Tennis. La Raquette à Doudouce - Federeriennes..., Federeriens... !
Par Philippe DOUCET le 08/06/2019 à 21:20
Philippe DOUCET dit "La palette" vous connaissez forcément, le consultant phare foot de Canal +. Né le 16 août 1962, Philippe DOUCET est aussi et aujourd'hui gérant de son entreprise "La Palette a Doudouce" et a choisi de nous livrer régulièrement sa vision tennis à l'occasion de ce Roland-Garros 2019 : "La Raquette à Doudouce" et c'est sur Tennis Actu. Merci à lui !
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Le mot du jour sera pour les amoureux du tennis, et donc… de Federer ! Et toc ! Et pan dans le mille ! Bon, il ne s’agit pas de chasser quiconque ici, mais les amoureux de Federer sont prioritaires dans cette Assemblée Générale annuelle. A l’heure du bilan Roland-Garros 2019, comment ne pas mettre en avant l’apport considérable de Roger Federer ? C’est simple, malgré une défaite lourde sur le plan du score, le Central entier s’est levé à la sortie du Maître. Et Rafa Nadal, lui-même, l’a applaudi, debout !
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C’est dire l’impact toujours aussi fort qu’exerce RF sur tous les endroits du monde où il se produit. Et, naturellement, cet impact est d’autant plus fort que nous regardons chacun de ses matches comme si c’était le dernier. Et cela fait cinq ans que cela dure… Cinq ans que nous craignons la fin, que nous croyons qu’il ne gagnera plus. Et puis, de fait, le voilà revenu en demi-finale de Roland-Garros sur une surface réputée impossible pour son jeu.
Le bilan est donc globalement très positif, selon la formule du Parti Communiste Français. Car chez les Federeriens, nous sommes un peu dans le culte du grand homme, façon secte… Maintenant, nous sommes au lendemain d’une défaite en trois sets contre Nadal (jamais un plaisir !). Alors y a t-il la place pour la déception, l’amertume, le regret ?
Il y a, bien sûr, ce moment troublant. Au deuxième set, à 4-4 40/0 sur son service, sûrement perturbé par une bourrasque de vent, « Rodge » balance une pauvre première à mi-filet à 117 km/h. Le sourire envahit son visage… Après une deuxième peu vivace, il balance un revers loin de la ligne. Pas plus concentré sur les points suivants, le voilà sous une pression inattendue. Il va perdre son service et le set sur ce malentendu. A un moment où il dominait franchement Rafa dans le jeu. Il avait d’abord bêtement gâché un break en début de set. Et, peu avant, à 4-3, il avait multiplié les initiatives, les inspirations, débordé bien souvent l’Espagnol sans parvenir à faire le break, faute de finir des points qui paraissait tout faits. Bien sûr, il y avait ce vent. Bien sûr, il y avait la défense résiliente de Rafa l’obligeant à jouer toujours un coup de plus. Mais on a tous eu le sentiment alors, qu’il avait les cartes et le tennis pour aller mettre le doute chez Nadal.
A deux sets à zéro, on avait évidemment le sentiment contraire. Et Nadal avec, puisque l’Espagnol s’est mis à jouer infiniment mieux à mesure que Roger s’éteignait. En conférence de presse, il aura un aveu étonnant. « Je sais qu’on n’a jamais l’impression que je me bats, mais… ». C’est vrai que l’incroyable facilité de Federer trompe son monde. Bien sûr qu’hier, il a tout essayé, multipliant attaques, amorties, variation des effets. Bien sûr, il s’est battu, fait violence pour prendre des risques insensés au milieu des bourrasques.
Pour ces deux sets de haute inspiration et créativité, les Federeriens seront magnanimes avec leur champion. Car quel bonheur de voir un tennis chavirant… Il n’y a rien d’insultant ou critique que d’affirmer ici que ce qui a fait la grandeur de Nadal, c’est aussi et surtout d’avoir dû dépasser un jeu ennuyeux pour s’obliger à faire plus que résister aux assauts d’un Federer. L’Espagnol a conclu 3 ou 4 points de défense en contre (notamment en revers croisé) absolument inouïs durant le match.
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Nadal n’est pas pour rien le plus grand joueur de l’histoire sur terre-battue. Et s’il n’est pas si sûr qu’il sera de nouveau le vainqueur de Roland-Garros cette année, il demeure à un niveau remarquable. On peut toujours se demander ce qu’aurait été ce match sans vent, sans cette terre-battue lourde et lente, ou sans ces scories qui ont empêché Roger Federer de conclure le deuxième set. Il aurait pris une autre ampleur, assurément. Et Nadal n’aurait pas vu sa confiance grimper de façon aussi insolente. De là à penser que « Rodge » pouvait gagner est un pari délicat…
C’est ici une question qu’on ne doit pas se poser, lorsque la défaite est là, tangible, nette. D’ailleurs, Roger n’a pas cherché d’excuses. « Le vent était pour tous les deux. A moins qu’il ne soufflait pas de son côté », plaisanta-t-il en conférence de presse. « S’il y a le toit l’année prochaine ? Cela reste un tournoi outdoor, il n’y a pas de raison de fermer. Et puis le toit pourrait s’envoler… ».
Bonne nouvelle, le Maître était décidément de bonne humeur. « Je me suis surpris moi-même lors de ce tournoi. J’ai bien joué et, en plus, je ne suis pas blessé. C’est bon pour la suite et pour Wimbledon… » A ces mots encourageants, j’ai donc décidé de réunir cette Assemblée Générale Annuelle pour ce message d’espoir : le Maître viendra peut-être de nouveau l’année prochaine à Roland-Garros. En tout cas, il n’a pas dit le contraire…