Tennis. WTA - Mouratoglou : "Serena n'a pas un physique adapté"
Par Grégoire DUEZ le 11/07/2016 à 20:21
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Victorieuse à Wimbledon ce samedi face à Angélique Kerber, remontée à la 2ème place mondiale, Serena Williams, 35 ans et numéro 1 mondiale actuelle, est parvenue à égaler le record de l'Ere Open détenu par Steffi Graf en remportant là son 22ème titre du Grand Chelem. Son entraîneur, Patrick Mouratoglou, longuement interviewé par Le Temps, est revenu sur le niveau actuel du tennis féminin : "Que certains n’apprécient pas le tennis féminin, ce n’est pas un problème, les gens sont libres d’aimer ou de ne pas aimer. Ce qui me dérange, c’est quand on essaie de dévaloriser le tennis féminin. Et surtout en utilisant des arguments qui, généralement, ne sont pas très pertinents. Le niveau est nul parce que Serena domine outrageusement? Et Novak Djokovic, il perd beaucoup de matchs? On a la même situation chez les hommes, pourtant ça ne choque personne. A Roland-Garros, je regardais jouer Bernard Tomic. Et je me disais, le joueur est top 20, mais il joue en marchant et en poussant la balle. J’étais avec Serena sur le court et je lui ai dit : "Tu te rends compte? Si c’était une fille qui jouait comme ça, on dirait que le niveau du tennis féminin est nul."" Interrogé sur le physique de sa protégée, il a répondu sans langue de bois : "S’il suffisait d’un physique pour être numéro un, il y aurait beaucoup plus de dopage qu’il n’y en a ! Contrairement à l’athlétisme, au cyclisme ou à la natation, le tennis n’est pas un sport de performance physique. Il y a une dimension physique mais c’est loin d’être celle qui prédomine. Parmi les âneries sur Serena, j’entends souvent : "Elle a de la chance, elle est hyper puissante." Mais le volume musculaire, en tennis, c’est un énorme handicap car c’est un sport d’explosivité et de changements de direction. Ce qui compte pour développer de la vitesse et de la qualité de frappe, c’est le relâchement et l’accélération du poignet. Le volume musculaire, ça ne sert à rien. Le physique de Serena est inadapté au tennis. Elle compense par son coup d’œil monstrueux, c’est une joueuse qui anticipe très tôt. Mais si elle domine le tennis de cette façon, c’est aussi grâce à son mental absolument hors norme. Elle pense comme une gagnante et a cette faculté d’oublier ses victoires dans la minute qui suit, quand d’autres font la fête pendant dix ans. En 2013, quand elle a remporté Roland-Garros onze ans après son premier titre, pendant sa récupération juste après la finale, elle m’a dit : "Maintenant, il faut gagner Wimbledon." Elle était déjà passée à autre chose. Et Serena a cette espèce d’ego sur le terrain qui fait qu’elle refuse l’idée de perdre."