Tennis. Roland-Garros - Djokovic : "Agassi sait trouver les mots"
Par Thibault KARMALY le 29/05/2017 à 18:35
Novak Djokovic n'a pas traîné pour se défaire de Marcel Granollers (6-3, 6-4, 6-2) au premier tour de Roland-Garros ce lundi. Le numéro deux mondial, tenant du titre Porte d'Auteuil, a ainsi pu économiser de la précieuse énergie dans des conditions de chaleur intense. De passage en conférence de presse à l'issue de sa qualification pour le deuxième tour, le Serbe a notamment fait le point sur ses sentations, "différentes par rapport à l'an passé", et a surtout été interrogé sur sa collaboration avec André Agassi, qui "sait trouver les bons mots au bon moment" selon lui. Retrouvez ses propos retranscris en intégralité pour vous ci-dessous.
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Félicitations. Par rapport à l'année dernière, quelles étaient les sensations ?
Différentes parce que, évidemment, en tant que tenant du titre pour la première fois dans ce tournoi, cela a été un soulagement plus qu'autre chose puisque les attentes, mes propres attentes et celles des gens qui m'entourent sur les trois, quatre, cinq dernières années avant Roland-Garros 2016, avant le trophée, étaient très fortes. Donc j'étais vraiment ravi d'avoir pu accomplir un de mes rêves d'enfance, gagner tous les Grands Chelems et revenir sur ce court, c’est évidemment quelque chose de très particulier. Mais d'un autre côté, j'essaie de toujours garder le même état d'esprit, la même approche. Et pour ce premier match, j'ai voulu prendre un bon départ, mettre en marche tous les moteurs et livrer la bonne intensité.
Le premier set a été bon, dans le deuxième et dans le troisième set, il y a eu quelques jeux un peu faibles et quand je l'ai lancé dans les cordes pour ainsi dire, sur mon service, j'ai assez mal joué, j'ai perdu un des 2 tie-breaks. Je crois qu'à part cela, tout le reste s'est plutôt bien passé pour moi. J'ai gagné, Granollers est un bon joueur, il a un bon service, il sait bien anticiper. Donc un peu rouillé au départ mais une bonne performance, un bon feeling pour la balle et je suis bien content de commencer le tournoi ainsi.
Question beaucoup plus prévisible, à votre avis combien de temps Andre Agassi va-t-il pouvoir rester à Roland-Garros ?
Il va rester je crois jusqu'à la fin de cette semaine et ensuite il va devoir partir parce qu'il a des engagements qu'il ne peut pas repousser. Je vais essayer d'utiliser le temps que l'on a ensemble du mieux possible. Pour l'instant, il y a déjà beaucoup d'informations, déjà beaucoup de choses à discuter, à traiter et je crois que c'est exactement ce dont j'avais besoin ce matin, quelqu'un comme lui qui comprend les transitions en tant que joueur de tennis, en tant qu'être humain, les choix que l'on fait, le mode de vie que l'on a, c'est quelque chose qu'il connaît et il a énormément à partager avec moi, à la fois sur ce qui se passe sur le court et en dehors du cours.
Novak, Andy Murray a dit l'autre jour qu'il pensait que l'une des raisons pour lesquelles son année n'a pas été si bonne est qu'il avait peut-être des problèmes de motivation après avoir atteint le bel objectif de l'année dernière. Voyez-vous des similitudes entre votre situation sur les 6 derniers mois et la sienne ?
Ah oui, oui. Je comprends très bien puisque, moi aussi, je me suis trouvé dans des situations semblables. Surtout après l'US Open. Mais en tant que tennisman, on est formé à tourner la page très vite, que l'on gagne ou que l'on perde dans un grand tournoi, de toute façon dans quelques semaines à peine il y en aura un autre. Donc pour moi, ce que j'ai ressenti à la fin de la saison dernière a été très bizarre parce que même quand j'étais dans les mêmes types de situation dans le reste de ma carrière, ce sont des situations qui sont vite surmontées. Là, ce n’était pas pareil, j'ai dû travailler plus dur, sur tous les aspects.
