?
Par Thibault KARMALY le 15/05/2017 à 13:42
Roland-Garros pourrait vivre une petite révolution dès la saison prochaine... soit en 2018. À l’occasion de la conférence de presse tenue le 26 avril 2017 sous la tribune du court Philippe-Chatrier à Roland-Garros, Bernard Giudicelli, le président de la Fédération française de tennis (FFT), a annoncé la mise en place d'un nouveau système concernant l’attribution des wild-cards pour le Grand Chelem parisien dès l'an prochain, en 2018. À l'heure actuelle, 16 invitations sont délivrées pour les tableaux principaux de simples (masculin et féminin), dont 4 sont réservées à un joueur et une joueuse d'Australie et des Etats-Unis par accord entre les Fédérations nationales de ces pays.
Vidéo - Giudicelli présente le futur système des wild-cards à RG18
Ce sont donc 12 sésames qui sont octroyés chaque année à des Français(e)s pour les tableaux principaux : 6 pour les Messieurs, 6 pour les Dames. Si jusqu'à lors, ces wild-cards sont délivrées selon aucun critère sinon le seul choix discrétionnaire des instances nationales, Bernard Giudicelli, le nouveau patron du tennis français, a annoncé qu'une "course pour Roland-Garros" serait mise en place l'an prochain : les joueurs et joueuses français(e)s qui auront gagné le plus de points sur des tournois disputés en France gagneront le droit d'être invités au Grand Chelem parisien (vidéo ci-dessous). L'objectif de la nouvelle équipe dirigeante du tennis français : développer une "culture de la gagne" et éviter que désormais, "un Gianni Mina se fasse exploser sur le Central par Rafael Nadal", dixit le président de la Fédération française. À noter que d'après nos informations, un système de coefficients est à l'étude concernant cette "course pour Roland-Garros" : un coefficient 1 serait attribué aux points obtenus dans des tournois disputés sur dur en France, et un coefficient de 2 serait quant à lui appliqué pour les points gagnés lors les tournois disputés sur terre battue.
"Nous allons établir une ‘Race’ pour l’année prochaine,
qui va s’appuyer notamment, mais pas exclusivement,
sur les tournois français"
"Nous avons la volonté de développer cette culture de la gagne. Concrètement, si je regarde les deux derniers mandats, à part un jeune joueur que vous aurez identifié, aucun garçon et aucune fille n’est sorti des qualifications", regrette d’abord le nouveau patron du tennis français. "Ce qui veut dire que l’attribution des wild-cards sur le simple ‘satané potentiel’ n’est pas performante. Il faut donc que nous créions une vraie culture de la gagne et que l’attribution de ces wild-cards soit le fruit d’une volonté qui se mesure jour après jour sur les tournois." Une fois le constat dressé, le président de la FFT a rappelé qu’il souhaitait mettre en place ce nouveau système dès cette année, mais que les délais entre son élection et sa prise de fonction, et le début de Roland-Garros étaient trop courts pour convaincre l’ensemble des joueurs français sur une mise en place d’un tel système dès l’édition 2017.
"L’engagement que nous avions pris auprès de nos mandants, c’était de développer un classement des Français sur la base des points ATP et WTA gagnés sur les tournois en France. Ce classement, nous l’avons établi. Nous l’avons publié, nous en avons informé les joueurs et cela a soulevé une certaine émotion chez plusieurs d’entre eux. Nous avons consulté nos experts – en l’occurrence, notre podium – et nous avons convenu, ce qui démontre qu’on est à l’écoute de notre écosystème et de nos joueurs, de conserver le principe actuel mais de le revoir pour l’année prochaine", a ainsi expliqué Bernard Giudicelli lors de cette conférence de presse. "Nous allons établir une ‘Race’ pour l’année prochaine, qui va s’appuyer notamment, mais pas exclusivement, sur les tournois français. Ce qui est tout à fait intéressant, c’est que cette réponse-là a eu un effet … Hier soir, j’avais au téléphone Michel Blancanneaux qui était à Grasse et qui était très surpris de voir des inscriptions massives sur ce tournoi de terre battue (rires). Cela nous fait quand même penser que, on était pas peut-être pas juste dans le timing, mais on est sur le bon chemin."
