Tennis. ATP - J-W. Tsonga : "J'ai été régulièrement confronté au racisme"
Par Alexandre HERCHEUX le 07/06/2020 à 21:46
La mort de George Floyd à Minneapolis a ému la terre entière. Un évènement qui a rappelé à tout le monde qu'il y avait encore beaucoup de travail dans la lutte contre le racisme, et contre toutes les sortes de discrimination d'ailleurs. Dans une interview pour FranceInfo, Jo-Wilfried Tsonga a reconnu avoir lui aussi été victime de racisme dans sa jeunesse. Des aveux que le Manceau n'avait jamais fait auparavant.
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"J'ai été régulièrement confronté au racisme, très régulièrement, et depuis ma plus tendre enfance"
Avec beaucoup d'honnêteté, Tsonga a avoué être victime de racisme et donc être particulièrement touché par ce qu'il se passe aux Etats-Unis. "Oui, j'ai été régulièrement confronté au racisme, très régulièrement, et depuis ma plus tendre enfance. Et pourtant, j'ai un papa noir, une maman blanche. Je me considère Noir et Blanc. J'étais l'un des seuls enfants d'un père immigré dans mon école primaire. Je vous laisse imaginer la suite. Il m'a été inculqué de ne jamais mettre ça en avant pour en faire une revendication, de ne pas donner du grain à moudre aux ignorants. C'est vrai que je n'en parle jamais, mais je ne suis pas naïf à ce sujet. Cette tragédie, c'est juste une de trop. Forcément, ça donne envie de crier plus fort, de crier ma peine" a-t-il expliqué.
"Au début de ma carrière, certains médias sportifs m'interpellaient comme Jo-Wilfried Tsonga, fils d'un père congolais"
Le Manceau est entré un peu plus dans les détails en expliquant concrètement les épreuves qu'il a dû traverser. "Au début, ça commence par des petits surnoms, à l'école. J'étais très sensible à ces choses-là. Ensuite, il peut y avoir des petites insultes, c'est quelque chose d'assez latent, qui est là mais qu'on ne voit pas vraiment, mais que les gens concernés ressentent très fort. Ensuite, étant interne au Centre national d'entraînement dans le 16e arrondissement de Paris, je me faisais souvent contrôler pour mes papiers d'identité dans la rue, alors que mes camarades, eux, n'étaient jamais contrôlés. J'ai été refusé dans des établissements alors que mes amis, eux avaient le droit d'entrer. On me disait : "Toi, tu n'entres pas, mais vous, vous pouvez entrer". J'ai vu mon père qui, parfois, était traité avec mépris ou avec peur. C'était douloureux pour moi. Au début de ma carrière, certains médias sportifs m'interpellaient comme Jo-Wilfried Tsonga, fils d'un père congolais. Je ne comprenais pas pourquoi c'était si important, alors que j'étais Français. On avait déjà 'Yannick Noah, le Franco-Camerounais', mais bizarrement on n'entendait jamais 'Cédric Pioline, le Franco-Roumain". Des déclarations qui ne manqueront pas de toucher l'univers du tennis français.