Tennis. ATP - Il raconte son entraînement avec Novak Djokovic
Par Thibault KARMALY le 02/04/2016 à 19:49
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Eric Butorac, un joueur américain de double, a vécu une expérience unique : celle de s'entraîner avec le numéro un mondial et patron inconesté du tennis mondial, le Serbe Novak Djokovic. La scène se déroule pendant l'US Open 2015, l'Américain la raconte sur son blog. Un récit retranscrit pour vous ci-dessous.
"Je sens une tape sur mon épaule. Je me tourne. C'était Boris Becker"
"Je venais de perdre un match de troisième tour de l'US Open 2015 en double avec mon partenaire Scott Lipsky. C'était face à Jean-Julien Rojer et Tecau Horica (7-6, 7-5). Ce duo avait fini par être la paire numéro une mondiale à la fin de la saison. A la fin du match, il était dans le vestiaire, situé dans un coin et la télévision était allumée en fond, c'était celle du court sur lequel on avait joué. Quelqu'un était sûrement en train de regarder notre match ..." C'est ainsi que commence l'histoire d'Eric Butorac sur son blog Universal Tennis, une belle histoire survenue à Flushing Meadows il y a environ 7 mois. "Tout à coup, je sens une tape sur mon épaule. Je me tourne. C'était ... Boris Becker." Voici la conversation.
BB : "Grand match Eric, très bon niveau".
EB : "Oui, je vous remercie", dis-je sur un ton un peu déprimé car j'étais fatigué.
BB : "Non, sérieusement, il y'avait vraiment du beau jeu, et sur un paquet de points ! Ecoutez, je vous connais et je sais que vous venez de perdre, mais Novak joue demain contre Feliciano Lopez et le besoin de pratiquer aujourd'hui avec un gaucher. Ça vous dérangerait ?"
EB : "Non bien sûr que non !", lui répondis-je, complètement asphyxié après deux heures de combat et de douleurs à cause d'une blessure à la hanche.
BB : "Ok. Rendez-vous à une heure sur le Court 1."
“UTR... could drastically change worldwide tennis for the better.” ~ Eric Butorac https://t.co/GAIYvEqrhE #quote pic.twitter.com/jFEzo3tWAD
— Universal Tennis (@UniversalTennis) 20 octobre 2015
Roger Federer et Novak Djokovic complètement différents à l'entraînement
"Je suis sorti des vestiaires, je traversais quelques courts d'entraînements déserts j'arrivais finalement jusqu'au Court 1, garni par une centaine de personnes qui voulaient voir Novak (Djokovic)", poursuit le natif de Rochelot. "Ce fut peut-être la dernière chose que je voulais après avoir perdu ce match. Mais maintenant encore, c'est l'expérience dont je me souviens le plus durant cet US Open. J'avais déjà été 'employé' pour entraîner l'un des meilleurs joueurs du circuit, comme 'sparing-partner', parce que j'étais gaucher. C'était le cas avec Roger Federer. C'était très cool et très relax avec lui, il nous arrivait de rire ou de faire le show sur quelques points.", explique ensuite Eric Butorac, avant de décrire sa séance avec le numéro un mondial actuel.
"Avec Novak (Djokovic) cependant, c'était complètement différent", raconte-t-il. "De la première à la dernière balle, il était totalement concentré dans son programme d'entraînement. Chaque balle qu'il frappait avait un but spécifique. Chaque exercice était conçu pour une situation qui était probable de se produire face à Feliciano (Lopez) le lendemain. Au milieu de l'entraînement, Boris Becker m'a interrompu et m'a demandé si je pouvais commencer à frapper plus en revers, comme si un gaucher frappait classiquement en gamme de coup droit. Puis il m'a demandé de chercher à le déplacer aux quatre coins du court. Je ne sais pas combien d'entre vous ont tapé la balle avec Djokovic, mais jouer contre lui et le faire se déplacer est loin d'être une chose facile, tu as l'impression que c'est toi qui fait le plus d'efforts... ", a-t-il décrit.
"Tu penses que Feliciano Lopez me dira où il servira demain ?"
"Après dix minutes de travail acharné, Boris Becker me demande de commencer à servir pour entraîner Novak (Djokovic) en retour."
EB : "Bien sûr, où dois-je envoyer la balle ?", demandais-je au numéro un mondial.
ND : "Peu importe", a-t-il répondu.
EB : "Dois-je d'abord commencer par quelques deuxièmes services avant de frapper avec plus d'intensité ?", questionnais-je tout de même.
ND : "Qu'importe, tant que ça me fait faire des efforts"
EB : "Vous ne voulez vraiment pas vous dire où je vais les envoyer ?", insistais-je.
ND : "Tu penses que Feliciano (Lopez) va me dire où il les enverra demain ?", assénait-il.
Une véritable machine, le Serbe, comme le décrit l'auteur de ce récit. "Novak (Djokovic) a battu Feliciano Lopez dans ce match et, quelques jours plus tard, a été sacré champion pour la deuxième fois à l'US Open, son troisième Grand Chelem de la saison. Ce jour-là, j'ai compris que le meilleur joueur du monde commence à bâtir ses succès sur les courts d'entraînement. Je me suis toujours considéré comme quelqu'un de plutôt appliqué, organisé et très concentré sur ma pratique. Mais Novak (Djokovic) est à un autre niveau." Eric Butorac explique enfin que sa belle expérience à New-York n'aura certes duré que quelques dizaines de minutes, mais lui aura énormément apporté. Un entraînement au cours duquel il aura évolué avec plus de public que beaucoup de ses matchs de double. Quelques minutes en or, au cours desquelles il a appris en frappant la balle sans aucun enjeu ni aucune pression. Et une morale qui restera à jamais. "Je dois améliorer beaucoup plus mon revers, on ne sait jamais, Djokovic va peut-être me rappeler pour s'entraîner...", conclu avec un sourire en coin l'Américain. Jouer le numéro un mondial à l'entraînement, déjà une épreuve en soi apparemment.