Tennis. ITW - Andy Murray : "Je peux perdre ma place à Londres"
Par Thibault KARMALY & Emmanuel POTIRON le 07/11/2016 à 10:43
Vidéo - Andy Murray à Paris-Bercy après sa victoire ce dimanche !
Andy Murray vainqueur pour la première fois de sa carrière du BNP Paribas Masters de Paris-Bercy face à John Isner (6-3, 6-7 (4), 6-4). Andy Murray pour la première fois de sa carrière numéro mondial dès lundi. On ne peut pas dire que l'Ecossais a explosé de joie en conférence de presse ce dimanche. Tout simplement parce que c'est son tempérament. Mais aussi parce que sa place de numéro mondial, il pourrait la perdre lors du prochain Masters et "Tournoi des Maîtres" à Londres. "Cela ne fait qu'une semaine. Je vais essayer d'en profiter au maximum, parce que je pourrais perdre cette position et ne plus jamais l'obtenir à nouveau. Une fois sur le court, je me sentais bien, je ne pensais pas au classement, je ne pensais à rien d'autre. J'essayais simplement de gagner le match", a-t-il notamment déclaré.
Andy, c'était très important pour vous de gagner aujourd'hui après être devenu n°1 hier ? C'était important aussi pour l'avantage que cela vous donne peut-être.
Non, je ne pensais pas avoir de l'avance en termes de points. Je me suis simplement dit que ce serait bien de terminer l'année en étant n°1 mondial. Je suis content d'y être arrivé. Mais avant ce match, je me suis senti bien et c'est ça qui était vraiment formidable, à part la victoire qui était encore mieux. Je n’ai pas ressenti trop de tensions. On pourrait penser qu'après avoir appris être n°1, j'aurais pu avoir un moment de creux. Je me suis senti bien avant d'aborder le match.
Vous avez dit sur le court que vous étiez déterminé pour avoir un bon résultat à Londres, ce qui n'a pas toujours été le cas. Avez-vous l'intention de continuer sur votre lancée jusqu'au bout ?
Oui. Les deux dernières années, je n'ai pas très bien joué à Londres. Cette fois-ci, je voudrais jouer mon meilleur tennis. La question n'est pas de savoir si je vais gagner cette finale, mais je veux bien terminer l'année. En effet, ces dernières années, j'ai eu beaucoup de mal à jouer cette finale. Maintenant, j'ai quelques jours pour me reposer et ensuite, je vais me donner à fond les dix prochains jours.
Y a-t-il quelque chose que Jamie Delgado a particulièrement bien fait pour vous aider ?
C'est la régularité du travail. Avoir quelqu'un à côté de soi qui est là tout au long de l'année, à chaque séance d'entraînement que j'ai eue cette année, il a été là. Ce n'est pas le cas des autres membres de l'équipe qui ne sont pas là chaque jour. Ils ne suivent pas tout ce que je fais alors que lui, oui. Nous étions amis déjà auparavant mais maintenant, on a une relation très solide. Je respecte énormément le fait qu'il ait fait ce sacrifice de voyager et travailler aussi dur cette année. Évidemment, ensemble, nous avons eu de très bons résultats. Le reste de l'équipe aussi compte beaucoup. Avoir quelqu'un qui voit tout ce qui se passe et qui est là en permanence est très précieux. Avoir quelqu'un à mes côtés, qui est tellement engagé, m'aide beaucoup.
Comment vous sentez-vous mentalement et physiquement après cette série, est-ce moins fatigant quand on gagne ?
Les matchs son fatigants. Sur le plan mental, c'est vrai que c'est plus difficile de perdre que de gagner. Physiquement, le match est plus fatigant forcément s'il dure plus longtemps. Quand le match est plus court, c'est moins fatigant. En tout cas, même si j'avais perdu plus tôt cette semaine, cela ne voulait pas forcément dire que j'aurais eu des jours de repos supplémentaires, j'aurais travaillé quand même. À ce stade de la saison, je me sens plus ou moins fatigué physiquement. Mentalement, cela fait un moment que je me sens très bien, pas du tout stressé. Les matchs me font un peu stresser mais quand je suis chez moi, tout va bien, cela m'aide beaucoup.
Vous allez retourner chez vous dans votre ville ? C'est important pour vous d'être n° 1 ?
Oui, ce que Jamie et moi avons réalisé est très important. Dans ma ville, il y a quelques courts de tennis mais ils ne sont pas de la meilleure qualité possible. Il n'y a pas beaucoup de joueurs qui ont percé provenant d'Ecosse. Le fait que ma mère ait été un coach de tennis nous a aidés, mon frère et moi. Cela nous a permis de jouer dès le plus jeune âge. On a beaucoup aimé le tennis à un très jeune âge. Je pense que sans notre mère, on ne serait pas devenu des joueurs professionnels. Il n'y avait aucune raison. Personne ne jouait vraiment sérieusement au tennis dans notre ville.
Maintenant que vous êtes n°1 mondial, allez-vous réviser vos objectifs ? Vous allez vouloir certainement continuer à vous améliorer.
