Tennis. Rolex Paris Masters - Benneteau : "Ma plus belle émotion"
Par Thibault KARMALY le 04/11/2017 à 15:10
Julien Benneteau l'a fait ! Le Bressan s'est hissé en demi-finales du Rolex Paris Masters en dominant Marin Cilic (7-6, 7-5) ce jeudi en quarts de finale. Après avoir sorti Denis Shapovalov, Jo-Wilfried Tsonga et David Goffin, "Bennet'" a réussi un la sensation du jour en éliminant la tête de série 3 du tournoi parisien. Il devient ainsi le deuxième joueur de l'histoire bénéficiaire d'une wild-card à se hisser en demies à Bercy, après Michaël Llodra en 2012. La réaction du Français en conférence de presse après son incroyable performance ci-dessous.
Vidéo - Julien Benneteau : "Ma plus belle émotion"
Elle est si bonne que ça cette salle ? Raconte-nous les sensations. Tu t’étends sur le dos derrière... Hallucinant quoi !
Je voulais un peu en profiter. Honnêtement, c'est une salle de dingue ! Vraiment, ça fait un bruit. On sent les gens proche. C'est génial quoi. C'est génial de jouer dans une salle comme ça avec un public comme ça. C'est la plus belle salle de France, c’est l'une des plus belles salles d'Europe maintenant. Avoir l'opportunité d'avoir un tournoi dans une salle comme ça, c'est juste magique. Y briller, c'est fabuleux. Ce sont vraiment des émotions très, très fortes.
Quelle place prendra cette victoire et ce tournoi dans votre carrière, dans vos souvenirs ? Ce n'est pas fini, mais si vous pouviez le classer ou les classer ?
Là, Il est assez haut dans ce que j'ai fait dans ma carrière. Et puis on verra quand ça se terminera où est-ce que je le mettrai. C'est un peu trop tôt pour le dire pour l'instant. Mais, momentanément, c'est sûr qu'à titre individuel, c'est certainement ma plus belle émotion.
Tu peux parler de tes sensations tennistiques entre aujourd'hui et hier ?
Hier, c'était énorme les sensations que j'avais, la manière dont j'ai frappé la balle et tout ça. Aujourd'hui, c'était bon tennistiquement parlant, sauf que sa balle m'a gêné beaucoup plus. Son coup droit m'a énormément gêné alors que je ne pensais pas. Finalement, c’est son revers qui a été de temps en temps un peu plus fébrile. À des moments, son revers, il se couchait dessus, la balle était longue et restait basse. C'était très dur pour moi de tenir et de la remonter. Et justement il ne fallait pas que je la remonte et derrière il se décalait en coup droit et il me la mettait de l'autre côté. Donc c'était compliqué. Mais l'ensemble, entre l'adaptation un peu tactique, l'intelligence de gens sur certains moments-clés, les choix que j'ai opérés, les changements que j'ai opérés pendant le match notamment au service sur des zones, le côté mental et le côté physique de ce match, tout cela fait que c'est certainement mon match le plus accompli.
Tu as dit à la fin du match que l'appétit venait en mangeant. Est-ce que tu as encore la dalle ?
Oui, forcément. Forcément. Après, comme je l'ai dit hier, si je commençais à penser à autre chose que le match de demain, je serais le roi des cons. Aujourd'hui, j'ai réussi à ne pas l'être. Je vais tout faire pour ne pas le devenir demain.
Tu expliquais en début de semaine que c'était difficile de battre les Top joueurs cette année. Là, tu as visiblement eu un déclic. Qu'est-ce qui fait que tu arrives à battre 3, 4 joueurs d'affilée mieux classés que toi finalement ?
