Tennis. Coupe Davis - Federer et Djokovic débattent de l'avenir
Par Clémence LACOUR le 30/06/2016 à 15:43
Vidéo - ATP/WTA - Wimbledon 2016 c'est à suivre sur TennisActu.net
L'idée d'une finale de Coupe Davis en terrain neutre agite le tennis français depuis qu'elle a été avancée. Julien Benneteau et Yannick Noah via Twitter puis Jo-Wilfried Tsonga en conférence de presse ont tour à tour levé leur bouclier pour s'y opposer. Pourtant, du côté de l'ITF, il semble que les choses soient posées : dès 2018, finies les rencontres en terrain ou hostile, ou ami. Le projet devrait être voté en 2018, et mis en place dans la foulée. Roger Federer et Novak Djokovic eux, n'ont découvert le projet qu'en conférence de presse après leur second tour à Wimbledon et ils sont d'accord sur le fait que la Coupe Davis doit changer de format. Tsonga proposait lui d'ailleurs de faire une année blanche les années olympiques.
Federer : ni pour, ni contre, bien au contraire ?
Roger Federer s'est montré quelque peu étonné d'apprendre le projet de la bouche des journalistes. Il a tenté de dégager le pour et le contre d'une telle proposition. Dans les "contre" il y a bien sûr le risque de voir disparaître les atmosphères enflammées de ces finales mais il salue chez l'ITF une certaine prise de conscience qu'une évolution rapide est nécessaire. "Je n'étais pas au courant, je suis surpris de l'entendre de votre bouche, et de ne l'avoir lu nulle part ailleurs. Je suis surpris de cela, mais aussi de la décision, car c'est jouer dans l'un des deux pays qui fait la beauté du truc, en fait, de jouer à la maison. Après, c'est sûr qu'il y a un problème si tu la joues deux ou trois années d'affilée à l'extérieur. C'est une idée de faire évoluer la Coupe Davis, car je pense que tout le monde a l'impression qu'il faut faire quelque chose. On verra plus tard, ce que sera la Coupe Davis, comment aura évolué son image et qui va jouer. Je suis convaincu qu'il y aura quand même assez de spectateurs, pour cette finale, même dans un endroit neutre. C'est sympa d'entendre que l'ITF prend des décisions plus vite, et met les choses plus rapidement en application, même si ça me semble en fait être une affaire de deux ou trois ans, comme d'habitude... Bon, ça ferait bizarre, mais si 5000 ou 6000 Suisses, ça va. C'est un peu comme jouer à l'extérieur.... Après, il y a une question de taille du stade. En France, on a pu jouer dans un grand stade plein. En terrain neutre, c'est chaud de remplir 15000 places."
Novak Djokovic : "Il faut un changement de format"
Le n°1 mondial n'y va pas par quatre chemins. Selon lui, la Coupe Davis doit prendre aussitôt que possible un bain de Jouvence pour redevenir attractive : "Cela fait des années que je dis que je suis en faveur d'un changement de format. L'actuel ne fonctionne plus. Depuis des années, on voit bien qu'il n'y a pas tant de grands joueurs que ça qui y participent". La raison, selon lui, est bien simple : un problème d'emploi du temps. "Peu d'entre nous arrivent à jouer pour leur pays car le programme est bien chargé déjà. Dans le meilleur des cas, pour le Groupe Mondial, il y a quatre tours, et seul le premier est bien placé dans le programme pour un joueur de haut niveau. Tous les autres tombent soit après un Grand Chelem, soit après le Masters. Tous autant que nous sommes, nous aimons jouer pour notre pays. Nous aimons cette compétition, qui est la seule par équipes que nous ayons. Mais on ne peut pas être tout le temps disponible, car cela est trop exigeant pour le corps, de s'adapter en deux ou trois jours à une surface différente, de passer du gazon à la terre, par exemple. S'envoler de Londres, jouer sur terre, puis reprendre l'avion et jouer sur dur indoor à l'autre bout du monde, tout en participant à des compétitions de très haut niveau, ce n'est pas simple. " L'idée d'une finale sur terrain neutre, sur une surface peut-être décidée par l'ATP, pourrait ainsi changer la donne, au moins pour le tour final... Mais ce n'est pas ce qu'a précisément en tête Novak Djokovic, qui souhaite revoir l'ensemble de l'organisation de la Coupe Davis, à son goût, on l'aura compris, trop éparpillée dans le temps et l'espace.
Pourquoi ne pas créer un "Championnat du monde" façon UEFA et FIFA ?
Est-ce l'Euro de foot qui se déroule actuellement en France qui a donné des idées au Serbe ? Ou a-t-il lu les classiques, qui, pour que le spectacle soit bon, préconisaient la règle des trois unités : une action unique, un temps, un espace ? En tout cas, selon lui, la Coupe Davis devrait chercher un format plus resserré, sur le modèle des compétitions organisées par l'UEFA et la FIFA, ce qui aurait comme double avantage de "dramatiser" les rencontres et d'alléger le calendrier. "Je pense qu'il faudrait créer une compétition similaire à celle de l'Euro ou de la Coupe du Monde de foot : créer un événement qui aurait lieu sur deux semaines tous les deux ans. Il pourrait y avoir quatre poules, et les vainqueurs se retrouveraient pour le tour suivant. Ça pourrait faire quelque chose de vraiment sympa, qui nous serait profitable à nous, les joueurs, mais qui également aux spectateurs et aux médias." Voilà en tout cas de l'eau apportée au moulin de ceux qui désiraient mettre un coup de tête dans l'actuelle organisation de la Coupe Davis.
Propos recueillis à Wimbledon par la Rédaction de Tennis Actu