Tennis. ATP - Novak Djokovic deviendra-t-il la référence absolue ?
Par Bastien RAMBERT le 24/11/2015 à 08:55
Vidéo - ATP - Masters Novak Djokovic : "Une saison incroyable"
Novak Djokovic a remporté dimanche le Masters pour la cinquième fois, la quatrième consécutive. Une performance historique qui vient boucler une saison 2015 monumentale avec un Petit Chelem, un Masters (contrairement à 2011, année de son premier Petit Chelem) et six Masters 1000 sur une année, là encore une première retentissante. On se demande désormais si le Serbe n’est pas parti pour devenir le plus grand joueur de l’histoire. Voici quelques os à ronger en attendant de voir si "Nole" pourra détrôner celui qu’il a battu en dernier à Londres : Roger Federer.
Il n’aura jamais l’élégance de l’esthète Roger Federer ni le coup droit lasso et le charisme muy caliente de Rafael Nadal mais il sera peut-être le plus grand de l’histoire de son sport. Il y aura un avant et un après 2015 pour Novak Djokovic et le reste de la planète tennis. Le numéro un mondial a écrasé la concurrence avec 82 victoires pour 6 défaites, un Petit Chelem (Open d'Australie, Wimbledon, US Open), un quadruplé au Masters, six Masters 1000, 11 nouveaux titres, 15 finales de suite (autre record), 7915 points d’avance sur son dauphin Andy Murray et une saison entière passée à la tête du classement ATP comme Roger Federer en 2007. Un Federer qu'il a dominé dimanche en finale du Masters de Londres (6-3, 6-4) après avoir déjà privé le Suisse des titres de Wimbledon et de l’US Open cette année. Evidemment, on retiendra aussi que le titan de Belgrade s’est un peu effondré mentalement en finale de Roland-Garros face à un Stan Wawrinka certes monumental. Il aurait sûrement réalisé le Grand Chelem mais "avec des si, on met Paris en bouteille." A 28 ans et six mois, le Djoker règne en maître sur le monde de la petite balle jaune (et non sur Gotham) et petit à petit, il se rapproche de Federer, la référence absolue.
Tremble Roger Federer
Petit point comptable. Djokovic a six ans de moins que Federer (Il est né à Belgrade le 22 mai 1987 ; Federer à Bâle le 8 août 1981) et accuse pour l’instant 7 titres de Grand Chelem de retard (10 contre 17), 29 trophées de moins en simple (59 contre 88) et il lui "manque" un sacre au Masters (5 contre 6). Les deux rivaux, qui sont désormais à égalité 22-22 dans leurs confrontations directes avec la victoire du Serbe dimanche à Londres, n’ont encore jamais gagné l’or olympique en solo. Au niveau des Masters 1000, Djokovic est à une unité d’égaler le record de Rafael Nadal (27 titres) et il possède deux triomphes de plus que le "Fedexpress." Pour comparer ce qui est comparable, il faut s’arrêter sur 2009 au moment où Federer avait 28 ans. Auteur cette année-là du doublé Roland-Garros-Wimbledon, il n’a depuis remporté que deux Majeurs : l’Open d’Australie 2010 et Wimbledon 2012. La faute à qui ? Juan Martin Del Potro en finale de l’US Open 2009, Nadal à Roland-Garros en 2011 puis… Novak Djokovic trois fois de suite (Wimbledon 2014 ; 2015, US Open 2015). Si le Suisse a pu être Superman, il se brise désormais, dans les moments les plus importants, sur le bloc de kryptonite qu’est devenu le Serbe.
Le Big Four est à ses pieds
Si on suit la trajectoire de Federer, Djokovic comptera 12 titres du Grand Chelem fin 2021, à 34 ans. C’est vraiment difficile à croire et l’on penche plutôt vers un chiffre bien plus haut. Pourquoi ? Car cette année il a écœuré comme jamais ses concurrents et qu’il a désormais un avantage psychologique indéniable sur le reste de la troupe. Federer, si séduisant en demi-finales de Wimbledon (contre Murray), de l’US Open et du Masters (deux fois face à Wawrinka), s’est à chaque fois écroulé contre son nouveau cauchemar. Le tennis ultra offensif parsemé de volées réflexes magiques et d’une prise d’initiative constante a été laissé aux vestiaires pour laisser la place à un compromis attaque-défense et un service à chaque fois bien moins efficace que précédemment. Du pain béni pour les retours lasers du meilleur relanceur du monde, véritable "Iron Man" quand il faut aller chercher la gloire à coups de raquette. Statistique qui veut tout dire : Federer n’a plus battu Djokovic en finale d’un grand tournoi (on parle là des Grands Chelems et du Masters) depuis l’US Open 2007 ! Il suffisait aussi de voir Nadal, si séduisant trois jours avant contre Murray, recommencer à douter et à jouer court samedi en demies à Londres pour comprendre que le patron serbe a réussi à gagner la bataille du mental face au Big Four. Murray ? Il l’a dominé 9 fois sur leurs dix dernières confrontations. La finale 2015 du BNP Paribas Masters contre le Britannique a été à sens unique (6-2, 6-4) tout comme celle contre Federer dimanche (6-3, 6-4).
Djokovic, le prototype quasi-parfait
Stan Wawrinka lui ne fait pas de complexes mais il est capable de dégoupiller à n’importe quel moment ou de ne pas avoir trop envie d’être là (cf son match contre Nadal au Masters). L’antidote au Djoker serait-il lui-même comme c’est le cas pour Serena Williams ? Evidemment il n’est pas à l’abri d’une vilaine blessure qui viendrait remettre en question son envolée vers le sommet de l’histoire du jeu. Djokovic, c’est un homme comblé, marié, père, zen, bosseur, farceur et avant tout un modèle de détermination. Il a su gagner la finale de l’US Open en septembre dernier alors que tout le public poussait derrière Federer, à la limite de considérer celui-ci comme une divinité vivante. Le Serbe se montre plus chancelant à Roland-Garros mais il n’a jamais été aussi proche de conquérir Paris. Si l’on regarde, encore deux saisons avec un Petit Chelem et son compteur en Majeur grimpera jusqu’à 16 alors qu'il n'aura que 30 ans et que le tennis masculin mondial laisse de plus en plus la part belle aux trentenaires. Federer peut bien entendu aller chercher une 18e couronne d’ici-là (et même peut-être plus) mais la tendance est plus que jamais à la "Djoko Mania." Et bonne nouvelle pour lui : en plus de rivaux qui ont mal au crâne, la relève est encore un peu tendre. Les voyants sont donc au vert fluo pour celui qui a su faire accepter à tout le monde que son nom resterait dans l’histoire. Reste à savoir à quelle place.