Tennis. Roland-Garros - Antoine Hoang sait aussi jouer des deux mains
Par Aude MAZ le 30/05/2019 à 09:20
Antoine Hoang n'était probablement pas attendu du grand public à Roland Garros. Mais ce dernier est en progrès constant sur le circuit challenger depuis le début de l'année. Titulaire d'une wild-card Porte d'Auteuil, au premier tour mardi, il s'est imposé avec la manière face au Bosnien Damir Dzumhur, en quatre manches 6-4, 0-6, 7-6(5), 6-3. Malgré la bulle prise dans le deuxième set, le 146ème mondiale n'a pas tremblé et a continué d'être entreprenant. Grâce à cette victoire sur un membre du top 100, Hoang a gagner le droit d'affronter Fernando Verdasco ce jeudi.
Vidéo - Il sait jouer des 2 mains et est au 2e tour de Roland-Garros
Si l'Espagnol fait plutôt une bonne saison sur terre, il reste assez irrégulier depuis quelques années. Ce qui laisse une petite place au Français pour passer. Dans tous les cas, il peut y croire, surtout s'il affiche le même niveau de jeu que mardi. Le Frenchie aura quoiqu'il arrive fait une très bonne opération, puisqu'en cas de défaite grimpera tout de même de près de 20 places au prochain classement ATP et devrait pointer aux alentours de la 127e place mondiale.
#RG19 Antoine Hoang crée la sensation et se défait de Damir Dzumhur en quatre sets !#RolandGarros #Tennis
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Premier match en Grand Chelem, première victoire. Qu'est-ce qui se passe dans ta tête ?
Il se passe plein de trucs. C'est une première fois. On ne s'y attend pas trop. On essaie de tout faire pour que cela se passe comme cela. Quand le résultat est là, c'est beaucoup de plaisir. Cela fait longtemps que j'attends aussi que l'on s'entraîne comme cela. C'est un gros soulagement. C'est une belle histoire qui continue et j'espère la faire continuer le plus longtemps possible.
Lionel m'a dit que tu étais plutôt quelqu'un qui gardait en toi les émotions et c'est difficile à faire sortir. Ta joie était mesurée quand même, tu ne t'es pas roulé par terre mais, à l'intérieur, cela bout. Comment arrives-tu à concilier ce côté très cérébral avec un jeu d'attaquant ?
Bonne question. Il faudra demander cela à la préparatrice mentale. Je suis plutôt quelqu'un d'introverti et ce, depuis que je suis tout jeune. Sur le terrain, j'essaie de prendre mes responsabilités, de faire le jeu. C'est vrai que c'est un peu contradictoire, mais je pense que le fait d'être introverti cela m'aide aussi à garder une certaine constance et rigueur. Même si j'ai des hauts et des bas, finalement, dans les fins de sets et les moments importants, j'ai su garder ma ligne directrice, peu importe ce qui se passait dans ma tête. C'est bien. Voilà, le résultat m'a souri.
Ton adversaire a été très expressif, dirais-je, voire pénible, c'est difficile de garder sa concentration dans ces cas ? Tu ne le regardais pas ? Comment cela se passait ?
J'essaie d'être dans mon match. Je me dis que s'il réagit comme cela, s'il se prend la tête pour pas grand-chose, pour une marque ou quelque chose, c'est qu'il était aussi, je pense, nerveux. J'essaie de prendre les choses comme cela en me disant : il n'y a pas que moi qui ressens des choses sur ce court. Plus il s'agaçait pour des choses, mieux c'était pour moi. Le public aussi l'a un peu pris en grippe et m'a soutenu d'une manière incroyable. Il y avait une superbe ambiance sur ce court. Je pense que finalement cela n'a pas trop déconcentré et même plutôt aidé.
Félicitations pour votre victoire. Vous évoquiez une préparatrice mentale avant un premier tour comme celui en Grand Chelem. Pouvez-vous nous dire sur quels points vous vous concentrez avec elle sur le discours ?
