Tennis. Roland-Garros - Mirra Andreeva : "J'ai vu une coccinelle, c'était un signe"
Mirra Andreeva, 17 ans, qui dispute seulement son cinquième tableau de Grand Chelem, a vécu sans doute son premier très grande fait d'arme ce mercredi à Roland-Garros. La Russe a décroché sa plus belle victoire en carrière contre Aryna Sabalenka (6-7(5), 6-4, 6-4), qui restait pourtant sur deux finales à Madrid et Rome ces dernières semaines. La numéro 2 mondiale menait 7-6(5), 3-2 break avant de finalement s'embourber. Bluffante, même si son adversaire était malade, Andreeva est la plus jeune demi-finaliste en Grand Chelem depuis Martina Hingis en 1997. Elle tentera d'atteindre sa première grande finale jeudi, en défiant en demies Jasmine Paolini.
Vidéo - Mirra Andreeva en demies de Roland-Garros 2024
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'J'ai vu une coccinelle par terre. Je me suis dit : 'il faut que je la sauve (...) mince, cela pourrait être un signe'"
Félicitations. Tu es en demi-finale. Première demi-finale de Grand Chelem pour toi. Peux-tu nous parler de ce match ?
Merci. C'était un match haletant. On a toutes les deux très bien joué. Je suis contente d'avoir gagné et d'aller pour la première fois en demi-finale.
Félicitations, peux-tu me parler de la coccinelle ?
Oui. Au dernier jeu, alors que je servais, je crois que c'était 30-15 pour elle, j'ai vu une coccinelle par terre. Je me suis dit : il faut que je la sauve. Je l'ai ramassée, puis j'ai essayé de ne plus y penser. Je me suis dit : mince, cela pourrait être un signe. Bien qu'essayant de ne pas y penser, j'ai essayé de rester dans le jeu, de me concentrer, de ne pas attendre ses fautes, d’essayer de finir grâce à moi. C'était un bon signe, j'ai gagné le jeu et le match. C'était un bon moment pour moi.
Question très générale. Si tu devais prendre un peu de recul et dire quel est ton point le plus fort en tant que joueuse, que dirais-tu ?
Je joue toujours comme j'ai envie de jouer. Avec mon coach, on prépare un plan pour mes matchs et ensuite, j'oublie tout. Quand je joue, je n'ai plus d'idées qui me pèsent sur l'esprit. Je dirais que ma force, c'est peut-être de jouer comme j'ai envie, de faire ce que je veux faire, peut-être que cela m'aide quand je joue.
Félicitations. Peut-être oublies-tu quand tu es sur le court mais ensuite, est-ce que par exemple tu te souviens de ce qu’il s'est passé à Madrid, quand tu as joué contre Paolini ? Tu aimerais faire de la même manière ou différemment ?
Je me souviens du match de Madrid, cela a été dur, elle avait joué un très bon tennis. Ensuite, j'ai réussi à rattraper un peu. Je suis certaine que ce sera un grand match. Nous verrons ce qui se passe demain. Bien entendu, je suis très heureuse de jouer ma première demi-finale.
"Parfois, j'ai trop de décisions qui se bousculent dans ma tête"
Félicitations. Quand tu ne joues pas, tu regardes beaucoup le tennis ou pas trop ?
Oui, je regarde beaucoup le tennis. Quand j'ai joué contre Vika, on a fini à 2 heures du matin, j'étais dans ma chambre à 3 heures. J'ai regardé certaines choses sur Instagram, sur le tennis, pour voir qui gagnait, etc. J'aime regarder les résultats, certains temps forts des matchs. Je ne crois pas qu'il y ait eu une journée sans tennis pour moi depuis que j'ai commencé à jouer. Je dirais que oui, je regarde toujours du tennis.
Quand tu dis que tu joues au feeling, est-ce coup par coup ou point par point ? Par exemple, as-tu un plan que tu vas faire un point ou est-ce que tu te contentes de voir la balle et de la frapper en fonction de ce qui se passe ?
e dirais que c'est coup par coup. Par exemple, quand elle joue un coup droit croisé, j'ai le temps de voir où elle se tient, où elle attend ma balle, puis je décide de ce que je dois faire. Est-ce que je dois être long de ligne ou croisé ? Dois-je faire une amortie ou un lob ? Parfois, ce n'est pas forcément bon parce que j'ai beaucoup de décisions à l'esprit qui se bousculent. Quand je change de décision à la dernière minute, je dirais que je fais n’importe quoi. J'essaie de garder les choses le plus simple possible mais parfois, je n'y arrive pas. J'ai trop de décisions qui se bousculent dans ma tête. Je dirais que c'est coup par coup la plupart du temps.
🗣�'� « Je n’ai pas vraiment de plan, je joue où je veux. En réalité, on avait un plan avec ma coach, mais je l’ai oublié. J’essaye de jouer comme je le sens »
— Univers Tennis 🎾 (@UniversTennis) June 5, 2024
Mirra Andreeva après sa première qualification en 1/2 d’un tournoi du Grand Chelem à 17 ans. 😂pic.twitter.com/tJCswNQZgn
"Conchita aimerait que je vienne en Espagne, mais je lui ai dit : non, c'est toi qui viens en France"
Où passes-tu le plus de temps ? Où t'entraînes-tu le plus ave Conchi et comment t’en sors-tu ?
