Tennis. Roland-Garros - Benoît Paire : "Quand j'aurai une copine... "
Par Adrien BACHY le 05/06/2019 à 07:25
Le match des regrets, de la déception, de la frustration... pour Benoit Paire lundi à Roland-Garros lors de son huitième de finale perdu et battu sur le fil par le Japonais Kei Nishikori 6-2, 6-7-(8), 6-2, 6-7(8), 7-5. Employez n'importe quel adjectif, ils ne suffiront pas, de toute façon, à qualifier le ressenti que peut avoir Benoit Paire - et que nous pouvons aussi avoir - après cette défaite du Français. À 5-3, dans le 5e set, Ben sert pour le match et... : "bah ce qui se passe, c'est qu'on a envie de poser la raquette par terre, d'appeler quelqu'un d'autre et lui dire vas y joue à ma place parce que de toute façon tu feras mieux que moi." Tout cela, Benoit Paire n'est sans doute pas prêt de l'oublier... ! Mais le Français ne retient pas que ça, heureusement : "Ce Roland-Garros, ça restera quand même, quoiqu'il arrive, des souvenirs incroyables (...) quand j'aurai des enfants, quand je serai plus vieux, quand j'aurai une copine... je pourrai leur raconter tout ça..."
Vidéo - Benoit Paire après sa défaite contre Kei Nishikori ce lundi
Bref, ça s'est joué à rien. Dans un match qui avait commencé dimanche, Benoît Paire n'est pas passé loin de l'exploit face à Kei Nishikori. Défaite 6-2, 6-7-(8), 6-2, 6-7(8), 7-5. Mené 2 sets à 1 avant l'interruption, le Français est très bien rerentré dans son match en emmenant son adversaire au tie-break. Benoit Paire a même sauvé deux balles de match pour arracher un cinquième set.
L'Avignonnais n'est d'ailleurs pas passé loin de rallier les quarts de finale en servant pour le match à 5-3. Mais c'était sans compter sur le mental de champion de Kei Nishikori qui, au final, a fini par s'imposer. Malgré la déception, Benoît Paire peut retenir du positif de son tournoi, lui qui atteignait pour la première fois de sa carrière les huitièmes de finale à Roland-Garros.
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C'est un match formidable. Pouvez-vous parler de vos sentiments, vos émotions quand vous avez servi pour le match au cinquième set ? Vous étiez fatigué, vous n'avez pas réussi à passer votre première balle. Pouvez-vous parler de cela ?
Cela n'est jamais facile de finir un match. Normalement, j'aurais dû perdre en 3 ou 4 sets, c'était un peu serré au tie-break, et c'est la même chose pour lui, il a fait deux ou trois doubles fautes dans le tie-break du quatrième et normalement il aurait dû gagner ce quatrième set. Pour moi, c'est un peu la même chose à 5-3. J'ai fait un bon jeu de retour à 4-3, beaucoup de coups gagnants. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Bien sûr, cela n'est pas facile pour moi. C'est la première fois que je suis en huitièmes à Roland-Garros. J'aurais pu aller en quarts de finale. J'aurais pu gagner contre Nishikori qui est un excellent joueur. C'était difficile émotionnellement. Bien sûr, je suis très déçu et triste de perdre ce match mais je suis très heureux de ce que j'ai fait toute cette semaine.
Vous avez mentionné que c'est la première fois pour vous que vous étiez en huitièmes à Roland-Garros et que vous étiez un peu nerveux. Quelle est pour vous l'importance d'être en quarts de finale à Roland-Garros de ce tournoi ? Qu'est-ce que cela aurait signifié pour vous ?
Je n'ai pas bien commencé l'année. Quand j'ai vu que j'avais gagné beaucoup de matchs sur terre battue, mon objectif était de faire quelque chose de bien à Roland-Garros, d'atteindre la deuxième semaine, c'est ce que j'ai fait mais quand vous êtes en deuxième semaine, vous voulez aller encore plus loin et bien sûr avec le soutien de la foule. Ce qu'il y a, c'est que vous servez à 5-3, vous voulez jouer d'un quart de finale contre Nadal. Ce qui est important quand vous jouez en France, vous êtes français, vous voulez faire quelque chose de bien. Honnêtement, pour atteindre les quarts de finale, c'était vraiment important pour moi et pour tout joueur français qui a joué à Roland-Garros, c'est très important. Quand vous savez que vous pouvez jouer contre Nadal en quarts, c'était mon objectif et je l'ai raté.
Bonjour Benoît. Vous avez dit tout à l'heure que vous étiez déjà content d'en être là. Qu'est-ce qui va rester après ce match : la satisfaction du parcours ou, malgré tout, la déception qui prend le dessus ?
Je ne sais pas trop. Là, tout de suite, si on me pose la question, bien sûr qu'une heure après le match, c'est la déception. J'atteins la deuxième semaine, c'était mon objectif, mais quand on est en deuxième semaine, le but c'est d'atteindre les quarts, puis les demis. Je n'avais pas envie de m'arrêter là. Je savais que contre Kei j'avais mes chances. On arrête à 2 sets à 1 et quand je reprends, je sens que j'ai le dessus, je sens que je suis mieux, que je frappe mieux la balle qu’hier. Physiquement, je me sens en pleine forme. Quand je me retrouve à gagner le quatrième alors que celui-là je dois le perdre, que je me retrouve à mener dans le cinquième 4-1, cela cogite un peu dans ma tête et on commence à penser à la suite, on se dit : on est proche de la victoire. Ce n'est surtout pas ce qu'il faut faire mais, ce n’est pas ma faute, honnêtement, tout le monde y pense. J'ai beau me dire : non, n'y pense pas, super. Je sers à 5-3, là c'est compliqué de servir pour le match. Bien sûr que je me dis « je ne passe pas une première » et que je suis déçu de cela, mais aller servir une première balle quand on sert à 5-3 pour se retrouver en quarts, ce n'est pas comme quand on sert au premier jeu du match. On l’a vu aussi dans le tie-break du quatrième, pour Kei, c’était la même chose : il a fait des doubles fautes dans des moments importants, les balles ne passaient quasiment plus, ce n'était plus du tennis, c'était juste dans la tête à essayer de mettre juste la balle de l'autre côté du terrain. A 5-3, je me suis retrouvé un peu dans cette situation et lui, il a serré le jeu. Bien sûr que je fais une double-faute ou deux qui ne sont pas venues au bon moment mais moi, ce match, je dois le perdre en 3 ou en 4 mais je dois le gagner en 5. C’est-à-dire que si je me retrouve en 5 sets, c'est moi qui dois le gagner mais en 3 ou 4, c’est lui qui doit le gagner parce qu’il a vraiment les occasions. C’est pour cela que je suis un petit peu déçu maintenant mais, après, je suis content de ma semaine. J'ai gagné Lyon la semaine dernière, l'enchaînement n'est pas facile non plus, j'ai joué beaucoup de matchs mais c'est bien, je me sens quand même bien physiquement, je n'ai pas trop de pépins. Pour moi, cela restera quand même un bon Roland-Garros mais là, tout de suite, il y a quand même beaucoup de déception.