Tennis. Coupe Davis - Lucas Pouille, un roc français venu du Nord
Par Bastien RAMBERT le 13/07/2016 à 09:15
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Quart de finaliste à Wimbledon, Lucas Pouille (21e) va honorer sa première sélection en Coupe Davis contre la République tchèque en quarts de finale. Sauf surprise, Yannick Noah l'alignera en simple à Trinec. Avant sa grande journée de vendredi, voici de quoi mieux comprendre l'évolution du Français de 22 ans, qui s'appuie sur deux poutres : la rigueur par le travail et une structure plus que primordiale.
Beaucoup de joueurs sont évidemment fascinés par les meilleurs et admirent par exemple le talent inné d'un Roger Federer, le mental d'un Rafael Nadal ouencore le tennis très complet du numéro un mondial Novak Djokovic. Lucas Pouille a vibré devant les matchs de Federer quand il était petit. Maintenant, il l'a déjà affronté une fois (à Bercy en 2014) et il s'est entraîné avec le Suisse lors de la saison foncière pour préparer 2016. Le Nordiste de 22 ans s'inspire de Federer pour ce qui est de l'approche mentale. "Il est toujours impassible, on ne sait pas s’il gagne ou s’il perd. J’essaie de copier sur lui. Dans ce match, j’ai dû lâcher deux cris, mais j’étais dedans dès le point d’après. Je ne commentais pas tous les points, je ne râlais pas…" expliquait-il en conférence de presse fin mai après sa victoire au premier tour de Roland-Garros contre Julien Benneteau. Au tour suivant, il perdait contre un lucky-loser. Le moins que l'on puisse dire est qu'il a bien rebondi de ce couac parisien (il était tête de série) puisqu'il a atteint les quarts de finale de Wimbledon un peu plus d'un mois plus tard. Il a été solide dans la tête contre Juan Martin Del Potro au troisième tour (un set de retard, un break à combler dans le 2e et 3 set) puis Bernard Tomic (un break de retard dans le 5e et dernier set pour finalement s'imposer 10-8) en huitièmes. Tomas Berdych a été plus réaliste en quarts mais le constat est simple : Pouille gravit un à un les échelons. Il est maintenant 21e mondial alors qu'il pointait à la 87e place début novembre 2015. Son nom circulait déjà dans les petits papiers de Yannick Noah au début d'année au moment d'évoquer les prochaines échéances de Coupe Davis avec le nouveau capitaine. Depuis, il a notamment été finaliste à Bucarest, il a atteint les demi-finales du Masters 1000 de Rome et enchaîné les résultats probants en dominant de sérieux outsiders. Vendredi, il jouera sûrement le simple à la Werk Arena de Trinec pour ce quart de finale de Coupe Davis face à la République tchèque. Son ascension est spectaculaire avec donc ce quart de finale londonien alors qu'il n'avait pas remporté un match sur gazon sur le grand circuit (hors qualifications) et qu'il n'avait jamais dépassé le second tour d'un Grand Chelem. Elle est tout sauf illogique lorsque l'on sait comment Pouille procède pour passer les caps.
"Reproduire ce que font les très grands"
Le natif de Grande-Synthe s'inspire des meilleurs. Du talent, il en a à revendre. Dans le pur style des joueurs français, il est très doué techniquement. C'est surtout sa maturité qui ressort ces derniers temps, en particulier quand il évoque son fonctionnement. "Quand on voit les étrangers comme Zverev, il est structuré depuis beaucoup de temps. Ça coûte de l'argent, certes, mais on n'a pas le choix pour arriver au plus haut niveau, il faut reproduire ce que font les très grands" nous confiait-il après sa victoire sur Tomic. "Par exemple, Raonic, ils sont douze autour de lui mais en attendant il a fait un début d'année incroyable, après il s'est un peu blessé mais je pense qu'il n'y a pas de secrets. Pour moi c'était vite clair dans ma tête." Pouille est un bosseur, un besogneux qui sait parfaitement ce qu'il fait et ce qu'il faut faire pour être encore plus complet face à ce tennis mondial qui évolue même si les mêmes noms trustent encore les grands trophées. Son team est maintenant encore plus solide que cela n'a été le cas par le passé. Quand j'étais à l'INSEP, j'étais beaucoup blessé. Une fois que j'ai terminé l'INSEP, la première chose qui est venue à l'esprit pour mes parents, Manu (Planque, son entraîneur) et moi, c'est qu'il fallait déjà prendre un kiné. Au début c'était "on va voir pourquoi tu te blesses, ce n'est peut-être pas encore le moment" mais on a changé les choses, depuis deux ans j'ai pris des semaines avec un kiné. Là, mon préparateur physique voyage beaucoup avec moi, il est quasiment là toutes les semaines. C'est important." Son père évoque un joueur "humble et déterminé." On est par exemple loin du fantasque australien Nick Kyrgios (21 ans, 18e). Certes, Pouille n'a pas tout cassé très jeune comme un Richard Gasquet. Les époques sont différentes, le tennis actuel aussi. Les résultats donnent raison à celui qui va forcément tirer beaucoup d'expérience de son voyage en République tchèque. En France, l'exploit est glorifié et la chute est rude. Pour l'instant, "La Pouille" a montré qu'il avait la tête dure et qu'il était bien loin de perdre le Nord.