Tennis. ATP - Andy Murray, un daddy heureux mais pas si cool
Par Thibault KARMALY le 20/04/2016 à 12:58
Vidéo - Votre site TennisActu.net au coeur de l'Actu Tennis
Longtemps comparé à un félin pour son jeu tout en variations et en touché de balle, il ne faut pas attaquer Andy Murray sur sa paternité. Critiqué après ses éliminations précoces à Indian Wells et Miami, le Britannique a sorti les griffes pour le journal britannique Mirror et a tenu à répondre aux "accusations horribles" qui font de sa fille Sophia la responsable de sa mauvaise forme américaine.
"Daddy" Murray est un homme comblé. Finaliste à l'Open d'Australie en janvier et demi-finaliste à Monte-Carlo la semaine dernière, le numéro deux mondial digère ses échecs étasuniens d'Indian Wells et Miami. Alors qu'il est de retour en Europe pour la saison en terre battue, l'Ecossais en a profité pour rassurer ses fans britanniques. Car certaines grandes voix du royaume ont rapidement établi un lien de causalité entre son niveau moyen lors de la tournée américaine et la naissance de sa fille, Sophia, le 7 février dernier. L'ex-numéro une mondiale Annabel Croft, avait décrit un Murray "en méforme" qui doit "retrouver sa concentration" et qui, "globalement, a l'air épuisé", selon l'ancienne joueuse britannique. Un avis partagé par le capitaine de l'équipe de Grande-Bretagne de Coupe Davis, Leon Smith. "Il a fait un très bon Open d'Australie, atteignant la finale à nouveau. Et puis tout à coup, changement brutal dans sa vie, l'arrivée de sa fille Sophia...", assurait Smith il y a moins d'un mois lors du dernier week-end de Coupe Davis, avant qu'Andy Murray n'apporte une nouvelle fois les 3 points de la victoire pour les Britanniques face au Japon, en battant notamment Kei Nishikori en 5 sets et en remportant le double avec son frère Jamie.
"Une chose horrible à dire à propos de quelqu'un"
Pour le natif de Dunblane en Ecosse, pas question de justifier une quelconque méforme par la naissance de sa fille. "Je préfèrerais me lever au milieu de la nuit et aider ma fille que de gagner chaque match de tennis. Quand elle grandira, je ne veux pas qu'elle puisse se dire 'En tant que père, c'est un raté mais il a gagné beaucoup de matches de tennis, donc bien joué' ", a répondu Andy Murray. "Devenir père est un boulversement dans ma vie et si celà m'aide au niveau du jeu, super ! Si ça ne m'aide pas, ce n'est pas grave, je m'en fiche pour le moment, ma priorité, c'est d'être un bon père d'abord", assure-t-il. So cute. Et d'en rajouter une couche. "Si mon niveau descend un peu, ce n'est pas grave. Je suis tellement heureux d'être devenu père. Je suis assez fatigué par tous ces changements, je ne joue peut-être pas mon meilleur tennis, mais je suis heureux de ma vie à la maison." Andy Murray n'a pas eu connaissance de ces critiques au moment de son match à Miami, mais femme Kim lui a dit plus tard que l'arrivée de Sophia en février était mentionnée comme l'une des raisons pour lesquelles il a perdu. "C'est en fait une chose horrible à dire à propos de quelqu'un", a-t-il seulement lâché.
"Quand je pars loin d'elle pour une journée, je me sens déjà mal"
L'incompréhension d'une partie des sujets de la Couronne britannique est également due à un autre phénomène : Novak Djokovic vient de devenir père, à l'instar d'un Roger Federer avant lui, ce qui ne les a pas empêcher d'enchaîner les succès, loin de là. "J'ai parlé à Roger un peu à Cincinnati à ce sujet, également à Novak un peu ... Tout le monde est différent", a déclaré Murray. Le nouveau père se considère plus responsable depuis deux mois. "Je la tenais dans mes bras à l'hôpital et c'est là que j'ai compris. Il n'y a personne pour aider, vous êtes le seul responsable d'une si petite chose. Les gens de l'hôpital ont tous été sympas, mais j'avais hâte de rentrer pour commencer cette nouvelle vie avec ma fille", a conclu le numéro deux mondial. Mais attention cependant à ne pas tomber dans le trop-plein d'émotion, synonyme de déconcentration. Car à l'inverse de ses rivaux déjà devenus père, Andy Murray ne semble pas aussi "professionnel" dans son approche de la paternité. Comme Mickael Llodra le disait dans son auto-biographie Jeu, set et cash (sortie en 2015 aux Editions du moment), "c'est très difficile d'avoir une vie de famille sur le circuit, peu de couples résistent à une carrière professionnelle de joueur de tennis." Une mission que veut absolument réussir le Britannique, quitte à sacrifier le tennis. "Je veux voir ma fille grandir. Même quand je pars pour une journée, je me sens mal. Il faut que je sois présent et je veux être présent autant que possible. Donc quand je pars de la maison à 8 heures le matin et que je reviens le soir à 20 heures, je me sens mal". Reste à retrouver sa concentration sur le court désormais, pour accumuler à nouveau la confiance nécessaire pour gagner un titre du Grand Chelem.