Roland-Garros - Wawrinka : "J'ai fait le match de ma vie"
Par Bastien RAMBERT le 07/06/2015 à 21:03
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Stan Wawrinka le confesse bien volontiers : il a sûrement fait le match de sa vie ce dimanche contre Novak Djokovic en finale de Roland-Garros. Vainqueur en quatre sets, le Suisse a décroché son premier titre à Paris, son second Majeur après l'Open d'Australie 2014. Il ne réalise pas encore totalement son exploit mais savoure le moment présent, lui qui ne veut pas se comparer avec les membres du "Big Four."
Roland Garros qui arrive après Melbourne dans une aire Big 4 : cela achève-t-il de vous convaincre que vous les valez tous finalement les quatre de devant ?
Je reste convaincu de ce que j'ai déjà dit plusieurs fois : je ne suis pas à leur niveau parce que cela fait 10 ans qu'ils sont là et qu'ils ont tout gagné. Mais je suis suffisamment bon pour avoir gagné deux Grands Chelems et pour les battre sur des gros tournois, sur une finale et une demie. Quoi qu'il arrive, le Big 4 sera toujours le Big 4. Est-ce que je cherche à me comparer à eux ? Non. J'essaie d'avancer, de progresser et de les battre quand je les joue.
Que se passe-t-il dans votre cœur, dans votre tête ? Réalisez-vous ce qui s'est passé là ?
Je suis assez bien, assez tranquille, relax. Ce sont des sentiments étranges, difficiles à exprimer. Beaucoup de fierté. Beaucoup d'émotions, forcément. Cela prend du temps de réaliser que l'on a gagné un Grand Chelem, même si c'est mon deuxième. Cela reste particulier, tellement haut dans une carrière d'un joueur de tennis que cela me prend du temps à pouvoir me poser et réaliser tout ce que j'ai fait.
Vous ne faisiez pas partie des favoris. Trouvez-vous que vous n’avez pas la reconnaissance que ton talent, que le tennis que votre tennis produit mériterait ?
Non je suis très content avec la reconnaissance que j'ai. L'an dernier, je faisais partie des favoris et j'ai perdu au premier tour. Cette année, je n'en faisais pas partie mais deux ou trois personnes m'ont sorti juste après les favoris. Je suis arrivé ici confiant. Je savais que je jouais bien et qu'il fallait avancer petit à petit pour, peut-être, avoir une chance d'aller très loin. Je gagne les gros tournois par à-coups. Les autres, qui sont devant, qui le sont constamment ces dernières années, ont toujours été présents dans tous les tournois. Je ne cherche pas à avoir plus de reconnaissance ou quoi que ce soit.
J’ai parlé tout à l'heure avec Kuerten, qui a abordé plusieurs aspects, mais il a dit que la clé du match était que vous avez fait douter Djoko de son coup droit, le coup le plus vulnérable chez lui. Etes-vous d'accord avec cette analyse ? Allez-vous continuer avec le même short après Roland Garros ou allez-vous en changer ?
On sait tous que lorsque Novak doute un peu, c’est son coup droit qui est fébrile. C'est pareil dans mon jeu. La clé du match, pour moi, était de rester avec lui, de tenir et de petit à petit gagner du terrain. Au début, il était frais, même mentalement. Il tenait sa ligne. Avec mes frappes et chaque fois que l'on s'est joué sur les 5 sets, j'ai réussi à le faire reculer peu à peu, en frappant de plus en plus fort, en allant droit sur lui, droit au milieu pour qu'il ait plus de balles en déséquilibre et pour que je puisse rentrer sur le terrain. C'est la clé du match pour moi. Cela se joue à 20 ou 50 cm. Quand c’est moi qui suis sur le terrain et lui derrière, cela change complètement le match. Quant au short, je ne vais pas avoir le droit de le porter à Wimbledon, je crois ! (Rires.)
Stan, en termes de niveau de jeu, c’est pour vous le meilleur match de votre vie. Est-ce que vous vous êtes étonné vous-même sur le court aujourd'hui ?
Par rapport à tout ce qui s'est passé, aux événements et à tout l'enjeu, oui, c'est clair, c'est mon meilleur match. Oui, je me suis étonné, parce qu'à la fin du deuxième set, j'avais l'impression de commencer à fatiguer physiquement, d'avoir un peu des bobos, un peu partout. J'avais du mal à me persuader que j'allais pouvoir tenir la cadence. Sur un terrain, on est deux, et lui, c’était un peu pareil. On a peut-être commencé à baisser intérieurement physiquement. On est resté et on s'est battu avec ce que l'on avait. Je suis surpris dans la manière dont le quatrième s’est fini, surtout quand j'ai commencé à pouvoir me relâcher en revers et pouvoir envoyer ce que je voulais. Pour moi, c'est un sentiment qui arrive très rarement, mais l’avoir en Grand Chelem, en finale, contre Djokovic, c'est juste énorme !
Entre ces deux titres du Grand Chelem, à un moment, avez-vous eu peur de rester l'homme d'un seul grand exploit en Grand Chelem ou ce genre de considération ne vous a jamais traversé l'esprit ?
Un Grand Chelem reste incroyable. Cela m'aurait convenu aussi. Honnêtement, je ne pensais pas être capable de regagner un Grand Chelem, d'aller au bout. En Australie, j’étais en demies, j’ai fait 5 sets sur Djoko. Pour moi, les Grands Chelems sont particuliers. Cela va très vite dans les deux sens, parce que je peux perdre au premier tour mais quand je commence à arriver en quarts, en demies, il ne reste plus que deux matches pour gagner le Grand Chelem. Quand je sais que je dois jouer Jo et Novak, en finale, je sais que je les ai battus en Grand Chelem, donc je sais que tout est possible. Il est clair qu'aujourd'hui, j'ai gagné l'Open d'Australie plus Roland Garros et la Coupe Davis, c'est plutôt satisfaisant (sourire).
Propos recueillis par la rédaction de Tennis Actu