Tennis. Mag - Los Angeles "plombée" par la politique de Trump ?
Par Clémence LACOUR le 04/02/2017 à 10:10
Vidéo - Donald Trump se met le monde du sport à dos
A l'heure où Paris fait du partage son maître-mot pour la campagne d'élection de la ville hôte des Jeux Olympiques en 2024, les regards se tournent vers celle de Los Angeles. La ville californienne, grande rivale de Paris, va en effet devoir composer avec les exigences et une image de marque des Etats-Unis écornée par les décrets anti-immigration de Donald Trump. Pourtant, il n'est pas dit que Los Angeles parte avec un réel handicap face à la capitale française.
Les sportifs vent debout contre les décrets Trump anti-immigration
A peine investi, Donald Trump a en effet mis en place l'une de ses promesses de campagne : il a pris un décret anti-immigration afin de "protéger la nation contre l’entrée de terroristes étrangers aux Etats-Unis" selon la traduction du site du journal Le Monde. Il avait annoncé face à Hillary Clinton, qu'il mettrait fin à l’immigration issue des pays qui "exportent le terrorisme". On est bien loin de l'idéal de la Charte Olympique, qui indique dans son article 2 des Principes Fondamentaux de l'Olympisme : "Le but de l’Olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine", ou encore, dans son article 4 : "La pratique du sport est un droit de l’homme. Chaque individu doit avoir la possibilité de faire du sport sans discrimination d’aucune sorte et dans l’esprit olympique, qui exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play". De fait, certains athlètes se sont élevés contre ce décret, Mo Farah en tête. Originaire de Somalie, le Britannique avait lancé une cinglante critique, remarquant que ce décret le faisait devenir comme "un étranger". Le journaliste sportif Alex Weimer, résume ainsi les choses au micro de France Info : "Les Jeux sont un événement global. Et en ce moment, les Etats-Unis d'Amérique, l'Amérique de Trump dit "Attendez, nous n'allons pas participer à la mondialisation."
Cette affaire va-t-elle plomber la candidature californienne ?
Les partisans de la candidature de Los Angeles, eux, veulent au contraire contrecarrer cette image d'un pays qui se ferme : Sinjin Smith, beach-volleyeur aux Jeux d'Atlanta, répète le message du moment: ne pas mélanger sport et politique. "Les Jeux olympiques dépassent la politique, explique ainsi Sinjin Smith, nous le savons. Tout le monde le sait. Les athlètes le savent. Alors espérons que ça ne restera pas dans la tête des gens qui prennent la décision finale parce que les Jeux sont au-dessus de tout." Ce jeudi, apprend-on sur ce même média, le maire Eric Garcetti était à l'aéroport pour accueillir un Iranien autorisé à revenir aux Etats-Unis par un juge local et a qualifié sa ville de "refuge" pour les Immigrés. "Le moment que nous allons vivre ne devrait pas être extraordinaire, explique l'édile. Les familles se retrouvent à l'aéroport tous les jours. Mais les décisions inconstitutionnelles prises par notre Président en ont fait un moment à célébrer." Mais cette initiative pour sauver l'image de la cité californienne sera-t-elle bien vue par la Présidence, qui détient les cordons de la bourse ? Le site Sport et Société relève que le budget prévu est de : "5,325 milliards de dollars (4,96 milliards d’euros), dont 175,6 millions (163,6 millions d’euros) pour les transports, 37,9 millions (35,3 millions d’euros) pour les opérations liées aux Villages, mais encore 195,2 millions pour les Cérémonies (181,88 millions d’euros)". Pourtant, c'est peut-être bien finalement la force économique des Etats-Unis trumpistes qui pourraient véritablement sauver la candidature de Los Angeles. En effet, si le CIO était amené à utiliser la désignation de la ville hôte comme une sanction contre la politique de Trump et ne pas accorder sa préférence à la ville, "la nouvelle administration américaine pourrait aller jusqu’à l’utilisation du levier financier", expliquait ce matin sur France Inter Jérôme Gygax, spécialiste de la diplomatie du sport. En 2012, Les Echos relevaient ainsi que des accords particuliers lient le CIO à l'USOC, le comité olympique américain en vertu, aussi, de la prédominance historique des sponsors américains comme Coca-Cola, The Dow Chemical Company, P&G, GE, McDonald's, ou encore Visa. Les Etats-Unis ont un poids considérable dans le budget du CIO, qui pourrait dès lors devoir infléchir ses positions.
Des engagements d'ouverture et de jeux "éco-friendly", malgré Trump
Los Angeles ambitionne des jeux ouverts, avec une participation du public la plus large possible, qui permettrait à la fois des habitants mais aussi aux spectateurs de profiter à plein de l'événement. Pour ce faire, les organisateurs promettent un plan com' impeccable... et la rénovation des transports en commun, dans un pays où la voiture est reine. Le dossier se veut également "éco-friendly" : "L.A a pris l’engagement de livrer des Jeux à faibles déchets, à faibles émissions de carbone, à utilisation judicieuse de l’eau et à forte inclusion, tant sociale qu’économique" annoncent ainsi les organisateurs", ce qui s'inscrit également dans une politique durable de la ville, qui retrouve ainsi par ses engagements la charte de l'Olympisme qui énonce "L’Olympisme est une philosophie de vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’Olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple, la responsabilité sociale et le respect des principes éthiques fondamentaux universels."