Tennis. ATP - Masters - David Ferrer : l'apôtre de l'abnégation
Par Bastien RAMBERT le 14/11/2015 à 18:46
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Il n'est ni le plus fort, ni le plus esthétique, ni le plus charismatique. On pourrait dire que David Ferrer est un troisième ligne du tennis : un travailleur de l'ombre. Il n'empêche que l'Espagnol de 33 ans, septième joueur mondial, est toujours là. Il va disputer son septième Masters, lui qui possède un palmarès que de nombreux joueurs plus talentueux raquette en main n'auront sans doute jamais.
"David Ferrer fait fantasmer ceux qui jouent vraiment au tennis." Voici une phrase entendue dans les travées du BNP Paribas Masters la semaine dernière. Sur le court n°1, Ferrer venait d'éconduire Grigor Dimitrov (6-7, 6-1, 6-4) pour accéder aux quarts de finale du tournoi parisien. Pou, Cobra, mobylette : chacun choisira le surnom qu'il préfère le concernant. Comme on dit souvent : ce qui reste, ce sont les titres. Ferrer en a remporté cinq de plus cette année (Doha, Rio de Janeiro, Acapulco, Kuala Lumpur, Vienne) pour atteindre 26 trophées en simple et valider son ticket pour le Masters de Londres. Il a atteint la finale de Roland-Garros en 2013, triomphé à Bercy un an plus tôt, disputé également les finales des Masters 1000 de Miami (2013), Monte-Carlo (2010), Cincinnati (2014), Shanghai (2011) et une nouvelle fois Bercy (2013). Bref : du très lourd.
Le travailleur infatigable
Moins fringant l'an passé (saison terminée à la 10e place après avoir fini deux fois de suite top 5), "Ferru" a une nouvelle fois surpris tout son monde. C'est son style. Dans l'ombre mais toujours capable de briller. L'Espagnol a beaucoup de mérite. Il a su se faire un nom alors que son compatriote Rafael Nadal monopolisait l'attention médiatique de son pays. Pour ce qui est du jeu, il a su exister dès 2005 à l'heure des grandes années de Roger Federer et de l'avènement de Nadal. Par la suite, Novak Djokovic et Andy Murray sont arrivés pour créer le fameux Big Four, qui a volé en éclats avec la montée en flèche de Stan Wawrinka et la baisse physique et mentale de Rafa. Et Ferrer dans tout ça ? Fidèle au poste. Il ne s'est pas démonté. Sans coup fort mais avec une intensité physique démentielle et une volonté de fer, l'Ibère a toujours tout donné, sans être toutefois "respecté" comme il le fallait. Illustration avec la conférence de presse ubuesque suite à son succès contre John Isner en quarts du BNPPM. Il y avait seulement deux journalistes et le joueur a failli repartir tout de suite, croyant peut-être à un sketch. Triste.
Un modèle unique
Il n'est certes pas le plus grand des orateurs. Qu'importe. Il ne faut pas oublier que l'on n'est pas là pour discuter crise économique ou volonté indépendantiste du parlement catalan. Pour le grand public, Ferrer, c'est grossièrement un joueur qui court partout. Les organisateurs n'hésitent pas à l'envoyer sur n'importe quel terrain pour laisser la part belle aux Djokovic, Federer, Murray etc. Il fallait pourtant voir la détermination incroyable de Ferrer sur chaque frappe et son engagement cinq mètres dans le court dès le retour face à Dimitrov. Ferrer respire le tennis. Il vibre pour le tennis. C'est un apôtre de l'abnégation, de la petite balle jaune, de la grinta, du stakhanovisme mais surtout du jeu en lui-même. A l'heure où certains jouent la carte bad boy (comme Nick Kyrgios), dommage qu'un Ferrer "bis" ne pointe pas le bout de son nez car on peut affirmer sans se tromper qu'il est un exemple à suivre.