WTA - J. Brouleau : "On s'est sentis un peu à l'écart"
Par Quentin MIGLIARINI le 14/02/2015 à 14:19
Loin des tumultes engendrés par une relation conflictuelle quasi permanente entre certains parents et joueurs ou joueuses de tennis, Jacques Brouleau entretient des rapports empreints d'amour et d'admiration pour sa fille, Lou (516ème joueuse mondiale). Conseiller technique en EPS pour l'inspecteur d'académie de la Vienne, il a accepté de répondre à nos questions et de revenir, pour Tennis Actu, sur les petits tracas quotidiens et moments de bonheur qui ont jalonné sa vie de parent de sportive de haut niveau.
Est-ce difficile pour des parents de déléguer une partie de l'éducation de son enfant à autrui ? Comment cela s'est il matérialisé ?
Il est complexe de dédier une part de l'éducation de son enfant. Le socle était solide, mais on n'a pas de garanties que les entraineurs à qui on confie nos enfants soient de bons éducateurs. Lorsqu'elle a commencé au CREPS de Poitiers, il y a eu des
malentendus sur l'accompagnement de l'enfant. On s'est retrouvé avec des entraineurs nationaux face à un projet fédéral, on s'est sentis un peu à l'écart. Très vite, on nous a fait comprendre qu'il allait falloir faire confiance et déléguer. Nous n'étions pas préparés à cela.
Quelle est la nature de vos relations maintenant qu'elle voyage aux quatre coins du monde ? L'éloignement est-il
sujet à tension ?
S'est développée une crise de maturité chez Lou, pendant l'adolescence, ce qui est normal. Nos relations furent difficiles car on a le même tempérament. Elle accordait plus de confiance à ses entraineurs, notamment sur le plan sportif. Et même si c'était difficile, c'était son choix, alors...
On imagine que la maman a joué un rôle de médiatrice important dans ces moments délicats...
Des tensions sont apparues dans notre dialogue que l'on entretenait et parfois furent renforcées par certains pseudo éducateurs. Communiquer par BBM ou Whatsapp fut source de maladresses partagées, par exemple. Ma femme joue le rôle de médiatrice, elle maintient un certain dialogue. Elle rassure et tempère les tensions. Elle parle des achats vestimentaires, du vernis, elle joue son rôle de maman.
Y a-t-il des choses que vous regrettez parfois sur la façon dont tout cela s'est déroulé à ses débuts ?
Avec du recul, j'aurais souhaité que les parents soient un peu plus partie prenante, plus particulièrement pour ce qui a concerné
les blessures. La gestion de celles-ci a été loin des plus parfaites, c'est le moins que l'on puisse dire. Cela a entrainé chez nous un léger sujet de déprime parfois. J'ai le sentiment qu'il y a des entraineurs qui ont été attentifs à cela, mais ils se comptent sur les doigts d'une main.
En tant que père, vous arrive-t-il d'envisager une éventuelle reconversion si jamais elle venait à échouer sur le circuit ?
Reconversion ? Je n'arrête pas de lui dire qu'il est important de passer quelques diplômes à côté. Elle écrit très bien et s'intéresse beaucoup au journalisme, à l'actualité. Ma fille est brillante, c'est quelqu'un de très autonome et responsable. Elle a très bien compris que c'était aussi une école de la vie. Elle semble plus heureuse aujourd'hui et avec des gens qu'elle a choisis.
Propos recueillis par Quentin Migliarini pour Tennis Actu