Je vais m'asseoir autour d'une table avec mon équipe peut-être avant la finale de Londres, je pense arriver là-bas le mercredi. Avec mon équipe, nous allons étudier mon calendrier pour la première partie de l'année prochaine et essayer de fixer des objectifs entre maintenant et mars probablement. En général, je constate que je travaille mieux quand j'ai des objectifs plus à court terme. Je vais parler avec eux à ce sujet.
Vous êtes dans la meilleure forme de votre carrière, est-ce que vous pensez pouvoir gagner l'Open d'Australie et Roland-Garros pour réaliser le Grand Chelem l'année prochaine ?
Je ne sais pas. Il y a tellement de choses qui peuvent se produire ou changer. Regardez déjà ces derniers mois, personne ne se serait attendu à ce que je réalise ce que j'ai réalisé. Ce que j'ai fait pendant l'été et après, c'était même inattendu pour moi-même. J'ai eu la meilleure année de ma carrière en ayant gagné l'US Open, Wimbledon et les Jeux Olympiques. J'étais à la finale de l'Open d'Australie aussi. Quelques mois après, je m'étais blessé. Je ne sais pas du tout où j’en serai dans cinq mois ou six mois. Bien entendu, j'adorerais gagner l'Open d'Australie, parce que c'est le prochain objectif majeur qui arrive à l'horizon, au début de l'année prochaine. Je n'ai jamais réussi à le gagner. J'ai été pris de court plusieurs fois et j'aimerais bien gagner cette année.
Vous disiez qu'en entrant dans ce match et dans les matchs en général, il y a toujours une certaine tension. Est-ce que le fait d'avoir été n° 1 mondial la veille a joué un rôle ? Avez-vous eu des sensations différentes en jouant du fait d'être n° 1 ?
Je ne sais pas. Cela ne fait qu'une semaine. Je vais essayer d'en profiter au maximum, parce que je pourrais perdre cette position et ne plus jamais l'obtenir à nouveau. Une fois sur le court, je me sentais bien, je ne pensais pas au classement, je ne pensais à rien d'autre. J'essayais simplement de gagner le match. Avant le match, je voulais vraiment aller sur le court, je voulais vraiment gagner. Je n'ai jamais pensé que mon travail était terminé pour la semaine. J'espère pouvoir avoir la même attitude dans le "Masters" de Londres. Là, on est en concurrence avec les meilleurs joueurs et le public est énorme. J'espère être prêt pour cet événement.
Est-ce que vous pensez que vous allez vous coucher tard ce soir ou est-ce que vous allez vous lever tôt demain matin pour voir les calculs de votre classement ? Avez-vous vraiment réalisé ?
Non, je ne crois pas que je vais me coucher très tard. C'est vrai que tout s'est passé très vite. Je ne sais pas vraiment si j'ai digéré l'information ou pas. Ce n'est pas comme si c'était arrivé après avoir gagné en tournoi de Grand Chelem ou les Jeux Olympiques. C'est différent mais c'est sans doute dû à la manière dont cela s'est passé. Quand on joue une finale, on gagne ou on perd. Tandis que le classement de n° 1 mondial ce n'est pas pareil. On peut toujours se dire que l'on a une chance la semaine suivante et je n'ai pas joué ce match contre Milos, donc c'est différent.
Quelle différence y a-t-il entre un tournoi qui se joue à Paris, Shanghai ou ailleurs et un tournoi qui se joue à Londres ?
Je crois que j'ai toujours bien géré ce type de situation, que ce soit en Coupe Davis ou aux Jeux Olympiques, ou sur les tournois qui se jouent sur gazon. Je crois que j'ai toujours bien joué devant mon public, sauf qu’il est vrai que les deux dernières années je n'ai pas si bien joué à Londres, à la finale. Je sais qu'une année quand même j'ai joué à la finale de Londres un des meilleurs matchs de ma carrière et j'ai eu de bons moments aussi. Bien sûr que le public peut jouer un rôle, il peut vous aider. J'espère que s'il me soutient, je pourrais faire une meilleure performance cette année.
Félicitations. Roger vous a appelé Monsieur et d'autres joueurs aussi vous ont fait des compliments. Est-ce que vous êtes touché par tous ces compliments ? Vous les avez reçus depuis que vous êtes n° 1?
Il n'y a pas un compliment qui ressort plus que les autres. C'est toujours très sympa de la part de tous les joueurs, parce que gagner le respect des autres joueurs c'est la chose la plus importante. Hier soir, j'ai eu beaucoup de messages, beaucoup plus qu'après n'importe quel match que j'ai joué dans ma vie. Tout ce qui vient de la famille est très important, parce que ma famille a toujours été près de moi depuis le début et aussi parce que vous parlez volontiers à votre famille. Ils ont été les témoins aussi des moments difficiles et des doutes et donc ces messages que vous recevez de votre famille sont les plus précieux. Cela ne veut pas dire que les messages de personnes connues ou célèbres ou d'autres joueurs ne sont pas importants mais ce sont bien sûr les messages de la famille qui vous tiennent le plus à cœur.