Mais vous savez, c'est la vie. La vie vous propose plein de choses, des bonnes, des plus difficiles. En définitive, c'est pour son propre bien, c'est pour sa propre évolution, même si parfois c'est difficile de comprendre pourquoi tel ou tel événement se produit. Parfois on voudrait que les choses se soient passées autrement, nous sommes tous des êtres humains, nous traversons tous ce type d'épreuve ou d'étape.
Andy a fait une année incroyable, surtout sur les 6 derniers mois. Il a consacré beaucoup d'énergie à ce qu'il a fait, donc ce n'est pas très étonnant qu'il se soit senti un peu affaibli. Il doit redécouvrir la motivation. Cela fait très longtemps que je le connais et je suis sûr qu’il va revenir sur le droit chemin.
Novak, sur ce que vous venez de dire, il semblerait que la présence d'Andre soit très utile du point de vue de la motivation. Y a-t-il deux ou trois points en particulier qu'il peut vous apporter, d'un point de vue technique ? Est-ce que vous avez pu en constater les effets dans ce premier match ?
On parle surtout tennis évidemment. Tout ce qui entoure aussi le tennis, que ce soit la technique sur le court, pendant le match, pendant l'entraînement, la façon dont on vit sa vie au jour le jour. Il y a plein de choses qu'il peut comparer à sa propre situation pour l'avoir vécu lui-même. C'est pour cela que ses conseils et tout ce qu'il partage avec moi est extrêmement précieux, parce qu'il comprend exactement ce que vit un joueur du top ten. On essaie de passer autant de temps ensemble que possible pour discuter de ce qui se passe sur le court ou en dehors du court, on parle beaucoup, on a une meilleure idée des bons moments pour discuter, il aime parler. C'est un être humain très profond, il cherche vraiment à te connaître et sur le long terme, c'est extrêmement utile.
C'est une relation très différente de ce que j'ai pu avoir avec d'autres. Il n'y a vraiment que des aspects positifs. Évidemment, c'est difficile de dire si cela fait une différence sur le court puisque cela ne fait guère que quelques jours que l'on travaille ensemble, cela va prendre un peu de temps, comme toutes les bonnes choses. Toutes les bonnes choses prennent du temps à produire leurs effets. Mais j'ai la patience. Pour nous, c'est un très bon moyen d'entamer notre collaboration, notre amitié, d'apprendre à nous connaître et de voir où cela nous mènera, quelque chose qui sera peut-être plus à long terme je l'espère.
Novak, évidemment on en est au tout début mais dans le processus avec Andre actuellement, le coaching avant le match, avez-vous eu une sorte d'entretien de motivation ? Avez-vous fait un long débriefing ? Comment est-ce qu'il fonctionne par rapport à Boris ou à Marian ?
Toutes les relations coach/joueur sont différentes les unes des autres. Je ne peux pas vraiment comparer puisque chacun a son approche, sa méthode. Je crois que les relations avec Marian et avec Boris ont été très fructueuses. J'en ai beaucoup retiré. Tout comme je retire beaucoup de choses de cette relation avec Andre. Ce n'est pas vraiment un entretien de motivation que l'on a avant le match, ce n'est pas vraiment cela. Pour nous, ce qui était le plus important, c'était de créer un rapport par lequel on peut partager des informations très personnelles. C'est plus un partage de sensations, son sentiment sur mon jeu, sur l'adversaire, sur des aspects généraux et sur moi aussi. Donc c'est vraiment une conversation qui fonctionne dans les deux sens. Il y a une sorte de complémentarité qui se met en place. Il sait dire les bons mots au bon moment. Tout ce qu'il me dit m'est très utile. Et cela fait sens. J'essaie de mettre en œuvre certaines choses sur le court mais ce n'est rien qui va particulièrement impacter mon jeu. C'est plus l'état d'esprit, l'approche parce que je pense que mon jeu m'a permis d'arriver où je suis et lui trouve que mon jeu est bon. Il me parle simplement de petits ajustements.