Tennis. Roland-Garros - Wawrinka met Paris et Djokovic à ses pieds
Par Bastien RAMBERT le 07/06/2015 à 18:25
Stanislas Wawrinka a sorti un match colossal pour remporter son premier Roland-Garros. Le Suisse, 9e au classement ATP, a dompté en quatre sets (4-6, 6-4, 6-3, 6-4) et 3h12 de jeu le numéro un mondial, Novak Djokovic, trop nerveux et qui trébuche pour la troisième fois - après 2012 et l'an dernier - à une victoire du Grand Chelem en carrière. C'est le second titre majeur pour Wawrinka, vainqueur de l'Open d'Australie 2014.
Comme un symbole. C'est à l'aide d'un ultime revers (décroisé long de ligne), son arme de destruction massive, que Stan Wawrinka est allé chercher son premier Roland-Garros. Il serait bien trop réducteur de dire que le Suisse de 30 ans ne propose que des parpaings dans tous les sens. Son sacre à l'Open d'Australie l'an dernier nous a montré que son mental est passé à un autre niveau : celui des joueurs capables de sortir un match XXL dans les grands rendez-vous. C'est ce qui s'est passé ce dimanche à Paris face à Novak Djokovic, vaincu en quatre manches (4-6, 6-4, 6-3, 6-4). Parfois crispé et secoué comme un prunier par un Wawrinka en mode "bison", le numéro un mondial s'incline pour la troisième fois à une marche du sacre Porte d'Auteuil. Son rêve de Grand Chelem en carrière s'envole une nouvelle fois, comme celui du Grand Chelem calendaire, lui qui s'était imposé à Melbourne fin janvier.
C'est pourtant Djokovic qui a frappé le premier avec un break blanc à 3-3 sur une double faute adverse. Le Serbe semblait dans sa bulle, lui qui décochait une première extérieure efficace pour effacer une balle de 5-5 avant de remporter le premier set 6-4, après 43 minutes. Il était légitime de penser que le gain du premier acte pouvait libérer "Nole". C'est le contraire qui s'est produit. La tension l'a rattrapé, lui qui avait pourtant dominé coup sur coup Rafael Nadal (nonuple vainqueur du tournoi) et Andy Murray (invaincu jusque-là sur terre). On l'oublie souvent mais un joueur de tennis reste un être humain même si Djokovic est capable bien souvent de proposer un tennis de mutant.
Djokovic démarre bien puis flanche
Le premier set remporté par Djokovic était donc trompeur, les statistiques moins (7 coups gagnants, 7 fautes directes). En plus d'être tendu (son jet de raquette a failli toucher un ramasseur), le Serbe a manqué de tranchant et d'explosivité. Wawrinka en a profité pour se libérer et réaliser un véritable festival en fond de court avec des missiles (un revers a notamment été chronométré à 158 km/h) en fond de court, un service souvent de plomb mais aussi une lucidité retrouvée malgré quelques prises de risque kamikazes. A l'aide d'un coup droit gagnant, le Vaudois réalisait son premier break de la partie à 3-2 dans le deuxième set. A l'instar de Djokovic, il sauvait parfaitement la balle de debreak adverse (coup droit gagnant) et recollait à un set partout. Il augmentait encore son niveau d'un cran pour survoler le troisième set face à un Djokovic dans les cordes et bien mal inspiré avec de nombreux lobs trop longs et des amorties bien tendres.
Dos au mur à deux sets à un contre lui, le Serbe retrouvait de la longueur pour mener rapidement 3-0 dans le quatrième. Un avantage qu'il n'a pu conserver. C'est lui qui a craqué le premier sur un long rallye qui offrait le debreak à Wawrinka à 3-1. Derrière, les deux hommes offraient un spectacle sublime au public, Djokovic sauvant deux balles de break à 3-3 à l'aide de deux volées superbes avant que Stan ne réponde avec un "triptyque" volée gagnante/revers gagnant/service gagnant au jeu suivant de 0-40 à 40-40 ! Wawrinka allait chercher seul son ultime break à l'aide d'un revers long de ligne monumental. Il tenait bon pour devenir le nouveau roi de Paris, Djokovic dévissant auparavant en coup droit sur balle de break.
Wawrinka revient au quatrième rang mondial
Le numéro un mondial va devoir se remettre de ce troisième coup de bambou sur sa tête. En 2012 et l'an dernier, il était tombé sur un Rafael Nadal encore maître de la terre battue. Cette fois-ci, il semblait avoir toutes les qualités requises pour être le nouvel "élu." Il a finalement craqué, lui qui était invaincu depus fin février. Wawrinka peut savourer à plus d'un titre : on ne lui reparlera plus de son "One Shot" (première finale, première victoire en Majeur) à l'Open d'Australie. Celui qui était avant dans l'ombre de son glorieux compatriote Roger Federer (unique vainqueur helvète à Roland-Garros jusqu'à ce dimanche) est désormais l'égal des Lleyton Hewitt, Marat Safin, Ilie Năstase, Sergi Bruguera, Patrick Rafter et autres avec deux titres en Grand Chelem. L'histoire avait de toute façon bien assez de place pour deux Suisses.