Tennis. ITW - Djokovic : "100 fautes directes ! Inacceptable"
Par Clémence LACOUR le 24/01/2016 à 17:17
Vidéo - Les Highlights du match Simon-Djokovic
Novak Djokovic a vécu un match cauchemardesque face à Gilles Simon en huitièmes de finale de l'Open d'Australie. Alors que personne ne donnait bien cher de la peau du Français a priori, il a réalisé un superbe match, tandis que le Serbe se frustrait et alignait les fautes directes (100 au total !), entre coups gagnants lâchés hors des limites du terrain et amorties mal touchées. Le numéro 1 mondial a donc dû batailler pendant plus de quatre heures et cinq sets (6-3 6-7 (1) 4-4 4-6 6-3) pour se sortir du jeu d'échecs où l'avait enfermé son adversaire. Il est revenu en conférence de presse sur son sentiment après ce match et a évoqué son statut d'homme à battre des tournois et son ascension vers les sommets atteints par les légendes du tennis.
Vous n'avez pas particulièrement manifesté de joie après la balle de match... Quel était votre état d'esprit après ces 4h32 de combat ?
Oh, j'étais bien sûr très heureux de gagner ce match. Le dernier point compte. Mais je ne suis pas satisfait de ma performance dans son ensemble. Bien sûr, il faut s'attendre à faire des fautes face à Gilles Simon, qui est l'un des meilleurs contreurs du circuit depuis bien longtemps. Il aime les matchs longs. Il aime les longs échanges. Je m'attendais à ce type de match. Par contre, je ne m'attendais pas à faire autant de fautes directes ! En termes de niveau de jeu, c'est vraiment un match à oublier pour moi. Bon, bien sûr, j'ai gagné, ce qui est vraiment bon pour moi. C'est toujours bien de pouvoir s'en sortir alors qu'on a si mal joué. Mais je devrai faire mieux le prochain match.
Pouvez-vous expliquer pourquoi vous avez si mal joué ?
Ca arrive parfois. On a tous nos mauvais jours. Et puis bon, ça dépend de l'adversaire. Gilles est un très grand défenseur. Il vous oblige sans cesse à jouer un coup de plus. Voilà, il y a des jours comme ça, et par chance, on trouve les ressources pour se battre et pour gagner. Je pense que j'ai bien servi lors des points clés et que cela m'a aidé à m'en sortir. C'est ce qu'il y a de positif, et ce que j'aimerais retenir de ce match.
Avez-vous le souvenir d'un autre match où vous auriez commis 100 fautes directes ?
Non, ça doit faire un bon moment. Je ne pense pas avoir été un jour proche des 100 fautes directes. Mais bon, il faut bien un début à tout !
Quand vous avez vu que vous étiez embarqué dans un cinquième set face à un aussi bon joueur que Gilles Simon. Etes-vous alors entré dans une zone de calme et d'esprit rationnel, ou est-ce que c'était la panique totale ?
Je pense que j'ai perdu le quatrième set parce que j'ai perdu mon calme. A 4 partout, 40-0, j'ai gâché ce jeu avec une formidable quantité de fautes directes et je lui ai donné ce set. Après ça, le set étant perdu, j'ai juste du me ressaisir, trouver la force et la concentration pour gagner. Encore une fois, mon dernier jeu de service était excellent. Ce secteur-là du jeu était vraiment bon, si je peux sauver quelque chose de ce match.
Toutes ces amorties, vous les faisiez car vous perdiez patience ?
Oui oui, ce n'est vraiment pas facile quand vous ne sentez pas la balle et que vous ne vous déplacez pas bien. Un joueur comme Simon, il sent bien ces choses et vous fait jouer un coup de plus. Vous essayez alors de couper court à ces longs échanges, vous tentez un coup gagnant ou vous essayez un coup gagnant. Le cerveau s'engourdit... Et c'est pour ce qui m'est arrivé quand j'ai tenté ces amorties.
Etes-vous préoccupé pour les jours à venir, après ce si long match ?
Franchement, je suis heureux de savoir que je ne pourrai jamais plus aussi mal jouer que ça (Sourire) ! Je ne m'inquiète pas pour le prochain match pour le moment.
Avez-vous l'impression que sur le plan tactique, Gilles Simon vous a placé dans des situations inconfortables ?
Eh bien, je ne veux rien retrancher à sa performance. Il s'est bien battu. Il a bien joué. Il n'a rien fait de spécial. J'ai fait tellement de fautes sur les balles à mi-court, j'ai gâché tellement de balles de break. C'était de ma propre faute si je me suis retrouvé à devoir jouer cinq sets !
