Tennis. ATP - L'avis tranché de Gilles Simon : "Et si nous copiions la NBA..."
Par Titouan CAMY le 06/06/2020 à 15:06
Dans une interview de Tennis Break News, Gilles Simon est revenu en détail sur l'actualité tennistique. Le Niçois a donné son opinion sans langue de bois, dans un contexte où le mondre du tennis se prépare à l'éventualité d'organiser des tournois sans public, et où les joueurs moins bien classés souffrent grandement de la crise actuelle. "Dans tous les cas, je vais survivre", assure-t-il, bien qu'il dresse un bilan de la situation pour le moins contrasté.
Vidéo - Gilles Simon, l'invité de Tennis Break News !
"Il y a des tournois tout au long de l'année où il n'y a personne, et c'est logique"
Le 54ème mondial est tout d'abord revenu sur un sujet qui a déjà fait couler beaucoup d'encre : l'éventualité de tournois à huis clos. Et alors que beaucoup de joueurs sont contre, lui offre une approche plus contrastée. "Je suis un joueur de tennis, donc je joue. J'ai connu de grosses ambiances à Roland-Garros, un central plein. Mais j'ai joué pas mal de matches dans ma vie où s'il y avait dix personnes au bord du court, c'était un maximum. Dans tous les cas, je vais survivre." a-t-il commenté. "La réalité, c'est qu'en dehors des quatre premiers mondiaux qui jouent systématiquement sur un Central, parfois il y a des tournois tout au long de l'année où il n'y a personne, et c'est logique. À Roland-Garros, les gens prennent leur journée, mais la plupart du temps, en semaine ils travaillent et les enfants sont à l'école. Il y a un peu plus de monde le mercredi ou le week-end, mais la plupart du temps c'est loin d'être rempli. Si Roland-Garros est vide, ce sera triste. Mais ce sera pour cette fois, et basta."
"Chacun fait son truc de son côté"
Gilles Simon est ensuite revenu sur les problèmes de gouvernance, qui selon lui sont au coeur des difficultés rencontrées par le tennis de haut niveau actuel. "J'aurais aimé que pendant ces mois sans tennis, on se rende compte que c'était le problème. Il y a sept entités qui dirigent le tennis aujourd'hui, les quatre Grands Chelems, l'ITF, l'ATP et la WTA, et chacun installe un rapport de force avec les autres et noue des alliances provisoires. Chacun fait son truc de son côté en essayant de rallier les joueurs. Cela empêche le tennis de grandir comme il le devrait." Le Niçois serait donc d'avis à adopter une approche plus centralisée.
"Il faut une vraie représentation des joueurs, comme en NBA"
Autre sujet sensible ces dernières semaines, la situation des joueurs moins bien classée a aussi été au coeur des critiques. "Personne ne les représente. Il manque une vraie représentativité des joueurs, un organe qui oeuvrerait dans l'intérêt des joueurs. L'ATP ne représente pas les joueurs, c'est faux. Les trois représentants des joueurs au sein de l'ATP doivent travailler pour l'ATP et ne peuvent aller à son encontre. Décider de mieux répartir les sommes générées par les joueurs reviendrait probablement à baisser les revenus de l'ATP. Le conseil des joueurs ne peut donc pas prendre cette décision. Il faudrait une vraie représentation de joueurs, comme en NBA." Quant à la fusion proposée par Roger Federer, il n'est pas contre non plus. "Je n'ai rien contre cette fusion, mais je ne comprends pas bien le projet. Si c'est pour arrêter de tout gérer dans son coin, pourquoi pas."
"Les droits TV du golf plus chers que ceux du tennis ; ce n'est pas normal"
Finalement, il a évoqué le problème de la rediffusion, et plus précisément le nombre trop nombreux de canaux relayant les tournois. "Les chiffres indiquent que le golf a quatre fois moins de fans que le tennis et pourtant ils vendent leurs droits télé deux fois plus cher ; ce n'est pas normal. Mais aujourd'hui, un fan ne veut pas payer 75 abonnements pour suivre la saison toute l'année. Est-ce que c'est faisable de réunir tout le tennis ainsi, avec les quatre Grands Chelems ? Je ne sais pas, mais des gens sont payés pour réfléchir à ça et ils feraient bien de le faire."