Tennis. ATP - Gstaad - Dominic Thiem, un fougueux Tyrol d'élite
Par Bastien RAMBERT le 29/07/2015 à 12:02
Deux titres en deux mois : l'Autrichien de 21 ans Dominic Thiem prend son envol. Il occupe cette semaine le 24e rang mondial, le meilleur classement de sa carrière. Lucide sur le caractère impitoyable du circuit ATP, ce top 10 en puissance trace son chemin vers les sommets.
20 ans après Thomas Muster, un Autrichien s'est imposé à Umag. Dimanche, Dominic Thiem a remporté le deuxième titre de sa carrière sur le grand circuit en dominant le Portugais Joao Sousa en finale (6-4, 6-1). Fin mai, l'élève de Günter Bresnik soulevait le trophée du vainqueur à Nice et ouvrait son palmarès sur le grand circuit. Il n'a donc mis que deux mois pour doubler la mise après avoir échoué lors de sa première finale, l'an dernier à domicile à Kitzbühel contre David Goffin. Désormais, c'est le top 20 qui fait les yeux doux au 24e joueur mondial. Cela ne sera pas pour la semaine prochaine mais l'avenir parle en sa faveur. Thiem a dû se contenter d'une petite célébration en Croatie, 785 km (huit heures de route) l'attendant le lundi pour rallier Gstaad en Suisse, là où il reste sur une défaite au premier tour. "C'est la beauté et en même temps la laideur de ce sport. Tu peux vite oublier les défaites. Dans le même temps, tu peux à peine jouir des succès" analyse-t-il pour le Der Standard.
L'Autriche se cherche un grand champion. Difficile de succéder à Muster, vainqueur de 44 titres dont Roland-Garros en 1995 et numéro un mondial en février 1996. Jürgen Melzer a atteint la huitième place en avril 2011 mais hormis une demie à Paris en 2010 et cinq titres en ATP 250, il n'a pu vraiment galvaniser les foules de l'ancien Empire. Beaucoup d'espoirs sont placés en Thiem, né le 3 septembre 1993. Finaliste de Roland-Garros chez les juniors en 2011, le natif de Wiener Neustadt a dominé un certain Muster (alors âgé de 44 ans et qui tentait un dernier comeback) au premier tour de Vienne la même année. Une passation de flambeau ? En tout cas, cela l'a boosté puisqu'il remportait l'Orange Bowl fin 2011, le tournoi de référence chez les juniors.
L'une des figures de proue de la génération 1990
Depuis cette fameuse année 2011, Thiem a progressé à son rythme. A la différence d'un Nick Kyrgios quart de finaliste à Wimbledon l'an dernier à 19 ans alors qu'il était 144e mondial et wild-card, l'Autrichien s'est construit étape par étape. Il a dû travailler sa lucidité, parfois partie faire bronzette. Son jeu tout en puissance est très exigeant. Quand ça rentre, les adversaires sont cloués sur la ligne de fond et à la merci du revers à une main de "Domi", droitier tout feu tout flamme. Gaël Monfils peut en témoigner, lui qui a fini par plier samedi en demi-finales d'Umag (1-6, 6-3, 6-1). En ce moment, Thiem a opté pour un style capillaire original avec les cheveux rasés sur le côté et une coupe à la Antoine Griezmann, grand amateur du blond peroxydé. Les railleries peuvent fuser. Qu'importe : il est devenu dimanche le cinquième joueur de la génération 1990 à remporter au moins deux titres sur le circuit ATP après Milos Raonic, Grigor Dimitrov, Bernard Tomic et David Goffin.
Thiem a encore beaucoup de choses à prouver. Il doit déjà accéder pour la première fois aux quarts de finale d'un Grand Chelem. L'an passé, il était au quatrième tour à l'US Open. Il sera tête de série cette année à Flushing Meadows pour son huitième Majeur dans un tableau final. Avant la tournée américaine, Thiem doit déjà gérer dans un premier temps l'enchaînement Umag-Gstaad. En Suisse, il est tête de série numéro trois et débutera jeudi contre l'Argentin Federico Delbonis (68e). Il ne fait pas partie des favoris selon lui car "tout va très vite." L'objectif est désormais de se "bagarrer pour le classement et d'obtenir d'autres victoires dans les tournois." A l'inverse des nouveaux champions qui dégainent autant sur le court qu'en conférence de presse, Thiem joue la carte de la discrétion et de l'humilité, indiquant qu'une remise en question à chaque défaite serait "manquer à sa profession." De la station balnéaire, il est passé aux montagnes suisses. Un autre paysage mais une même ambition : continuer sa marche en avant.