Tennis. Wimbledon - 2006 : Mauresmo, éclipsée par l'équipe de France
Par Roxane TEJERINA le 15/07/2018 à 15:27
Pendant l'été 2006, la France a vécu deux événements sportif historiques. Le sacre d'Amélie Mauresmo le 8 juillet, et la finale de Coupe du Monde face à l'Italie le lendemain. Pourtant bien souvent, on tend à oublier qu'Amélie Mauresmo a remporté The Championships, tant le pays était ce week-end de juillet focalisé sur la finale à venir, qui pouvait voir la France accrocher une deuxième étoile à son maillot. Ce sacre pourtant, c'était le premier d'une Française dans l'Ère Open et la deuxième après Suzanne-Lenglen en 1925 - elle l'avait également remporté entre 1919 et 1923. Bref ce samedi 8 juillet, la France rentrait un peu plus dans l'histoire du tennis mondial. D'autant que cette finale qui opposait la Française à la voisine belge Justine Hénin, est un moment fort dans leur relation - elles se rencontrent pour la dixième fois depuis 1999. Retour sur une finale renversante, bien trop souvent oubliée.
Vidéo - Amélie Mauresmo, capitaine historique de Coupe Davis
Il serait compliqué de désigner un des quatre tournois du Grand Chelem qui collerait mieux au jeu d'Amélie Mauresmo que les trois autres, tant la native de Saint-Germain-en-Laye a réalisé de beaux parcours dans les quatre. Si avant 2006 elle n'a jamais disputé de finale dans la capitale britannique, au contraire de l'Open d'Australie où elle venait de décrocher son premier titre majeur quelques mois auparavant et avait déjà disputé une finale en 1999, l'ancienne n°1 mondiale a fait preuve de persévérance pour avoir le droit de rentrer sur le Center Court le deuxième et dernier samedi de la quinzaine, pour avoir une chance de soulever le trophée Venus Rosewater Dish. En effet en 2002, 2004 et 2005 - elle avait déclaré forfait pour l'édition 2003 à cause d'une blessure -, "Amé" est allée jusqu'en demi-finale, où elle a buté deux fois face à Serena Williams et une fois face à Lindsay Davenport. Cette année-là, on sent que ça va être différent. A la fin de l'année précédente, elle triomphe pour la première fois au Masters de Los Angeles en retournant Mary Pierce. Et surtout en janvier, elle s'offre son premier titre du Grand Chelem. D'une façon, néanmoins, qui la marquera.
Elle ne connaîtra pas la joie de la balle de match puisque son adversaire, déjà Justine Hénin - déjà quatre titres majeurs à son palmarès -, abandonnera au début du deuxième set (6-1, 2-0) à cause de douleurs au ventre. Cet incident dégrade nettement leur relation. En 2009, lorsque la Française prend sa retraite, la Belge racontera d'ailleurs au JDD : "C’est dommage parce qu’avant, on allait de temps en temps dîner ensemble. Depuis cette finale, il y a eu une incompréhension qu’on n’a jamais réussi à régler. A l’évidence, elle a eu du mal à digérer. Moi aussi j’ai eu du mal. Cet Open d’Australie, je ne le voulais pas moins qu’elle. J’avais mis ma santé en péril ce jour-là. Cela dit, je comprends sa réaction, elle n’a pas eu le plaisir de la balle de match. Nous en étions arrivées à ne plus nous dire bonjour pour des futilités"
Bref, cette anecdote donne à son sacre britannique encore une autre dimension. En mars, elle devient numéro une mondiale pour la deuxième fois et arrive donc à Londres en tant que tête de série n°1. Amélie Mauresmo réalise un sans faute pendant la première semaine, infligeant même deux roues de vélo au premier tour à une qualifiée, et ne lâchant pas le moindre set avant les quarts de finale. Justine Hénin elle, n'en perdra pas un seul jusqu'à cette fameuse finale du 8 juillet. Et d'ailleurs ce Wimbledon - qui aurait alors été son premier, échec en finale en 2001 -, elle pensait l'avoir dans la poche. C'est ce qu'elle racontera au JDD : "A titre personnel, elle a été actrice d’une de mes grandes désillusions, la finale de Wimbledon 2006, que je pensais avoir en main"
Et on la comprend! Car dans le premier set, elle ne laissa que très peu d'espace à son adversaire. Celle-ci était peut-être prise par l'enjeu et avait peut-être dans la tête la balle de match qu'elle souhaitait enfin connaître. Dans le deuxième set, la numéro une mondiale parvient à équilibrer les échanges en profitant d'une baisse de régime de la Belge. Et alors qu'elle avait été bien souvent critiquée pour sa "fragilité" mentale lors des grands rendez-vous, elle mettra tout le monde d'accord dans le set décisif. Faisant le break rapidement, elle ne concédera aucune balle de break pour aller s'imposer 2-6, 6-3, 6-4, laissant la numéro trois mondiale écoeurrée. Symbole d'un premier sacre tricolore depuis 81 en Grande-Bretagne, le journal L'Equipe consacrera sa Une du dimanche à l'équipe de France de football, ne laissant qu'un simple encadré à Amélie Mauresmo.