Tennis. ATP - Un ancien n°3 juniors dézingue la Fédé Espagnole
Par Clémence LACOUR le 21/12/2015 à 12:27
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Loin des records financiers des stars de l'ATP, sponsorisés par Porsche, Rolex, Hilfiger et qui gagnent des prize-money étourdissants, nombreux sont les jeunes joueurs qui ont du mal à boucler leurs fins de mois. Dans ces conditions, il est parfois difficile de garder la passion, de garder la foi dans ses chances de parvenir un jour au sommet du tennis mondial. Nous avions évoqué sur Tennis Actu le cas de joueurs issus de petites Fédérations, comme Aziz Dougaz ou encore Inès Ibbou, mais les joueurs issus de la France ou de l'Espagne ne sont pas en reste. Jules Marie, par exemple, a dû quitter le circuit professionnel. Guillermo Alcaide Justel connaît bien le problème. Celui qui fut au mieux 175e à l'ATP, est un ami de Pablo Andujar. Agé comme lui de 29 ans, le Madrilène fut un grand espoir du tennis mondial chez les Juniors, puisqu'il fut n°3 mondial. Il se dit inquiet pour l'école de tennis "made in Spain". Selon lui, la Fédération qui a donné naissance à Rafael Nadal, David Ferrer, Albert Costa, et autres grands joueurs ne fait rien pour aider les nouvelles pousses.
Gagner sa vie, grâce ou malgré sa passion ?
En période de crise, les familles qui ne peuvent pas payer les entraînements de leur enfant sont tentés par les lucratives bourses proposées par les universités américaines. Les jeunes joueurs s'exilent Outre-Atlantique et reviennent trop tard pour espérer briller sur le circuit ATP.
"La Fédération n'aide pas les jeunes. Tous ces jeunes joueurs qui vont aux Etats-Unis, ça nous fait beaucoup de mal. C'est normal qu'un père qui ne peut pas financer si longtemps la passion de son fils cherche à lui obtenir une bourse aux Etats-Unis. Quand le jeune revient, il a 22 ans. C'est ce qu'ils font tous ! Si on regarde tous les joueurs qui sont passés par le groupe compétition de la Fédération depuis 5 ans, la majorité est partie là-bas, avec une bourse. Aux Etats-Unis, ils aident les jeunes. Imaginez combien ça peut coûter, un joueur de tennis, entre le matériel, les voyages, les entraînements et tout. Et ça pendant longtemps, et sans assurance de succès. Tout ce poids repose sur les épaules des familles. Quand j'étais n°3 mondial chez les Juniors, la Fédération me donnait 3000 euros", explique Guillermo Alcaide Justel comme le rapporte Punto De Break. Selon lui, si David Ferrer ou Guillermo Garcia-Lopez ont réussi à percer au plus haut niveau, c'est plutôt en dépit de leur Fédération, et non grâce à elle. "Quel est le rôle de la Fédération Espagnole dans leur réussite ? On leur a juste filé la licence que leur club a payée, et voilà. Si j'avais été Top 10, la Fédération espagnole n'aurait rien pu me réclamer, car elle ne m'a jamais aidé."
Une pension pour Federer, rien pour les "petits" joueurs
Si c'est si difficile de financer sa vie de jeune joueur professionnel, c'est aussi que les gains sur les tournois Futures et Challengers. Ils permettent souvent à peine de rentrer dans ses frais de voyage, matériel, et autres. Pour avoir une chance de gagner de l'argent sur ces circuits, il faut donc jouer à domicile. Or, rappelle le joueur, s'il y avait à la belle époque du tennis espagnol une quarantaine de tournois en Espagne, il n'y en a plus qu'une vingtaine. "On perd de l'argent plus qu'en en gagne quand on joue des Futures", se désole celui qui fut n°3 mondial chez les Juniors.
Il évoque ensuite les inégalités et injustices entre les joueurs "lambdas" et les stars de l'ATP, qui obtiennent des privilèges dont ils n'ont pas forcément besoin. "Si tu réussis à rejoindre les finales de 8 ou 9 tournois ATP pendant un certain laps de temps, l'ATP te donne une pension à vie. Roger Federer, qui a gagné presque 100 millions de dollars de gains et amassé 40 millions grâce à la publicité aura droit à une pension quand il partira en retraite. Iván Navarro, qui a été deux ans dans le top 100, et de très nombreuses années dans le Top 150, n'a rien eu du tout. A quoi sert cette pension pour les joueurs qui ont gagné tant et tant d'argent ? A rien du tout ! Les gars, un peu de générosité, ça serait bien pour le monde du tennis dans son ensemble !" L'ATP ne défendrait donc pas du tout les intérêts des joueurs... en tout cas, pas des joueurs de la base. "Et on ne peut rien faire ! On ne peut trouver 2000 péquins et dire "Bon, cette année, on ne joue pas Roland Garros." et faire la grève."