Vous allez jouer dans 48 heures contre Kei Nishikori. Aurez-vous récupéré, serez-vous assez fort pour tenir ?
Eh bien, la victoire me donne de la confiance... La défaite pas trop. je pense que c'est très simple. J'ai déjà connu pire. L'avantage des Grands Chelems, c'est que vous avez une journée pour récupérer. Cela vous donne assez de temps. J'ai connu des situations bien pires. Je ne suis pas inquiet.
Vous avez égalé la marque de Jimmy Connors [NDLR : 27 quarts de finales de Grand Chelem]. Que pensez-vous de lui ? L'avez-vous déjà rencontré ?
J'ai bien sûr énormément de respect pour lui, pour ce qu'il a fait, qui il est et ce qu'il a fait pour le tennis. Il a amené pas mal de gens à suivre le tennis, grâce à son énergie, à son charisme sur le court, et à toutes ses autres qualités. C'est un privilège d'être cité à côté d'un nom si prestigieux, d'une légende. C'est vrai que j'ai joué de nombreux quarts de finale de rang. Cela me fait plaisir car j'ai toujours espéré jouer mon meilleur tennis sur ces grands tournois. J'y suis parvenu jusqu'à présent. J'espère continuer ainsi.
Diriez-vous que votre victoire d'aujourd'hui en dit long sur votre envie de gagner ce tournoi ?
Eh bien, je ne suis pas le seul joueur à vouloir gagner ici. Mais si je sui en Australie, et si je suis ici, c'est parce que je veux y exceller. Sur le court, je n'ai pas envie de m'assoir sur mes lauriers. Je veux donner le meilleur de moi-même. Bien sûr, parfois, le meilleur, c'est pas terrible... Comme aujourd'hui. Mais il faut toujours s'efforcer de faire au mieux. Il s'agit d'être professionnel et de se battre sur chaque balle. C'est grâce à cette attitude que j'ai gagné ce match.
Qu'est-ce qui vous a traversé l'esprit durant ce match ? Avez-vous beaucoup cogité ?
J'ai surtout pensé à mon besoin d'oxygène à cause de ces longs échanges. Il fallait se concentrer sur la respiration et sur le point suivant. Ce qui est joué est joué, ce n'est pas la peine de le ressasser. C'est derrière soi. On ne peut pas le changer. Ce n'est jamais agréable de sentir que l'on ne joue pas bien. J'ai essayé de trouver ma motivation dans ce qui était à venir.
Vous avez souvent évoqué la position de Serena Williams dans le tennis féminin, seule au monde et contre le monde, et joueuse à battre pour les autres. Pensez-vous être son homologue dans le tennis masculin ?
Oui, on en a beaucoup parlé. Je m'entends très bien avec Serena Williams. J'ai beaucoup de respect pour ce qu'elle fait et ce qu'elle accomplit. C'est un exemple pour tous, pour sa motivation, à l'âge qu'elle a. Ceette faim de victoires qui conduit au succès, c'est quelque chose que peu de joueurs ont, que ce soit du côté des hommes ou de celui des femmes. Il faut prendre exemple sur cela. Il ya des endroits où l'on est plus ou moins apprécié. Je ne me considère pas comme étant seul contre le monde entier car le tennis est un sport international et je passe ma vie à voyager. C'est normal de recevoir plus ou moins de soutien selon les lieux où l'on joue. Tout ce qui est important est entre nos propres mains : notre engagement envers autrui, notre professionnalisme, notre responsabilité envers nous-même et envers notre sport lorsque l'on fait partie des top joueurs. Certains de mes succès m'ont paru me créer des obstacles, m'ont donné des leçons de vie. J'évolue. J'essaye de devenir meilleur.
Alors, pour le prochain match... Finies les amorties ?
Ca serait intéressant de voir combien j'ai gagné de points, en pourcentages. 40 % je dirais. C'est très faible. La personne qui m'en a fait la réflexion, pendant le match, avait absolument raison. Mais parfois ça marche ! Ca fait partie de mon jeu. Bon, comme je l'ai dit, je ne pouvais franchement pas jouer pire match que celui-ci. 100 fautes directes... C'est vraiment énorme pour moi et pour mon type de jeu car je suis agressif, mais je construis tout de même mes points. J'ai vraiment trop fait de fautes aujourd'hui. Il faudra que j'en diminue le nombre le prochain match.