Tennis. ATP - Becker : "Les top joueurs aiment la Coupe Davis mais"
Par Clémence LACOUR le 01/03/2017 à 09:30
Boris Becker est allé prendre les premières douceurs du printemps à Monte-Carlo, et le JDD a pu l'interviewer. Que pense-t-il du format actuel de la Coupe Davis et des absences répétées des meilleurs joueurs lors des premiers tours de la compétition, au risque de voir leur pays partir pour les barrages ? Et pense-t-il que la baisse de pied de Novak Djokovic va l'empêcher de se mêler à la course pour la place de n°1 mondial ?
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"La plupart des top joueurs aiment la Coupe Davis, mais pas tout le temps"
La Coupe Davis, à présent, c'est l'école buissonière, mais à l'envers : ce sont les meilleurs élèves de l'ATP qui sèchent. La FFT a établi une liste de joueurs devant obligatoirement se présenter sur la compétition. Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet, Lucas Pouille, Benoît Paire, Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert devront au pire faire acte de présence, histoire de ne pas porter le bonne d'âne. Boris Becker, ancien coach de Novak Djokovic, a, lui, une explication pour les défections, qui ne sont pas propres à la France, loin de là : "La plupart des top joueurs aiment la Coupe Davis, mais pas tout le temps. Ils ont déjà un calendrier chargé et, souvent, les dates s'entrechoquent. Vous avez une rencontre juste après l'Open d'Australie, le 2e tour juste après Miami… Mais les derniers vainqueurs s'appellent quand même Del Potro, Murray, Federer et Wawrinka. Ce serait plus facile si, au lieu de prendre quatre semaines dans le calendrier, on réunissait les 16 équipes du groupe mondial sur un même lieu, pendant dix jours par exemple. Une année sur terre battue, la suivante sur herbe, une année en France, une autre fois en Allemagne… Et là, on aurait les meilleurs." a-t-il affirmé au JDD. Il s'agit là d'une idée qu'avait déjà lancée son poulain, Novak Djokovic, qui disait en novembre 2011 : ""Le format de la Coupe Davis ne convient pas aux joueurs, spécialement aux top joueurs, parce que ça tombe complètement au mauvais moment dans le calendrier. Si vous regardez cinq, six ans en arrière, vous verrez que depuis, il y a de moins en moins de top joueurs qui jouent la Coupe Davis jusqu'au bout. Bien sûr que cela doit changer. Pour moi, le seul format envisageable, c'est de rassembler en différents lieux, sur une ou deux semaines les équipes en quatre, cinq, six groupes et faire des championnats. Puis de réunir les meilleures équipes pour des quarts de finales, des demi-finales ou un Final Four, quelque chose de ce genre. Je ne suis pas le seul à penser ce genre de chose."
"Novak Djokovic a le caractère pour redevenir n° 1 d'un claquement de doigts."
Novak Djokovic et Boris Becker se sont quittés d'un commun accord en décembre 2016. En partant, l'Allemand avait fustigé au micro de Sky News le manque d'investissement du Serbe à l'entraînement : "(Il) n'a pas passé le temps qu'il aurait dû à s'entraîner lors des six derniers mois, et il le sait. Un tel succès ne se produit pas en appuyant sur un bouton, ou simplement en s'inscrivant à un tournoi. Il faut s'entraîner en permanence car l'opposition sera toujours aussi rude". Qu'en pense-t-il à présent ? A-t-il vu dans la défaite de son ancien protégé au deuxième tour de l'Open d'Australie la confirmation de ses craintes ? "Je ne crois pas qu'il y ait une explication profonde. La compétition est surtout plus relevée qu'elle n'en a l'air. Si vous n'êtes pas à 100%, ça se voit tout de suite désormais. C'est valable pour lui comme pour Andy [Murray, qui a été battu en 8e de finale]. A Melbourne, c'est vrai, on a tous été surpris. Je ne suis pas inquiet pour autant. Novak sait ce qu'il faut faire pour revenir et gagner. J'ai regardé la plupart de ses matches depuis le début de saison, notamment à Doha, mais je ne partage plus son quotidien. J'ignore quelle intensité il met à l'entraînement, à quel point il est centré sur son tennis. Ce ne serait pas opportun de donner des conseils. Même s'il a eu des coups de moins bien, il a été le joueur dominant pendant un bon moment. On ne doit pas l'oublier. Il a le caractère pour redevenir n° 1 d'un claquement de doigts."