Tennis. ITW - Houdet / Peifer : "On a joué 3h07, c'est énorme !"
Par Clémence LACOUR le 30/01/2016 à 20:14
Vidéo - Stéphane Houdet : Le Tennis Fauteuil une nouvelle dimension
C'était le jour des matchs dantesques ce samedi à Melbourne pour cet Open d'Australie 2016. Avant la victoire d'Angélique Kerber, arrivée pendant qu'ils étaient interrogés par la presse, Nicolas Peifer et Stéphane Houdet étaient parvenus à remporter le titre du double en tennis fauteuil au terme d'une chevauchée fantastique dans le troisième set. Retour sur ce match à rebondissements qui a duré plus de deux heures, et sur l'évolution de leur sport avec les deux Français.
Stéphane (Houdet), quelle victoire incroyable... Vous étiez menés 5-0 15-40 dans le troisième set pourtant, on ne me trompe pas ?
Non non, c'est bien ça, 5-0 15-40 sur le service de Nico (Peifer), et au changement de côté, on s'était justement dit que ce serait bien de ne pas partir avec une bulle sur le troisième. C'était un match qu'on avait bien commencé. On menait 6-3 puis derrière on est menés 4-3, on peut revenir à 4-4, on ne fait pas, puis finalement ça fait 6-3, 15-40 sur le premier du premier set, puis tout se passe à l'envers : 1-0 2-0 3-0 4-0 5-0 15-40. Et là, coup du sort, le premier retour de Gordon Reid touche le cadre et part en dehors du terrain. Juste derrière, Shingo (Kunieda) rentre bien bien fort dans la balle sur son retour, et ça prend la bande. Ca fait 40 A. Un peu par hasard, on fait ce jeu. Bon, allez, 5-1. On s'est dits qu'eux ils n'avaient pas fait beaucoup de coups gagnants, on a pensé "essayons de remettre la balle dans le court, et si on a une opportunité, on monte et on finit". Et là, ça a fait 5-2, et puis 5-3... Là, on arrive à breaker pour faire 5-4. Là, on se dit qu'on va continuer pareil, on reste bien calmes, mais on sert pour égaliser à 5 partout. On est à nouveau dans le match. On était dans une humeur vraiment très calmes. Perdus pour perdus... On reste sur ce mode-là. On égalise à 5 partout. Et en fait, dans tous ces jeux, ce qui a été important, c'est qu'ils n'ont pas eu d'occasions, alors qu'on était loin au score du set. Ca nous a souri. La balle de set, c'est une faute de Shingo Kunieda, en coup droit, et on n'a pas une explosion de joie comme on aurait eu sur une autre finale, car on s'était mis dans ce mode-là.
Nicolas (Peifer), c'est un match interminable, qui a duré plus de trois heures, ...
Plus de trois heures ? Non ?! C'est pas possible !
Si, si, Nicolas, on vous l'assure. C'est du jamais vu, à votre niveau.
C'est sûr, on a fait un super gros match. Dans le 3e set, on ne s'est plus posé de questions. On a joué l'échange. Cela a marché jusqu'à 7-5, donc c'était plutôt le bon plan. On n'a pas lâché.
Stéphane, ça ne fait pas longtemps que vous jouez ensemble à nouveau.
Non, effectivement. On a joué à New-York, mais on a des choses à régler, à trouver. Il y a eu des coups où l'on était à deux sur la même balle. Il faut qu'on trouve nos mots, notre langage, notre façon de nous supporter car parfois on est agacé que l'autre ait fait cette faute-là, et puis derrière, eh bien on fait la même. Il reste donc du travail. C'est vraiment intéressant. (Applaudissements dans la salle) Ah, ça c'est Angelique Kerber qui arrive. C'est énorme ce qu'elle a fait... Une victoire comme ça ... Mais c'est aussi ce qu'il s'est passé pour nous. Gordon a gagné les simples. C'est le quatrième joueur à gagner un titre dans l'ère moderne, et il a gagné en 3h15. On a joué 3h07 aujourd'hui, et on a pensé qu'il y aurait peut-être un moment où il pècherait un peu et que ce serait pour nous.
Ces matchs qui durent longtemps, c'est nouveau. Est-ce un signe que votre tennis à vous évolue aussi ? Que vous êtes plus endurants, tous ?
Clairement oui. Là, les cartes sont rebattues car on avait l'habitude d'avoir les quatre premiers en quarts, les huit premiers en demies... Les deux premiers en finale. Là, le premier sort en quarts de finale, c'est le cinq qui gagne, c'est le n°4, Joachim Gérard, qui gagne en finale. Moi, j'étais 2, je joue Nicolas Peifer au premier tour... Tous les matchs sont durs, tous les matchs sont chauds. Et puis petite surprise : comme Shingo qui avait gagné en 2015 perd ses points, je vais passer n°1 mondial lundi à 45 ans. J'en profite mainetnant car ça peut ne pas durer longtemps, mais c'est un nouveau défi pour les autres, d'aller chercher cette place au même âge dans quelques années.
Propos receuillis à Melbourne par la rédaction de Tennis Actu