Battre des mecs mieux classés que moi, je l'ai déjà fait. Deux Top Ten de suite, je ne l'ai jamais fait. Battre trois mecs Top 15… Jo, il est quoi ? Top 15, Top 16 ? Trois mecs Top 15 de suite, pareil, je n'ai jamais fait. 15, il est… Je pense sincèrement, depuis l'US Open, chaque semaine où j'ai joué, il s'est passé des bons trucs. L'US Open, je perds au premier tour contre Goffin en simple mais je fais quart en double en jouant bien. Et le match contre Goffin n'est pas dégueulasse. Je vais à Metz, je fais un bon premier tour, je me fais sortir par Almagro, il sert 20 aces ce soir-là. Je perds 7-6, 7-5, 7-6, 7-6, je crois, je ne sais plus, mais je gagne le double. Derrière, je vais à Orléans, je fais finale en faisant des gros matches, derrière je vais à Anvers, je gagne des matches en simple, je gagne des marches en simple à Bâle en enchaînant, en enchaînant. Et donc cette constance que j'ai eue là sur le dernier mois et demi, même plus, les deux, trois derniers mois fait qu'aujourd'hui, sur ce tournoi-là où je n'ai rien à perdre parce que c'est mon dernier Bercy, parce que je suis content d'être là, parce que c'est fabuleux, tout ça, plus l'accumulation de cette confiance, fait que je produis du très bon tennis cette semaine.
Je ne sais pas si tu as vu le tweet d'Arnaud Clément passer, mais as-tu peur d'avoir tweeté trop vite dimanche dernier ?
Non, je l’ai vu et pour l’instant, ce n'est pas d'actualité.
Mais tu…
Ce n'est pas l'actualité. (Rires.) À dimanche au cas où...
Ce serait énorme...
Ce n’est pas d’actualité Eric !
Tu te rends compte quand même que ce serait fantastique... ?
Ce n'est pas d'actualité. Il y a Loïc Courteau qui m'appelle...
Ah, c’est bon signe ça ! Tu marques des points pour la Coupe Davis !
Répond à Loïc Courteau au téléphone : je suis à la presse Lolo. Il y a Eric qui me demande si j’ai marqué des points pour la Coupe Davis… (Rires.)
Je voulais savoir à quel moment précisément tu as pris la décision d'arrêter en 2018, pour quelle raison ? Si le niveau de jeu et le classement continuent à augmenter comme ça, est-ce que cela pourrait te pousser à revenir sur cette décision malgré tout ?
Les deux dernières années, moi, j'ai galéré. C'est-à-dire que non seulement des satisfactions comme celles-ci, je n'en ai pas eu, mais chaque semaine, il y avait plutôt de la frustration et de la déception qui l'emportaient plutôt que de la joie. Il y a eu deux trucs très bons : la finale en double à Wimbledon et le fait d'être appelé et de jouer la Coupe Davis au mois de mars où là je me dis : « Ok, tout ce que j’ai fait, ça valait le coup ». Après, le reste, quand je galérais en challenger, quand je faisais de mauvais matches… Je n'ai gagné qu'un match en Grand Chelem par exemple alors que c'est ce qui me motive à mon âge, je n’ai gagné qu’un match l'année dernière à Wimbledon, autrement j’ai fait des premiers tours et j’ai eu des mauvais tirages, mais je n'ai pas réussi. C'est dur à mon âge de continuer à y aller. Et aussi, familialement, j'ai envie d'être plus présent à la maison, plus avec ma femme et avec mon fils. Le tennis, il faut être sur la route du 1er janvier au 30 octobre pour être performant. Cela demande un investissement et des sacrifices à beaucoup de niveaux pour pouvoir être... Et comme je n'ai pas envie de faire les choses à moitié, je n'ai pas envie de ne pas être compétitif si je ne joue pas. Voilà. Je n'ai pas regardé le classement, je sais à peu près combien de points j'ai pris, je ne sais pas du tout à combien je vais me retrouver. En revanche, je crois que je vais avoir un luxe incroyable : c’est de pouvoir choisir là où je vais m'arrêter. Je vais être dans le tableau final jusqu'à Wim… ?
Pour moi, de pouvoir aller jusqu'à Wim, sans rien demander et de pouvoir jouer une dernière fois à Roland, croisons les doigts, j’espère ne pas être blessé et maintenir ça, mais à 36 ans, je ne peux pas rêver mieux. Je suis béni des Dieux. Je suis allé le chercher. Je n'ai rien lâché depuis deux ans. Tout à l’heure, j'en ai reparlé avec le doc qui m’a vu, lui, au quotidien avec mon entraîneur physique faire des exercices à deux à l’heure pour mes adducteurs et compagnie, et il m'a dit : « tu as donné de la force à tout le monde à Roland au CNE en voyant ce que tu fais maintenant et c'est génial. » Quelque part, je suis allé chercher ça. Je ferai un point vraiment en décembre quand tout sera passé pour faire un calendrier 2018 cohérent entre mes envies, être compétitif et être présent pour ma famille.