Tennis. US Open - Rafael Nadal : "C'était le jour ou jamais"
Par Clémence LACOUR le 09/09/2017 à 09:52
Face à Juan Martin Del Potro, Rafael Nadal était prévenu : il allait avoir à un adversaire très fort, qui avait écarté coup sur coup Dominic Thiem et Roger Federer. Pour l'Espagnol, qui n'avait pas joué de réels matchs tests, c'était "le moment où jamais" pour sortir son plus grand tennis et filer en finale pour remporter un deuxième Grand Chelem en un an, et consolider ainsi sa place de n°1 mondial. En conférence de presse, il est revenu sur cette belle victoire qui le propulse au rang de favori absolu pour le titre en expliquant, notamment, qu'il avait surtout gagné sur le plan tactique. Il pourrait être le premier vainqueur de l'US Open à remporter le tournoi sans avoir affronté un seul membre du top 10.
Vidéo - Suivez tout le tennis 2.0 avec Tennis Actu TV !
Juan Martin Del Potro : quel adversaire. Il a dit que vous aviez largement dominé ce match. Comment avez-vous réussi à être aussi dominateur ?
C'est un jour important pour moi. C'est une grande victoire contre un grand adversaire. Il arrivait très en confiance après avoir battu Roger (Federer) et Dominic (Thiem). Il a joué beaucoup de matchs très durs avant d'arriver là. Alors que moi, soyons honnêtes, au début du tournoi, je jouais couci-couça. Mais moi, j'ai été très solide. Après le premier set, j'ai changé un peu de stratégie, ma tactique. Et ça a fait la différence, non ? C'est pas que je sentais mal la balle au premier set , mais ce n'était pas de cette façon-là que je devais jouer, non ? J'ai compris que je devais être moins prévisible. Il m'attendait toujours sur son revers. Il restait toujours de ce côté-là du terrain, je devais le faire jouer sur tout le court, jusque-là, il avait à peine 60% du court à couvrir. C'était un gros avantage pour lui. J'ai décidé de changer, de jouer plus long de ligne en coup droit. Je suis devenu moins prévisible, il était plus en difficulté car il ne savait pas trop où aller, non ? Le faire bouger vers son revers, ce n'est pas du tout pareil que lorsqu'il attend la balle tranquillement côté revers. J'ai pas regardé les stats, mais j'ai le sentiment d'avoir fait peu de fautes, j'ai fait pas mal de coups gagnants, et j'ai bien servi. J'ai même vraiment très bien servi. Je suis très content de la façon dont j'ai joué. Aujourd'hui, c'était le moment où jamais pour bien jouer car j'avais affair à un adversaire très fort, qui arrivait en pleine confiance, comme je l'ai dit. Le matin, je me suis levé, et je me suis dit : "Aujourd'hui, c'est LE jour où je dois jouer". Il fallait que je joue avec la bonne énergie, que j'améliore mon niveau de jeu.
Pourquoi avez-vous changé de tactique ? Avez-vous décidé seul de ce changement de tactique, sans l'aide de Toni Nadal ni de Carlos Moya ?
Je suis arrivé sur le court avec l'idée de frapper plus sur son revers. Je me disais qu'il fallait que j'aille sur son coup droit, mais je n'avais pas la bonne détermination au début pour le réussir. Parfois, il faut perdre ou voir que les choses ne vont pas dans ton sens pour se décider à changer. Après avoir perdu le premier set, je me suis dit que si je continuais comme ça, je risquais d'avoir deux sets de retard. Donc j'ai changé de tactique et ça a bien marché. Je suis en confiance, je fais les bonnes choses. Et mon service a très bien marché. Au premier set, je visais trop son revers sur mon service aussi. Ensuite j'ai changé mon rythme de service. C'était très important. Mais surtout, après le premier set, il ne pouvait plus enchaîner les frappes dans des bonnes positions. Ça a fait la différence. Bien sûr que j'ai fait ça seul, puisque personne ne vient au changement de côté. Mais on en avait discuté aussi avant avec mon équipe. Je savais ce que je devais faire si je venais à être e difficulté. Bon, c'est un peu bête, quand tu as tes coachs avec toi, qu'ils ont voyagé avec toi, pour toi, de ne pas pouvoir faire appel à eux, qu'ils ne puissent rien te dire. Ca serait quand même bien si le coach pouvait, peut-être pas venir, mais au moins parler.
Comment expliquez-vous votre très bon niveau de jeu cette saison après toutes ces années marquées par des blessures ?
Quand je suis arrivé en Australie, je jouais vraiment très bien. Mais il faut gagner des matchs, il fallait que je joue bien en compétition aussi. Bien sûr, si à l'entraînement, vous jouez bien, vous avez plus de chance de jouer bien en tournoi. Mais il reste 20%, 30% de différence. C'est une grosse différence. Il y a des choses qui doivent devenir automatiques. Il ne faut pas avoir à penser dans les moments importants. Les choses arrivent tout droit sans trop avoir à réfléchir quand vous allez bien, quand vous remportez beaucoup de bons matchs d'affilée, n'est-ce pas. Dès le début de la saison, j'étais dans une dynamique positive. Et puis la saison sur terre a été incroyable. Ca m'a beaucoup aidé ) me sentir confiant, à être plus calme. Et là, je suis en finale. C'est déjà un gros résultat. Il me reste un match, face à un adversaire très fort. Il faut que je me prépare pour cela. C'est probablement le match le plus important qu'il me reste cette année. Je vais faire de mon mieux.
Vous êtes donc à une victoire de remporter deux Grands Chelems dans la même année... Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
Vous savez, le plus important pour moi, au-delà de gagner des Grands Chelems, c'est d'être heureux. Je suis heureux si je suis en bonne santé et si je me sens compétitif. C'est ce qui s'est passé cette année. Gagner à Monte-Carlo, Barcelone, Madrid, Roland-Garros, être en finale ici, tout ça me rend heureux. Gagner ou perdre la finale fera une grande différence, mais je suis déjà très content de tout ce qui m'est arrivé cette année. Je vais me battre pour gagner un nouveau titre ici. Mais ma saison est déjà réussie.