"Bien sûr Mathias Bourgue a fait un match exceptionnel l’an passé,
mais qu’est devenu Mathias Bourgue derrière ?"
Détaillant des éléments de son projet sportif 2017-2020, Bernard Giudicelli, le président de la FFT est ensuite longuement revenu sur la future gestion individuelle des futurs "enfants-champions" français. L'idée sous-jacente : repérer les champions très jeunes, les accompagner ainsi que leur famille jusqu'au plus haut niveau et faire en sorte qu'ils aillent décrocher leur qualification pour Roland-Garros au mérite. "Il faut vraiment que l’on retrouve cette culture de la gagne. Quand je parlais de ce ‘satané potentiel’, c’est un élément très important de notre projet sportif pour les années qui viennent. Cette culture de la gagne, elle va passer par trois éléments essentiels", annonce ainsi le patron du tennis français. "Le premier, c’est de considérer qu’un champion, dès qu’il arrive au monde, est un être d’exception, mais qu’il ne devient exceptionnel que s’il est entouré d’une famille. Et deuxièmement, cette famille ne devient celle du champion qu’à partir du moment où elle informée voire formée. Il y a des familles qui ne sont pas prêtes à assumer le statut de leur enfant-champion, il y en a certaines qui y arrivent, certaines qui échouent et d’autres qui explosent. Pour nous, l’élément de la famille est très important. Et puis troisième élément, c’est la reconnaissance que nous devons avoir envers un monde qui est professionnel. Nous sommes tous des dirigeants bénévoles, mais nous devons nous adapter aux réalités du professionnalisme et donc, identifier le professionnel dès qu’il a des talents pour le devenir, le former : nous allons développer ce contrat d’apprentissage à l’âge de 15 ans. Nos jeunes auront un statut d’apprenti-champion. Et nous allons ensuite les aider, les accompagner et les professionnaliser, ainsi que leur famille."
"Ainsi, lorsque va arriver ce moment, on va dire autour de la 300e place mondiale, où ils auront la possibilité d’aller décrocher cette qualification pour le tournoi, et bien il faudra qu’il l’acquière sur la base d’une course et cette ‘Race’, tout le monde en connaîtra les règles. C’est sans doute l’erreur que nous avons commise cette année et il faut l’assumer, et nous l’assumons et je l’assume. Mais elle a démontré que le système de wild-cards délivré en chambres à quelques-uns simplement au doigt mouillé, et bien on, en tout cas moi, je n’en veux plus. Je n’ai plus envie de mettre un Gianni Mina sur le Central se faire exploser par Nadal, voilà. Il faut former nos jeunes, il faut les aguerrir pour qu’ils arrivent à conquérir et avoir la capacité de rivaliser au plus haut niveau. Bien sûr Mathias Bourgue a fait un match exceptionnel l’an passé, mais qu’est devenu Mathias Bourgue derrière ? Comment il l’a vécu ? C’est cette graduation qu’il faut que arrivions à faire", explique ensuite Bernard Giudicelli en référence à l'exploit qu'a failli réaliser Mathias Bourgue (23 ans, 140e) l'an passé à Roland-Garros, aui avait mené deux sets à un au deuxième tour face à Andy Murray, avant finalement s'incliner en cinq manches (6-2, 2-6, 4-6, 6-2, 6-3). "Et puis il faut être aussi modeste et humble. Quand on voit la performance des Américains à l’Australian Open avec leurs cinq jeunes qui sortent des qualifications, cela donne à réfléchir. Comme dis l’autre, il faut remettre cent fois l’ouvrage sur le métier pour repartir vers ce qui est notre cœur de métiers, à savoir : l’éclosion, l’accompagnement et la formation de champions. Les wild-cards de Roland-Garros vont être les wagons qui manquent à la locomotive. Pour cette année, on va tenir compte de ces informations dans le classement, cela sera un des indicateurs mais nous allons attribuer les wild-cards avec le directeur du tournoi, le futur DTN et moi-même." Nulle doute que dès 2018, ce nouveau système, cette nouvelle "Race to Roland-Garros" fera jaser au sein des joueurs français. Doit-on y voir une petite "révolution" dans le tennis français, la fin d'un privilège de certains joueurs ?