Tennis. Chronique - Leconte : "Malheureusement, on s'en fiche des Interclubs"
Par Alexandre HERCHEUX le 05/08/2020 à 08:00
Henri Leconte, c'est l'un des joueurs, si ce n'est LE joueur le plus populaire du tennis français. Finaliste de Roland-Garros en 1988, vainqueur de la Coupe Davis en 1991 et ancien numéro 5 mondial, Henri Leconte, également consultant pour Eurosport, est connu et aimé pour son franc-parler. Un véritable passionné et amoureux de tennis qui a forcément un avis sur tout ce qui touche à la petite balle jaune. C'est donc pour cette raison qu'Henri a accepté de nous proposer sa chronique sur Tennis Actu.
Vidéo - Henri Leconte : "C'est une décision saine de la FFT"
Cette semaine, le natif de Lillers a évoqué avec nous l'annulation des Interclubs. Si l'ancien vainqueur de la Coupe Davis est d'accord avec la suppression de l'épreuve cette année, il déplore le manque d'intérêt pour cette compétition. "C’est une décision saine (...) mais entre vous et moi, les Interclubs, on s’en fiche un peu maintenant malheureusement…"
"C’est une décision saine. On ne sait pas du tout comment ça va se passer avec le Covid"
Henri, on a appris récemment que les Interclubs Pro A et Pro B n’auraient pas lieu après une enquête réalisée par la FFT. Quelle est votre réaction en tant que président de club ?
C’est une décision saine. On ne sait pas du tout comment ça va se passer avec le Covid. De toutes façons, on sent que les Interclubs n’ont plus autant d’importance qu’avant. Ici à Levallois, nous avons arrêté les subventions pour prendre des top players qui viennent juste jouer quelques matches. L’important c’est de retrouver la vie de club. Oui, les Interclubs sont importants mais pas seulement. Pour certains clubs c’est un coup dur je comprends mais pour d’autres la décision est logique.
Philippe Huon, capitaine du TC Quimperlé n’est pas forcément contre la décision mais la trouve un peu précoce ? Vous partagez ce sentiment ?
Non je trouve qu’elle est réaliste. On voit aujourd’hui les difficultés pour organiser Roland-Garros. Je pense qu’il est important de comprendre comment les clubs peuvent réagir après cette crise. Le tennis ne va pas si bien encore une fois. Il faut une animation dans les clubs. La Fédération doit faire beaucoup plus pour soutenir les clubs, mettre en place une structure pour échanger avec les présidents de club. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Entre vous et moi, les Interclubs on s’en fiche un peu maintenant malheureusement…
"Les étrangers viennent jouer un match et s’en vont. Ce n’est pas la vie de club"
Est-ce que finalement ce n’est pas représentatif d’une rivalité en interclubs, entre les clubs qui prennent des étrangers pour avoir une grosse équipe, et ceux qui essaient d’avoir seulement les locaux ?
C’est comme en ligue 1 avec les clubs les plus riches. Aujourd’hui on prend des étrangers pour gagner les Interclubs. Mais, les étrangers viennent jouer un match et s’en vont. Ce n’est pas la vie de club. Finalement, tout le monde s’en fiche des Interclubs encore une fois. Les retombées médiatiques ou même au sein de la fédération sont minimes. Il n’y a pas d’aide pour ceux qui veulent créer quelque chose. Regardez le National dans le passé, ça a tenu jusque dans les années 90 parce que les meilleurs ne venaient plus. Les Interclubs connaissent le même sort. Ce sont les leaders des clubs qui doivent attirer les jeunes et leur servir de modèles.
Aujourd’hui, hors tournoi ATP et WTA, il est très difficile d’attirer les meilleurs joueurs nationaux. On l’a même vu avec le Challenge Elite FFT.
Mais oui bien sûr. Il va falloir être plus ouvert, plus attentif, plus généreux. L'époque change et le tennis doit évoluer dans ce sens. Avant, on gaspillait, c’était l’époque de la consommation. Désormais ça change. Aujourd’hui les gens vont peut-être moins voyager. Beaucoup vont avoir des maisons de campagne. A nous d’en profiter et de nous adapter pour avoir de nouveaux licenciés surtout que nous avons une fédération forte.
En tant que président de club, vous êtes à l’intérieur, vous vous rendez compte de la situation ? Comment vont les clubs ? Est-ce que la reprise est bonne depuis le déconfinement ?
Oui, le tennis reprend vie tout doucement. Beaucoup de clubs sont en grande difficulté. Les gens ont tout de même repris goût de jouer, de se retrouver ensemble. Mais, il faut se restructurer. Chez nous par exemple à Levallois, nous avons fait le choix de rembourser tout le monde pour garder nos membres et durer dans le temps. Après vous savez à Paris, vous vivez dans un monde différent. Dans le reste de la France, la situation est différente donc il faut être à l’écoute. C’est sûr qu’il faut modifier certaines choses en Interclubs. Certains clubs essaient de trouver des financements à droite à gauche mais ça ne fait pas revenir cette vie de club. Les gens jouent au tennis et ne discutent même plus ensemble. Tout ça a changé et il faut trouver des solutions.