Tennis. Panama Papers - Un Brésil dans l'oeil du cyclone avant Rio
Par Clémence LACOUR le 13/04/2016 à 09:07
Vidéo - Panama Papers : comprendre le système offshore en 3 minutes
Alors que le Brésil doit accueillir les Jeux Olympiques cet été, le pays s'enfonce dans la crise. Selon TV5 Monde, un vote va d'ailleurs avoir lieu le 17 ou 18 avril pour destituer la Présidente, Dilma Rousseff accusée par l'opposition d'avoir maquillé les comptes de l'Etat et d'avoir baigné dans un système de corruption organisé. Et ce n'est pas les Panama Papers qui vont arranger les affaires du Brésil... D'autant qu'ils pourraient bien prendre feu et répandre des cendres sur la flamme olympique. Rappelons que ces Panama Papers ont touché le tennis via la personne de Ion Tiriac, qui détient l'Open de Madrid et une Fondation au Panama. Tomas Berdych, lui, n'est plus dans la liste des personnalités citées.
La Firme "Petrobras", au coeur de la corruption
Selon Le Monde, la firme Petrobras, liée à pas moins 106 sociétés off-shores, est bel et bien au coeur d'un système de blanchiment d'argent, en lien avec le cabinet Mossack Fonseca, déjà cité dans l'affaire en janvier 2016 lors du "Lava Jato" (lavage express), l'enquête qui a mis là-bas le feu aux poudres. Or, cet alliage d'une entreprise pétrolière contrôlée par l’Etat et un géant des BTP, qui a fait de mauvais investissements, semble être l'une des principales entreprises à avoir oeuvré pour faire sortir de terre bien des bâtiments construits pour les Jeux. Dans l'oeil du cyclone, on trouve en fait la personne d'Eduardo Cunha, le président de la chambre des députés brésilienne. Selon les aveux d'un entrepreneur, Ricardo Pernambuco, l'élu utilisait une société panaméenne, la Penbur Holdings, afin de recevoir les pots-de-vin et autres commissions reçus pour le chantier de rénovation urbaine "Porto Maravilha", situé à Rio de Janeiro.
La rénovation urbaine par les événements sportifs : entre rêve et poison ?
Ce chantier, cité par différentes revues d'urbanisme, était la vitrine d'un Brésil conquérant, surfant sur les manifestations sportives (Coupe du Monde FIFA en 2014, Jeux Panaméricains en 2007, Jeux Olympiques en 2016) pour rééquilibrer les inégalités territoriales. La Revue Urbanités rapportait en 2014, il y a donc deux ans, que le Ministre des Sports évoquait "le passage d’un ouragan développementiste " pour parler des bienfaits liés à la Coupe du Monde dans un Rio fruit d'un "processus d’urbanisation qui, d’après Maricato, (...) « ségrège et exclut »", entre favelas, logements plus ou moins clandestins, et immeubles chics et modernes. Cette rénovation urbaine devait être portée par un partenariat entre investissements publics et investissements privés. Le dilemme était, comme souvent dans ce genre de manifestation, de rendre les installations utiles pour le développement de Rio. La Revue Urbanités faisait déjà remarquer "les grandes opérations immobilières créées en vue de l’implantation du Parc Olympique et du Village Olympique ne représentent dans le futur aucun avantage important pour l’ensemble de la ville." Dans ce remodelage de l'espace de la ville de Rio, "Porto Maravilha" prévoyait la rénovation urbaine du port de Rio, en créant un espace dédié à des locaux commerciaux et résidentiels de haut niveau.
Le pays hôte des Jeux Olympiques est-il en train de couler sous la corruption ?
C'est donc apparemment dans cet immense projet de rénovation et de création que s'est infiltré ce gigantesque système de corruption lié à Petrobras, et que les pertes économiques et financières ont commencé à s'accumuler. Cela n'a pas aidé un pays dont la situation se dégrade petit à petit, avec une baisse de 9% de la production industrielle, et un accroissement de 24% de l'endettement des entreprises non financières. Les bénéfices chutent eux de 29% en 2015, selon le gouvernement français... Et encore, sans compter les pertes d'Electrobras, Vale et, bien sûr, de la fameuse Petrobras. De quoi mettre en péril l'organisation et l'après Jeux Olympiques ?