Le discours, c'est pour appréhender un peu cet événement. Le fait de justement faire un peu abstraction de ce que je rencontrais sur les objectifs que j'ai, je n'en ai pas 36000 non plus, mais de tenir une ligne directrice, le fait de profiter de s'encourager du début à la fin, même s'il y a des erreurs, même si on ne fait pas un match parfait. Au second set, je ne sais pas ce que j'ai fait, j'ai fait un peu des crêpes. J'essayais au troisième de me remettre dedans. Même si au troisième il y a des breaks, l'autre revient, j'essaie de m'encourager et m'accrocher à ce que je pouvais. Le public a super bien réagi. On travaille là-dessus au quotidien, le fait de garder un état d'esprit positif. Comme je le disais, je suis un attaquant, des fois je fais les points, les fautes, et ce n'est pas facile à suivre mentalement parce que des fois on se dit : pourquoi il fait ces fautes ? Et je me le dis aussi. Voilà, on essaie de garder cette stabilité mentale.
C'est une première avec ta première victoire à Montpellier. Là c'est une première victoire en Grand Chelem. Qu'est-ce que cela va changer dans ta saison en termes de points ? En quoi cela va-t-il te faciliter la tâche ?
L'objectif, c'est de rentrer Top 100 avant la fin de l'année. Je vais prendre des points. Cela va m'aider. Je ne sais pas à combien je vais être mais financièrement, cela va m'aider aussi à payer une structure, et je pense encore plus m'investir dans mon projet, d'être encore plus suivi. Je suis déjà suivi, mais encore plus avec un coach tennis, un coach physique ou mental plus régulièrement. J'en parlerai aussi avec mon équipe, si elle pense que c'est bien pour moi, mais oui, cela va m'aider. Déjà, cela me motive parce que je me dis : travailler tout au long de l'année pour vivre des moments comme cela. Le fait de toucher cela du doigt, cela motive encore plus de revenir les années suivantes et même continuer cette semaine. C'est une belle histoire qui continue. Je reçois plein de messages de gens qui sont super contents pour moi. Je n'ai pas eu le temps de tous les lire. Cela ferait plaisir de partager cela aussi.
Je crois que tu as une licence de Staps, tu pourrais être en train d'enseigner le sport. Là finalement tu es au deuxième tour de Roland-Garros, est-ce que le fait aussi de continuer tes études sans te lancer tout de suite dans une carrière de tennis, c'était quoi un parachute ? Une envie ? C'était quoi ?
Bonne question. Mes parents m'ont aussi poussé à faire des études pour que j'aie « un parachute ». Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Je pense que quand on a un projet, il faut se donner à fond et c'est ce que j'ai voulu faire à 21 ans, 22 ans. Je vois maintenant que je me donne à fond. Je ne me pose plus ces questions à savoir si je vais enseigner avec ma licence Staps. Après chacun son parcours. J'arrive peut-être un peu plus sur le tard que certains mais j'ai encore de belles années devant moi, une belle marge de progression. Je ne regrette rien dans mon parcours.
Qu’est-ce qui est le plus difficile, faire un revers ou serrer le poing ?
Je pense serrer le poing. Je suis quelqu'un de plutôt introverti comme je l'ai dit et m'encourager, m'exprimer ce n'est pas quelque chose de spontané pour moi mais je le travaille et je pense que c'est un élément important du jeu le combat mental, le fait de partager avec le public. Cela s'apprend et je fais des efforts. Des fois, je m'encourage quand j'estime que je ne dois pas m'encourager mais pour me forcer à plus le faire. C'est super important. Peut-être que je gagne le match aujourd'hui grâce à cela, le fait de m'encourager, même si j'ai l'impression que je peux faire mieux. L'objectif pour le match suivant ce sera de faire cela, du début à la fin, de garder cette ligne directrice, de m'encourager, d’être positif et continuer d'aller de l'avant.