Tennis. ITW - Timea Bacsinszky : "La pression moi, je la bois !"
Par Thibault KARMALY le 02/06/2016 à 23:13
Vidéo - Roland-Garros - Les temps forts de Bacsinszky - Bertens
Tombeuse d'Angélique Kerber (28 ans 3e) au 1er tour de Roland-Garros (6-2, 3-6, 6-3), Kiki Bertens (24 ans, 58e) est désormais qualifiée en demi-finales du Grand Chelem parisien, où elle rejoint l'Américaine Serena Williams (34 ans, 1re). La Néerlandaise s'est imposée solidement face à Timea Bacsinszky (27 ans, 9e) en quarts de finale (7-5, 6-2). La Suissesse est revenue sur sa défaite en salle de presse. Et sourire en coin, elle a même plaisanté un peu en français : "Vous savez, si vous dites en français, quand quelqu'un me pose la question, "Que pensez-vous de la pression ?", je dis "Moi, je ne la sens pas, mais je la bois la pression !" Bref..." Des propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu à Roland-Garros.
Timea, j'ai l'impression que le match a changé après le premier set, et puis elle a gagné sept jeux d'affilée.
Au début, j'ai eu du mal à cause des conditions. Elle, elle arrive à mettre de la vitesse dans ses coups. Elle est très puissante. Ça se voit d'ailleurs. Et, moi, je pense que j'ai moins de force. Et puis, quant aux conditions, elles étaient encore plus lourdes qu'hier. Et justement, ce qui m'a gênée, c'était la longueur de mes coups. Je ne trouvais pas vraiment là où viser pour la gêner. Également, elle, je crois que c'était un très bon moment pour elle sur le court. Donc, on a joué de façon plus ou moins égale d'ailleurs pendant tout le premier set. C'est vrai, j'aurais pu gagner ces jeux-là, ça aurait pu basculer d'un côté comme de l'autre. C'était la même chose pendant la deuxième manche. Et donc, félicitations à elle, puisque c'est elle qui a réussi à gagner les points les plus importants. Mais l'un dans l'autre, même si j'ai perdu effectivement plusieurs jeux d'affilée, j'ai essayé de faire de mon mieux pour que je puisse gagner, mais ça n'a pas marché. Ce sont des choses qui arrivent !
Timea, vous avez parlé de s'adapter et de résoudre des problèmes, des choses comme ça. Aujourd'hui, le problème, c'était peut-être sur le court l'exécution, la mise en œuvre de son plan de jeu. Y a-t-il quelque chose en particulier qui n'a pas fonctionné ?
Effectivement, je n'ai pas réussi à remonter mes balles en y mettant beaucoup d'effet, et parfois, ça ralentissait les échanges ; et pour donner de la hauteur à ces balles, il faut utiliser ses jambes. Et dans ces conditions, il faut encore plus utiliser ses jambes. Il y a un moment du match où je n'ai pas pu donner cette chose supplémentaire, et donc je n'ai pas réussi à imposer le rythme que je voulais, même si j'ai parfois déstructuré le jeu. Il fallait que je trouve d'abord le rythme. Toute l'année, je m'adapte aux conditions, quelles qu'elles soient. Les gens se disent : "C'est bien, tu gagnes beaucoup de matchs, tu joues très bien, tu le sens bien." Mais l'année dernière, j'ai parlé de deux matchs où tout rentrait, tout passait. Mais cette année, ce n'est pas encore arrivé d'avoir un match comme ces deux matchs. Je ne sais pas, aujourd'hui, peut-être que je ne me sentais pas si bien que ça pendant le match. En tout cas, parfois, j'arrive à changer le match en ma faveur. Là je n'ai pas réussi aujourd'hui, heureusement, c'est une bonne chose pour moi que généralement j'y arrive, mais aujourd'hui, je n'ai pas réussi. Même pendant le deuxième set, je me suis dit, peut-être je peux faire un retour. Peut-être à 4-3, elle va avoir le bras qui tremble, ça fera 4 partout. À partir de là, qui sait ce qui peut se passer. De même la première manche, j'étais à deux point de balle du set, et si j'avais gagné... On ne saura jamais, maintenant le match est terminé ! Mais je vais essayer de mieux faire passer ces coups-là dont j'ai besoin, parce que c'est vrai, aujourd'hui, j'ai manqué ces coups-là, et je n'ai pas trouvé non plus mon rythme, même si j'ai essayé de faire de mon mieux.
Le fait que Kiki Bertens soit sortie du court vous a-t-il déstabilisée ? Vous avez perdu quatre jeux d'affilée après ça.
Vous savez, je ne pense pas que les gens fassent quelque chose de méchant exprès ou pour gêner l'autre joueuse. Je n'ai pas vraiment fait attention à cela. J'ai simplement fait attention à moi, à mon jeu pour jouer plus dans le fond du court, faire plus d'échanges plus longs, je ne me suis pas trop concentrée sur elle et ses problèmes de santé, ou peut-être ses blessures. Parce que moi aussi, j'ai mes deux chevilles qui sont protégées. Avant Roland-Garros, je n'ai pas beaucoup frappé. Là, je me retrouve tout de même en quarts de finale ici... Vous voyez, je ne m'intéresse pas à ces choses-là, vous savez, pour être franche. Non, je m'occupe de moi, et c'est moi, je n'ai pas pu jouer mieux, j'aurais dû jouer mieux.
Est-ce ça qui a cassé votre rythme ? Après, vous avez perdu rapidement quatre jeux d'affilée.
J'ai perdu trois jeux avant, je crois... Avant le deuxième set. Et donc, déjà, là, ça n'allait pas. J'avais déjà perdu quelques jeux avant. J'ai perdu encore plus de jeux, c'est tout ! En tout cas, c'est vrai que je n'ai pas trouvé mon rythme après ça. Mais je ne pense pas que ce soit ça qui ait cassé mon rythme.
Les quart de finale ici est un résultat satisfaisant ou êtes-vous déçue ?
Je ne me fixe jamais d'objectif, et donc je ne suis jamais déçue ! C'est ça qui est bien avec moi ! En tout cas, je suis très heureuse de cette semaine entière. Et puis aussi, être dans l'élite des joueuses... Ça veut dire que les gens attendent de votre part de très bons résultats. Ça y est, j'ai fait de bons résultats l'année dernière, je reviens, j'arrive à gérer la situation, je vais loin dans le tableau. Et donc, déjà ça, c'est quelque chose d'énorme pour moi. Et donc, je pense que j'ai fait un bon geste… Non une gestion, comment dire en anglais... Ah oui, "manage" en anglais... Donc, j'ai plutôt bien géré ça, j'ai même fait des blagues, j'ai plaisanté en français… Vous savez, si vous dites en français, quand quelqu'un me pose la question, "Que pensez-vous de la pression ?", je dis "Moi, je ne la sens pas, mais je la bois la pression !" Parce qu'en français, le mois anglais, "pressure", ça veut dire pression, comme une bière... Et donc, je dis, je bois la pression ! Bref... Je pense que bien sûr, je veux toujours aller plus loin... Je veux m’améliorer constamment, et c'est comme ça, c'était peut-être écrit que cette année, je ne devais pas aller plus loin... En tout cas, je me sens plutôt jeune ! J'ai faim de travail, de travailler encore plus... Et peut-être, qui sait, de faire la même chose, ou peut-être encore mieux un jour.
Des propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu à Roland-Garros.