Je vis à Cannes dans le sud de la France. Cela ne fait que 2 mois que nous travaillons ensemble, mais presque uniquement sur les tournois. Elle est venue à Cannes deux semaines pour que l'on s'entraîne ensemble et qu’on s’habitue l’une à l’autre. Conchita aimerait que je vienne en Espagne, mais je lui ai dit : non, c'est toi qui viens en France. Peut-être qu'un jour, je viendrai en Espagne, j’aime bien ce pays, mais je préfère qu'elle vienne à Cannes.
Tu es très jeune, tu n'as pas joué beaucoup au tennis. Es-tu surprise ? Est-ce que cela vient de manière brusque le fait de jouer dans une demi-finale, ou tu as l'impression que c'est le bon timing, le bon moment et que c'est normal ?
Je ne m'attendais pas vraiment à jouer en demi-finale demain. Quand j'ai joué contre Gracheva il y a quelques jours, je me suis dit : si je gagne le match, je serai en quarts de finale. Ensuite, je jouerai contre Sabalenka et je serai en demi-finale, ce serait un rêve. Maintenant que je vais jouer la demi-finale demain, je me dis : ce rêve s'est réalisé. À ce moment, je ne m'attendais pas à jouer en demi-finale. C'était un rêve au début du tournoi. Maintenant, je sais que je vais être en demi-finale. Il faut déjà que je me prépare pour le match.
Mirra Andreeva dancing to ‘Teenage Dream’ after reaching the Roland Garros Semifinals 😂
— The Tennis Letter (@TheTennisLetter) June 5, 2024
The youngest player to reach a Slam Semifinal since 1997.
She really is living her teenage dream. â¤ï¿½'�
pic.twitter.com/8Lj6qEzAxO
"Je dois quand même aller à l'école, je n'aime pas cela"
Peut-être est-ce une question difficile. À quel niveau dirais-tu que tu es une jeune fille de 17 ans tout à fait normal et ordinaire ? Dans quelles mesures dirais-tu que tu es différente de la plupart des jeunes filles de ton âge ?
Je dirais que je suis presque comme une adolescente normale. Je dois quand même aller à l'école, je n'aime pas cela. Je regarde beaucoup de séries à la télé, j'aime bien Netflix je passe parfois trop de temps sur Instagram. Je fais n'importe quoi quand je suis à la maison. Je fais des choses normales et ordinaires. Ce qui fait de moi quelqu'un de différent ? Je ne sais pas si je peux dire que je suis mûre mais je me sens quand même assez mûre. J'ai le sentiment que je sais ce que je fais. Je suis peut-être un peu plus mûre.
De toute évidence, c’est une grande réalisation pour toi. Si tu regardes les mois qui ont suivi le moment où tu as perdu cette longue finale chez les filles en Australie, peux-tu nous dire comment tu as fait de tels progrès de sorte que l'année dernière, à cette époque, on commençait déjà à s’intéresser à toi.
Si on regarde ce match, je pense qu'il a été très dur. Je pensais qu'il me faudrait très longtemps pour récupérer. J'ai utilisé deux semaines, pour essayer de me calmer l'esprit. Ensuite, j'ai oublié, parce que mon coach de l'époque m'a dit : quand tu gagneras beaucoup de Grands Chelems, et que tu seras au sommet, tu ne te souviendras même plus d'avoir perdu l’Open d’Australie Junior chez les filles, ni contre qui tu avais perdu ! Effectivement, cela m'a pris du temps, mais il m’a calmée. Je pense que cela m'a rendue plus forte aussi, parce que je me suis rendue compte que j'allais avoir effectivement des défaites très dures sur le circuit. Cela m'a rendue plus forte et plus agressive. C'est une bonne chose.
Bonsoir. Tu as dit que c'était pour toi une surprise d'être en demi-finales. Tu as quand même gagné contre la n°2 mondiale aujourd'hui ! Cela signifie que tu y croyais. Je serai curieux de savoir comment tu as évalué ton potentiel ? Comment évalues-tu ton ambition en tennis ? Effectivement, sur papier, cela peut être une surprise de te voir en demi-finales. Mais tu l'as fait ! Comment évalues-tu ton potentiel ?
Avant le match, j'étais très nerveuse, et mon objectif était de gagner davantage de jeux que ce que j'avais fait à Madrid. Après avoir perdu au premier set, 6/7, je me suis dit : il faut au moins que je gagne un set pour aller en trois sets. Après, je me suis dit : je vais jouer point par point, essayer d'engranger le plus de points possibles. Au début, je dirais que je n'y croyais pas vraiment, parce qu'elle a une énorme expérience, elle a deux Grands Chelems dans la poche. C'est une grande joueuse, très agressive. Je me suis dit : on verra ce qu'il se passe… Mais je ne sais pas si je peux y arriver, mais je vais essayer de profiter de l'ambiance, et de jouer de la meilleure manière possible.
Après avoir gagné le deuxième set, et être remonté au score dans le troisième, je me suis dit : je me rapproche, je me rapproche même d'une victoire ! Mais au moment même où j'ai pensé à cela, j'ai perdu mon service, j'ai perdu sur son service, donc j'ai reculé sur le score. Donc, je me suis dit : n'y pense plus quand tu joues, parce que quand tu joues, il ne faut pas penser à quoique ce soit. Il faut jouer de son mieux. Et à ce moment, j'ai fait le vide, et j'ai continué à jouer.